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Athletisme. Abdelkbir Jedi, de médaillé d'or à vendeur de charbon

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Champion des paralympiques en saut en longueur lors des derniers jeux de la Francophonie, Abdelkbir Jedi a été aperçu au cours de cette période de l'Aïd en train de vendre du charbon et des oignons au coin de la rue. Triste destin pour un champion qui a la malchance d'être tout simplement... né du mauvais côté de la Méditerranée.
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Voir un champion paralympique lors des jeux de la francophonie assis sur une chaise au coin de la rue vendant des oignons et du charbon, ça fait mal au coeur. Quand on sait qu'il n'a que 18 ans, on est tout simplement dégoûté du sport au Maroc, mais surtout de ses dirigeants qui font tout, sauf la part des choses. Les millions de dirhams dépensés dans le développement du football auraient pu servir dans la promotion d'autres sports, dans le versement des primes d'encouragement aux athlètes comme Abdelkbir Jedi. Futur champion, qui vit au dessous du seuil de la pauvreté, et qui n'hésite pas à aller au charbon, au vrai sens du terme, pour venir en aide à sa famille.

En montant sur la plus haute marche du podium à Abidjan, lors des jeux de la Francophonie 2017, l'adolescent croyait certainement que c'est le moment où il laissera la pauvreté et les durs moments loin derrière pour embrasser la gloire et un peu d'argent pour survivre. Mais il avait tout faux.

Les dirigeants qui lui ont fait croire ainsi qu'à la presse qu'une prime de 100.000 dirhams est reservée aux athlètes médaillés d'or lors des jeux de la Francophonie parleront de ses exploits comme le fruit de leur travail et leur "dévouement", toucheront l'argent des sponsors et penseront aux prochaines compétitions. Alors qu'à cet instant, à l'approche d'un jour qui est censé être jour de fête, un champion de 18 ans, vend du charbon et des oignons.

Le pire c'est que Jedi n'est pas le seul. Il a juste eu la chance d'être reconnu par un passant, qui l'a pris en photo pour la mettre sur les réseaux sociaux et tacler les dirigeants du sport et de l'athlétisme qui mourrait à petit feux et frise aujourd'hui l'agonie. Et pour se justifier, on pointe du doigt ceux qui changent de nationalité sportive alors qu'en réalité on n'a pas le droit. Notre nationalisme prend le dessus pour critiquer, mais au fond, qui changerait sa mère pour une autre mère adoptive si ce n'est pas parce que la première le maltraite? 

On vit dans un monde où nos athlètes touchent 1000 à 1500 dirhams par mois, seuls les plus connus ont la chance d'avoir des sponsors pour sortir de la pauvreté. Sinon, ils sont esclaves de la fédération, et attendent avec impatience le stage de préparation pour au moins... bien manger. Abdelkbir Jedi n'est peut-être "qu'un" champion des jeux de la Francophonie, mais à l'heure actuelle l'homme doit être considéré comme un héros pour ce qu'il est et pour ce qu'il fait pour sa famille. Si demain le Bahreïn lui propose de concourir sous son drapeau et qu'il accepte, personne n'aura le courage de lui en vouloir.

En tout cas on ne peut pas lui en vouloir et ne pas être limite haineux, envers les dirigeants de ce sport qui l'ont poussé à vendre du charbon et des oignons avant de prendre l'avion pour ne plus se retourner que pour prendre des nouvelles de ses parents.

Par Nassim Elkerf
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