Pour Olivier Niggli, le directeur de l’Agence mondiale antidopage (AMA), la lutte contre le dopage a «désespérément» besoin des lanceurs d’alerte, car les agences comme la sienne «ne peuvent pas tout faire». Un aveu d’impuissance exprimé dans les colonnes du portail français lemonde.fr du 9 mars.
Si l’AMA a lancé l’une des plus grosses opérations de «nettoyage» en 2016 visant la Russie, qui avait fait du dopage une politique sportive étatique, c’est grâce l’athlète Yulia Stepanova et son mari Vitaly, un ancien contrôleur de l’Agence russe antidopage. Suite à leurs témoignages, l’AMA a lancé le processus d’enquête qui a abouti à la suspension de la Fédération russe d’athlétisme de toute compétition internationale et à une vaste tentative de refonte de l’antidopage russe. Le couple vit désormais caché, aux États-Unis.
Mais lemonde.fr rappelle que pour encourager les lanceurs d’alerte à coopérer avec l’AMA et la justice, il est primordial que les gouvernements assurent leur sécurité par les forces de l’ordre avant leur exposition. Le quotidien donne l’exemple du coureur de 1 500 mètres russe Andreï Dmitriev. Ce dernier est apparu, en janvier, dans un documentaire de la chaîne allemande ARD pour révéler que des entraîneurs russes impliqués dans le scandale de dopage d’Etat continuaient à opérer. Par la suite, ce témoin clé a été abandonné sans protection et des menaces continuent à peser sur lui.
Mais, comble du surréalisme, un groupe de hackers baptisé les «Fancy Bears» avaient piraté les dossiers antidopage de nombreux athlètes. Ces documents ont été piratés dans la base de données de l’Agence mondiale antidopage, révélant alors l’utilisation de produits par des sportifs olympiques, non positifs, car couverts par des autorisations à usage thérapeutique. L’AMA et son directeur général, Olivier Niggli, ont directement accusé la Russie de ce piratage.