Les athlètes de Salazar "étaient des animaux de laboratoires" selon l'USADA

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Après avoir suspendu Alberto Salazar pour "incitation au dopage", l'agence américaine antidopage en dit plus sur le "système" organisé par le célèbre entraîneur.

Le 02/10/2019 à 17h32, mis à jour le 02/10/2019 à 17h49

Les athlètes de l'entraîneur suspendu Alberto Salazar, traités dans le cadre du projet d'entraînement de Nike, étaient "des animaux de laboratoires" qui ignoraient qu'on les dopait à leur insu, affirme le patron de l'agence antidopage américaine Travis Tygart.

"Vous devez comprendre, les athlètes n'avaient aucune idée de ce qu'on leur faisait, de ce qu'on leur donnait. Ils ignoraient les dosages, si c'était autorisé ou interdit", dit M. Tygart dans une interview diffusée mercredi par la chaîne allemande ZDF.

"Aucun athlète actuellement aux championnat du monde de Doha n'est concerné", assure toutefois le patron de l'USADA, l'agence antidopage américaine.

"On les envoyait juste chez le médecin, et on leur disait qu'ils devaient l'écouter, lui faire confiance", poursuit-t-il, interrogé après le scandale provoqué par la suspension de Salazar, responsable du Nike Oregon Project (NOP), un programme d'entraînement soutenu par la firme sportive.

La marque à la virgule, qui pèse 10 milliards de dollars de chiffre d'affaires, a apporté son soutien à Salazar, suspendu quatre ans par l'Usada pour "organisation et incitation à une conduite dopante interdite".

Interrogé sur la responsabilité de Nike, M. Tygart a été clair: "J'espère que Nike va prendre ça comme un "wake-up call" (un signal d'alarme). Ils n'ont plus le droit de trouver d'excuses, ils doivent admettre que des expériences ont été réalisées sur des athlètes en leur nom et dans leur centre d'entraînement, et que c'était simplement mauvais".

"Nike devrait soutenir ces sportifs, ajoute-t-il, les indemniser et montrer que cette pratique d'utiliser des athlètes comme des animaux de laboratoire était mauvaise, et ne doit plus jamais se répéter. Nike pourrait utiliser cela pour montrer (...) qu'ils soutiennent un sport vraiment propre".

L'entraîneur, mondialement connu, "n'a donné aucune chance à ses sportifs de refuser des médicaments ou des méthodes interdits que lui ou son médecin Jeffrey Brown leur prescrivait", continue M. Tygart.

"Alberto Salazar a fait des expériences avec la testostérone qui sont illégales", détaille ensuite M. Tygart: "Il a testé la testostérone sans prescription médicale sur ses propres fils, et il a considéré cela comme une expérience scientifique, dont il a fait un compte rendu. Il l'a fait en secret, pour voir s'il pouvait contourner les règles antidopage (...) Il voulait voir quelle quantité de crème de testostérone on pouvait mettre sur la peau d'une personne sans dépasser le seuil et déclencher un contrôle antidopage positif. Cela ressort d'e-mails entre Alberto Salazar, le docteur Brown et de hauts responsables du projet Nike".

La testostérone n'est pas le seul produit en cause, car Salazar a testé "encore d'autres produits dopants dangereux".

"Une sportive s'est même entendu dire qu'elle devait prendre des médicaments contre un myome (ndlr, tumeur bénigne de l'utérus) alors qu'elle n'avait pas de myome. Ils ont menti aux sportifs et poursuivi leurs expériences scientifiques sur eux dans le NOP", dit le patron de l'Usada.

Selon lui, 10 athlètes associés au NOP entre 2010 et 2014 se sont adressés spontanément à l'agence. "Les sportifs sont venus nous voir et nous ont dit "nous ne savons pas si c'est autorisé, pouvez-vous enquêter et vérifier?""

"Tous ont mis leurs données médicales à notre disposition. Nous avons découvert qu'elles étaient falsifiées, que de fausses informations avaient été ajoutées, après que nous les ayons officiellement demandées (...) Tout l'entourage du NOP a essayé de tout cacher, ce n'était ni transparent ni ouvert", conclut le gendarme américain de l'antidopage.

Par Le360 (avec AFP)
Le 02/10/2019 à 17h32, mis à jour le 02/10/2019 à 17h49