Rapports de la CAA: l’athlétisme marocain perd pied

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La Confédération africaine d’athlétisme vient de publier les rapports technique et d’activités pour l’année 2016. Un round-up d’une année de compétitions internationales. Le Maroc y figure comme un petit poucet. Le360 a eu accès à ces rapports accablants pour le sport national. Révélations.

Le 19/09/2017 à 10h02, mis à jour le 19/09/2017 à 10h48

Cross-country, championnats d’Afrique, meetings, championnats du monde en salle, Mondial U20, Mondial semi-marathon, Coupe du monde de marche et, bien sûr, les Jeux olympiques de Rio… Tout y passe dans le rapport de la Confédération africaine d’athlétisme (CAA).

Il en résulte que le nombre de participations des athlètes africains aux compétitions internationales  demeure stable. Ce qui a, par contre, connu une baisse substantielle, c’est le nombre de pays africains qui figurent dans le tableau final des médailles. Au Jeux olympiques de Rio, à peine 5 nations africaines sur 42 ont remporté des médailles (9 d’or, 13 d’argent et 6 de bronze) alors qu’aux JO précédents, 9 pays ont décroché des médailles. Il faut toutefois constater une grande percée africaine dans les sprints court et long, qui étaient la chasse gardée des Américains, Jamaïcains et autres. Les athlètes de la Côte d’Ivoire, du Botswana, d’Afrique du Sud ont occupé des places honorables dans les finales des 100 et 400 mètres aux JO. Le Sud-africain, Wayde Van Nieker, déjà champion du monde à Pékin, a réussi la gageure de battre le record olympique du 400 m détenu jusqu’ici par l’inoubliable Michael Johnson.

Face à cette montée en force de plusieurs pays africains, le Maroc a connu la plus mauvaise année dans sa longue histoire avec l’athlétisme, du moins depuis 1984. Aux JO 2016, c’est un zéro pointé en matière de médailles. Dans le classement par points, il occupe la 38e place avec 9 points grâce à la 4e place de Soufiane El Bakkali dans les 800 m et à la 5e place d’Abdelaali Iguider aux 1500. Dans ce classement limité aux 10 premiers finalistes ne figure pas Rabab Arafi qui est arrivée 12e au 1500m. C’est dire que sur les 20 athlètes qui ont participé à ces jeux, seuls 3 sont arrivés en finale. Maigre, très maigre, moisson.

Même sur le plan africain, l’athlétisme marocain est tombé de haut pour rétrograder en milieu de tableau. Lors  du championnat d’Afrique de la CAA (Durban, Afrique du Sud du 22 au 26 juin) le Maroc s’est classé 9e avec un total de 5 médailles. Il fut largement dépassé par des pays comme l’Afrique du Sud (1er avec 33 médailles, Kenya 2e avec 24, Nigeria 3e avec 16…). Quant au classement par points, le Maroc occupe la huitième place avec 62 pts, loin derrière l’Afrique du Sud (360 points), le Kenya (226pts) et le Nigeria (122 pts).

Dans les championnats d’Afrique de cross country (Yaoundé 12 mars) l’athlétisme marocain a encore sombré. Il est loin le temps où un certain Ben Assou El-Ghazi  ou encore plus récemment Khalid Sekkah, faisaient la pluie et le beau temps au niveau mondial. Dans cette compétition, le Maroc a participé avec 12 athlètes hommes, mais pas une seule femme n’est entrée en lice. Le tout, pour récolter zéro médaille.

Face à ces résultats catastrophiques, la Fédération royale marocaine d’athlétisme (FRMA), présidée par Abdeslam Ahizoune, s’est permise le luxe de «zapper» des meetings internationaux qui se sont déroulés en Afrique (Maurice, Sénégal). Pis encore, la FRMA n’a pas daigné envoyer des athlètes aux championnats du monde du semi-marathon (Cardiff, 26 mars) et à la Coupe du monde de marche (Rome 2016).

Il faut dire que même quand elle dépêche des sportifs, ceux-ci rentrent bredouille.  C’était le cas dans les Championnats du monde en salle (17-20 mars à Portland). Seuls 4 athlètes ont d’ailleurs participé à cette compétition (2 hommes et 2 femmes). Bilan: zéro médaille et 26e position au classement  par points.

Autre compétition, autres déceptions: on reste au-dessous du lot dans la catégorie des jeunes aux Championnats du monde U20 (Bydgoszcz). Seuls 7 athlètes (aucune femme) ont concouru pour récolter une petite médaille de bronze et occuper la 38e place. Ceci, alors qu’il y a eu de grandes révélations dans cette compétition avec le Botswana, le Ghana, la Côte d’Ivoire et autres. Seul le Maroc reste à la traîne dans l’émergence de jeunes talents qui a commencé à donner ses fruits pour beaucoup de pays africains.

On ne sait pas si le président de la FRMA a eu le temps de lire les rapports de la Confédération africaine d’athlétisme. Mais l’état de santé actuel de notre athlétisme n’augure rien de bon pour les années à venir.

Notons qu’Abdeslam Ahizoune est vice-président de la CAA mais que, comme par hasard, son nom ne figure nulle part dans ces deux rapports. Par contre, les noms du directeur technique de la CAA, Aziz Daouda, de l’expert de l’IAAF, Abdemaleck El Ebil et de l’ancien DTN de la FRMA, Ahmed Ettannani, sciemment mis à l’écart par la Fédération marocaine, sont souvent cités. C’est dire.

Le 19/09/2017 à 10h02, mis à jour le 19/09/2017 à 10h48