Coronavirus : la filière des entreprises du sport touchée de plein fouet

Un magasin d'articles de sport le 8 octobre 2019 à Paris.

Un magasin d'articles de sport le 8 octobre 2019 à Paris.. AFP

Du commerce d'équipements de course à pied ou de cyclisme aux salles de fitness, les entreprises de la filière française du sport s'attendent à payer un lourd tribut à la pandémie de coronavirus et espèrent un redémarrage rapide de leurs activités.

Le 01/04/2020 à 11h03

Le Five, l'un des leaders de la location de terrains de foot à 5 et de padel, devait inaugurer cette semaine un nouveau centre à Paris. Son fondateur, Joseph Vieville, aime revendiquer une ouverture "sept jours sur sept, 365 jours par an depuis qu'on existe en 2008". Mais depuis le 15 mars, "pour la première fois, notre activité, ce qui nous nourrit, est en sommeil", constate, un peu désemparé, le chef d'entreprise.

"80% de notre activité est facturée le jour J, notre trésorerie dépend uniquement des jours d'ouverture", poursuit Joseph Vieville, qui a mis en place "un plan de survie": chômage partiel pour l'ensemble des 250 salariés, recours à l'emprunt et négociations auprès des bailleurs, car le Five, qui gère 40 sites en France, n'est pas propriétaire de ses terrains. "C'est de loin la plus grave crise que l'on ait connue", résume-t-il à l'AFP.

Selon une étude publiée mercredi par l'Union sport et cycle, qui représente le secteur, les entreprises du sport s'attendent à une perte de chiffre d'affaires de 3,1 milliards d'euros au 1er semestre 2020, soit une baisse de 36% par rapport à 2019, en tablant sur un scenario de fermeture jusqu'à fin avril.

Printemps gâché 

D'après l'organisation, qui a obtenu des réponses de 900 entreprises, "98%" d'entre elles prévoient un recul de chiffre d'affaires, de l'ordre de plus de 30% dans les deux tiers des cas. Mais 26% des vendeurs d'articles de sport, 34% des industriels et 14% des entreprises de loisirs marchands (salles de fitness, d'escalade) tablent sur un recul supérieur à 50% sur la période visée.

"Avec le retour des beaux jours, le printemps est une période essentielle pour la consommation des pratiques sportives et des produits. C'est un coup d'arrêt brutal", a déclaré à l'AFP le délégué général de l'Union sport et cycle, Virgile Caillet.

Deux secteurs sont plus impactés, "le commerce et les loisirs marchands, qui passent à zero activité. Ce sont souvent des structures légères, peu de salariés et pas beaucoup de trésorerie, donc on est face à des acteurs qui ne vont pas pouvoir tenir très longtemps", explique-t-il.

Fondé en 1875, le fabricant de cordages et d'équipements de sports de raquette Babolat, n'en est pas à revoir ses projets de développement, selon son directeur de la communication, Nicolas Benadon. Mais même s'il ne peut pas le chiffrer précisément, il s'attend à un "impact énorme sur le chiffre d'affaires des mois de mars, avril, mai".

Redonner une dynamique 

L'entreprise familiale, 350 salariés dont 200 en France, et 80% de son chiffre d'affaires réalisé à l'international, a été impactée depuis janvier au niveau de ses approvisionnements en provenance de Chine, puis ce sont désormais ses trois sites de production en France qui sont à l'arrêt. "On a des produits en stock, mais de toute façon les magasins et les clubs sont fermés, donc produits disponibles ou pas, il n'y a pas grand monde pour les acheter", décrit Nicolas Benadon. "Pour nous, la perspective c'est d'être prêts au moment du redémarrage".

Selon Virgile Caillet, "aucun secteur ne tire son épingle du jeu", la vente en ligne étant confrontée à de "grosses problématiques d'approvisionnement, de gestion des effectifs et de livraison".

"Le gouvernement a été très réactif sur le temps de l'urgence", souligne-t-il, en saluant les dispositifs pour faciliter les crédits de trésorerie, le chômage partiel et les "décalages de taxes".

"A la sortie, il va aussi falloir redonner une dynamique dans un contexte de dégradation du pouvoir d'achat et des entreprises qui seront probablemet exsangues en matière de trésorerie", espère-t-il aussi.

D'après l'Union sport et cycle, qui revendique 1.400 entreprises adhérentes, la crise aura un "impact inévitable pour le mouvement sportif": 60% des entreprises qui soutiennent un club, notamment via le sponsoring, "nous indiquent qu'elles ne seront probablement pas en capacité de maintenir ce soutien à la rentrée, 27% continueront mais déclarent vouloir diminuer leur soutien" et "seules 14% vont continuer normalement", énumère l'étude.

Par Le360 (avec AFP)
Le 01/04/2020 à 11h03