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Botola D1. Ces lois fantasmagoriques de la FRMF

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Dans le cadre de l’accompagnement des clubs dans leur processus de mise à niveau pour qu'ils se transforment en SA, la Fédération royale marocaine a promulgué des lois, qui restent inapplicables pour des raisons objectives et subjectives.
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Dépit, dégoût, désespoir et surtout beaucoup de colère, ce sont les sentiments de plusieurs milliers de Marocains envers le football national. Il suffit de penser que l’équipe nationale n’a plus joueé le moindre mondial depuis 1998, et qu’entre 2004 et 2017, les Lions de l’Atlas n’ont pas dépassé les phases de poules qu’à deux reprises. Quant aux clubs, le bilan sur les 10 dernières années est tout aussi catastrophique (dernière ligue des champions remportée en 1999).

Pour revenir au sommet du continent, la FRMF a régi des lois, et a su diligenter des missions de diagnostic financier, juridique et organisationnel auprès des clubs de Botola 1.

Le but est de mettre à niveau les clubs, pour que la loi 30-09 (ndlr passage à la société anonyme) soit enfin applicable. Ainsi, la fédération a instauré un cahier des charges, qui devait être normalement respecté, et ce depuis la première saison du  «professionnalisme», 2011-2012. Plus de 5 saisons après, tous les clubs sont endettés, à l’exception de quelques uns qu'on compter sur les doigts d’une main. En faisant une lecture rapide du cahier des charges, on retient que toutes les équipes doivent avoir un budget estimé à 9 millions de dirhams minimum.

Fantasmatique. Plusieurs clubs on fait l’ascenseur entre la D2 et la D1, avec des stades chaotiques et des finances dans le rouge. On pense à la Jeunesse de Kasba Tadla, qui faisait son mercato à base de prêts de joueurs. Ou encore au KAC, club mythique qui aujourd’hui, a du mal à verser les salaires des joueurs. Pour y remédier, la FRMF a appliqué les nouveaux statuts des joueurs afin que ces derniers puissent exiger leurs droits.

La même fédération a interdit aux clubs endettés de recruter avant le début de saison (2016-2017). Fantasmatique. Surendetté, un club comme le Raja a pu conclure plusieurs recrutements, pour finalement terminer 3e du championnat, avec des joueurs qui ont fait grève toute la saison à cause des primes et salaires impayés. Et ce n'est pas cette saison qui va tout changer,. A l'heure actuelle, le club a déjà officialisé les arrivées de plusieurs joueurs.

Comment croire que de tels textes puissent être appliqués à l’époque où quelques transferts se font toujours avec des chèques et garanties de particuliers? Comment s’assurer de la transparence qu’exige le cahier des charges, quand un club champion du Maroc ne tient son assemblée générale qu’à l’aube de la seconde partie de la saison ?

Contactées par le360sport, des sources au sein de la FRMF estiment que «c’est une approche pédagogique » pour ne pas brusquer les clubs. En attendant, ces derniers continuent de s’endetter, et l’exemple du Raja qui dévoile 233 millions de dirhams de dettes cumulées fait froid dans le dos. On imagine mal la situation du reste des clubs, qui font main basse sur les rapports financiers, qui ont un circuit fermé menant uniquement à la FRMF.

Quand on contacte les clubs, les réponses sont quasi unanimes. «Le passage en société anonyme se fera, mais pas dans les plus brefs délais.» Alors que les clubs de l’élite sont censés accélérer le processus pour être prêts avant le début de saison 2017-2018, la fédération ferme l’œil et les clubs lèvent le pied. Les seuls clubs qui ont tenu des conférences ou réunions officielles pour en parler sont le HUSA, le FUS, le WAC et le Raja. Mais en sont-ils capables ? De leur part, la réponse est ferme, et c'est un "non" catégorique pour le moment.

L’article 15 de la loi 30-09 dispose que «toute association sportive dont plus de 50% des licenciés majeurs sont professionnels, qui génère à l’association au cours de 3 saisons consécutives une recette et une masse salariale fixées par voie règlementaire doit basculer en société sportive».

À partir de ce seuil, les clubs disposent d’un an pour passer en société sportive. Dans le cas contraire, l’équipe qui ne remplit pas les critères, doit être exclue des compétitions. Or, actuellement, les clubs sont incapables de dégager des bénéfices conséquents qui leur permettraient de se transformer en S.A.

Tout cela s’ajoute à la déferlante des lois qui font couler les clubs. Celle des joueurs étrangers à titre d’exemple, qui exige que la recrue dispose d’au moins 10 matchs internationaux. Aujourd’hui, revue, elle exclut les joueurs européens et américains, pour rester applicable pour les professionnels venus d’Afrique. Jolie manière de mettre le continent en valeur.

Le point communs entre ces lois qui arrivent en vrac et dans un espace temps très réduit, c’est qu’elles demeurent inapplicables compte tenu des situations des clubs. Financières, mais surtout mentales. À l’heure où le «Moul Chekkara» (un président fortuné) est toujours considéré comme le sauveur par les supporters des équipes, comment est-ce que les clubs peuvent casser ce cycle?

Ces décisions resteront fantasmatiques, tant que les clubs ne s’ouvriront pas à l’idée de «l’adhésion pour tous». Aujourd’hui, les équipes restent toujours dans le même cercle de dirigeants ou d’adhérents. Les idées s’essoufflent, et deviennent incompatibles avec les exigences actuelles du monde du football. D’un autre côté, si les dirigeants acceptent de rendre l’adhésion accessible en baissant ses prix, la masse aura finalement son mot à dire.

Vu que les supporters ont leur mot à dire, il vaudrait mieux qu’ils disposent d’un poids juridique, pour mieux se faire entendre, et ainsi voir enfin des nouveaux visages à la tête des clubs, avec des idées rénovatrices. Et là, peut-être que nos clubs intéresseraient les investisseurs qui n’auront pas peur d’y mettre leur argent. Car tout peut aller très vite. La preuve, il y a quelques années, on donnait le Raja comme modèle capable de servir de vaisseau amiral aux autres clubs du championnat. Actuellement, à cause de la mauvaise gouvernance, le club vit la pire crise financière de son histoire.

Aujourd’hui, tout est entre les mains de la FRMF, de la LNFP et surtout des clubs qui doivent se montrer un minimum appliqués, pour mettre au monde ce projet de loi qui promet d’être révolutionnaire, mais qui est aujourd’hui dans l’impasse.

Par Nassim Elkerf
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