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Botola D1. Ruptures de contrats: quand les clubs se transforment en monstres

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Plusieurs joueurs ont été libérés par leurs clubs cet été, souvent avant l'expiration de leurs contrats. Pis encore, en échange de leur liberté, quelques formations exigent à ces joueurs de renoncer à leurs dus. De l'esclavagisme, version Botola 2017 !
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Personne n’est au-dessus de la loi. Les clubs le savent, les joueurs aussi. Mais se font souvent piéger dans leurs contrats, aveuglés par les montants à 5 et 6 chiffres. Lors de ce mercato estival, la nouvelle mode des clubs est donc de reléguer certains joueurs aux équipes espoirs, voire, dans certains cas, les forcer à des entraînements individuels, à des heures impossibles pour les forcer à rompre leur contrat en renonçant à leurs dus.

Pis encore, ces joueurs n’ont pas le droit de parler à la presse pour dénoncer ces pratiques peu catholiques. Si quelqu’un ose parler en public, il risque des sanctions et des amendes au motif ahurissant. Comme par exemple l'accusation courante de “nuire au travail du groupe”, ou celle du “manque de respect au club”. Cet été, trois cas ont marqué le marché des transferts.

Celui du jeune Hamza Moussadak, formé au Raja et dont le parcours s'est mal terminé au DHJ. Mais voilà que quelques saisons après, et un prêt à la JSKT, le joueur est devenu indésirable, mais pas question pour le Difâa de rompre son contrat, et devoir lui payer des dédommagements. Alors, quelques dirigeants le rétrogradent en équipe espoir en le privant des avantages que peuvent avoir les autres joueurs, l’appartement à titre d’exemple.

Une liberté qui coûte cher 
Abderrahim Achchakir et Mehdi Naghmi, les anciens capitaines de l’AS FAR, ont également payé leur “liberté” très cher. Victimes de l’ingratitude de leurs dirigeants, ils ont été forcés à s’entraîner tout seuls dans certains cas. Le pire est que ces mêmes dirigeants font bouger leurs pions sur les réseaux sociaux pour faire circuler de fausses informations.

Contactés par le360sport, les deux joueurs ne souhaitent pas communiquer en public, inquiets de la réaction des dirigeants, qui ne veulent qu’une chose, pousser à bout deux anciens cadres qui ne plaisent plus à El Amri, pour qu’ils renoncent à leurs droits. Achchakir a vite rebondi au Raja le soir même, en déclarant avoir réalisé son rêve de jeunesse, sauf que ce rêve avait un prix et il est estimé à plus de 1.5 million de dirhams. Une somme composée d’impayés, dédommagements et primes auxquels il a dû renoncer, pour être enfin libre de tout engagement et pouvoir signer ailleurs.

Plus la fin du mercato approche, plus les joueurs sont sous pression, obligés d’accepter les conditions des dirigeants dictatoriaux, pour pouvoir rebondir ailleurs et avoir de quoi vivre, car nos professionnels dépendent encore de leurs salaires en club (s’ils les perçoivent).

Confisquer les passeports des joueurs 
Dans le même registre, des clubs font une toute autre sorte de pression. Pour forcer la main aux joueurs afin de renouveler leur contrat. Le cas de Fabrice Ondama avec le WAC en dit long sur la mentalité de nos dirigeants. Le président du WAC est allé jusqu'à confisquer les clefs de la voiture du joueur (certainement offerte par le club) pour le forcer à négocier un nouveau contrat. Finalement, c’est le Congolais qui a eu raison en filant au Club Africain, en tant que joueur libre.


Lire aussi: WAC. Naciri à Ondama: "Pas de prolongation de contrat, pas de voiture"



L’incident qui avait accompagné la délégation du Wydad en Égypte après la défaite face à Al Ahly en Ligue des Champions est aussi une preuve que les dirigeants des clubs peuvent aller très loin pour forcer la main de leurs joueurs. William Jebor avait fait un scandale à l’hôtel pour récupérer son passeport, confisqué, alors qu’il avait joué l’un de ses tout derniers matchs sous le maillot rouge, avant de filer à l’anglaise en empochant 100.000 dirhams.


Lire aussi: Wydad: comment Jebor a leurré Saïd Naciri



Certains joueurs ont finalement raison de fuir, vu comment ils sont traités. Il suffit de voir l’état du groupe du Raja, où certains joueurs attendent toujours de recevoir leurs virements. Le football marocain n’a pas besoin de tels scandales. Au contraire, à en croire Yahya Saïdi, un chercheur spécialiste dans le monde du sport, “les joueurs ont également une grande part de responsabilité, car ils ne connaissent pas leurs droits, et signent pour n’importe quoi, tant que le salaire passe à temps”. Désolant, alors qu’on est à l’aube de la saison 2017-2018.

Par Nassim Elkerf
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