CAN 2017. Racisme: l’autre compétition abjecte qui se joue sur les réseaux sociaux

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Kiosque360. Alors que les sélections du Maghreb croisent le fer avec celles de l’Afrique subsahariennes sur les pelouses, les supporters, algériens surtout, donnent libre cours aux insultes et aux qualificatifs les plus abjects pour décrire les joueurs africains

Le 24/01/2017 à 19h49, mis à jour le 24/01/2017 à 19h53

Des «Singes», des «babouins», des «Zimbaboins», des équipes «composées à moitié de joueurs séropositifs» et de «ramasseurs de coton»... Voici le florilège d’insultes proférées sur les réseaux sociaux par des Maghrébins à l’encontre des joueurs des sélections subsahariennes, relevé par le portail SoFoot dans un article daté du 23 janvier.

Et ce n’est pas un phénomène nouveau selon SoFoot qui rappelle la victoire du Burkina Faso sur l’Algérie (3-2), lors des qualifications à la phase finale de la Coupe du monde 2014. À l’époque, les supporters algériens avaient qualifié les joueurs burkinabés de «nègres» et de «mangeurs de bananes», avant d’accuser l’arbitre Janny Sikazwe d’avoir obtenu son diplôme «dans un mafé», ou d’avoir «gagné un sac de riz» pour laisser le Burkina s’imposer.

Pour comprendre l’origine de ce racisme des Maghrébins envers les subsahariens, le chercheur à l’IRIS et spécialiste des pays du Maghreb, Kader Abderrahim, évoque le ressentiment entre les deux populations qui s’est construit pendant la période coloniale. «À chaque soulèvement populaire, l’administration française allait chercher les tirailleurs d’autres pays africains, réputés plus dociles, pour réprimer les contestations. Dès lors, la figure du noir s’est progressivement confondue à celle du soutien au colonialisme, et cette mémoire s’est transmise à travers le temps».

SoFoot a également interpelé certains auteurs des tweets racistes sur leurs motivations.

Les réponses ont varié entre excuses et dénégations. Voici ce que l’un d’entre eux, originaire de Bejaïa, raconte : «J’ai posté durant le match Algérie-Zimbabwe. L’Algérie perdait 2 à 0. Nous avons une certaine fierté, nous les Algériens et j’ai mis ce tweet en étant énervé.»

C’est le cas également de Leïla. Âgée de dix-sept ans, jeune femme qui habite à Neuilly-Plaisance soutient l’Algérie, dont un de ses parents est originaire. «Oh shit c’était pas prévu qu’on se fasse taper par des singes», a-t-elle lâché à l’occasion du match contre le Zimbabwe. Elle déclare à SoFoot : «Oui, j’ai des regrets. Je ne pense pas du tout que les noirs sont des singes. Je ne sais pas pourquoi j’ai dit ça, d’autant plus que j’ai moi-même des origines sénégalaises.».

Par Faycal Ismaili
Le 24/01/2017 à 19h49, mis à jour le 24/01/2017 à 19h53