Ce qui se passe au sein de la CAF, depuis son congrès de Skhirat et le changement du format de la CAN, est tout simplement absurde, puéril et insensé. On sait que l’ex-président Issa Hayatou a sévi comme un dictateur sur l’instance africaine de football durant près de 30 ans. Comme tout autocrate, il a outrepassé tous ses pouvoirs et tous les règlements en fonction de ses humeurs et intérêts.
L’homme qui a été nommé à la tête de la CAF, grâce à un coup de main du Maroc en 1988, a endossé les habits de son titre de «prince» de Garoua pour faire la pluie et le beau temps. Il s’est cru indétrônable et a commencé à tirer sur tous ses pairs, ceux-là mêmes qui l’ont élevé à son poste de président. Il a ainsi sanctionné lourdement le Maroc quand ce dernier a demandé le report de la CAN pour cause de l’épidémie d’Ebola: suspension de la CAN 2017 et 2019 ainsi que 10 millions de dollars d’amende. Heureusement qu’il sera, par la suite, débouté par le Tribunal arbitral du sport (TAS).
En janvier 2017, la CAF de Hayatou a retiré à Madagascar l’organisation de la CAN des U 17. Le Malgache, Ahmad Ahmad, n’a jamais digéré cette humiliation. Il lui en a tellement voulu qu’il s’est présenté à la présidence de la CAF et a réussi à le détrôner avec l’aide de la FIFA, dit-on, et le soutien dûment logique de Lekjaa.
Une nouvelle ère a commencé. Dixit Ahmad Ahmad et Fouzi Lekjaa. Mon œil ! A peine installé, le nouveau président de la CAF a usé de l’artillerie lourde d’un congrès pour viser directement de Cameroun de Issa Hayatou. La revanche par le changement du règlement de la CAN s’est faite, illico presto: le format de la CAN passe de 16 à 24 équipes. Tout de suite !!!
Comme ça. D’un trait de plume on a imposé au Cameroun qui se préparait pour l’organisation de la CAN 2019 à 16 équipes de passer à 24. Et comme par hasard on savait que ce pays avait cumulé des retards dans les travaux de certains stades. Ce qui suppose que la décision de la CAF a été prise pour mettre les bâtons dans les roues du Cameroun et lui retirer ainsi l’organisation de la CAN.
D’abord, l’instance africaine est dans l’illégalité totale car la Cameroun a présenté sa candidature pour une compétition à 16 équipes et non pas 24. Le cahier de charges faisant foi. A preuve, quand la FIFA a décidé d’instaurer le nouveau format du Mondial (48 au lieu de 32), elle ne l’a pas imposé à la Russie (Mondial 2018) ni au Qatar (Mondial 2022). Elle l’a différé jusqu’à l’an 2026 dont le Mondial n’est pas encore attribué jusqu’au jour d’aujourd’hui. Il en est de même pour l’UEFA quand l’Euro est passé de 16 à 24 équipes.
Normal donc que les Camerounais crient au complot et dénoncent cette injustice criante. Ce qui est encore plus grave, c’est que le Maroc, par le biais de Lekjaa et compagnie, y est indirectement mais fortement impliqué. A force de répéter que le Maroc se tient prêt pour organiser la CAN 2019, la FRMF s’est fait des ennemis… africains et en premier lieu le pays de Paul Biya. Ce dernier est monté au créneau et a soufflé au président de la FECAFOOT d’accuser le Maroc et Ahmad Ahmad de manœuvrer en coulisses pour retirer au Cameroun l’organisation de la CAN 2019.
Fouzi Lekjaa s’est mis dans un pétrin inextricable. Pour quelqu’un qui a signé des dizaines de partenariats avec les fédérations africaines, c’est le comble de l’insouciance de s’exposer ainsi. D’abord, cette attitude va à l’encontre du retour du Maroc à l’Union Africaine et sa nouvelle approche de la politique africaine. Ensuite notre pays est candidat à l’organisation du Mondial 2026 et il a besoin des voix de toutes les fédérations africaines. Et elles sont 54 sur les 211 associations affiliées à la FIFA.