Africains, Indignez-vous!

Les petites nations sont-elles prédestinées à ne jamais briller à la Coupe du Monde, un événement censé être universel? Le Maroc a été éliminé du Mondial russe malgré des bonnes performances contre les cadors du groupe B, le Portugal et l'Espagne. Les Lions de l’Atlas auraient pu espérer mieux si les arbitres, et le système d'assistance vidéo (VAR) ne les avaient pas mis en cages.

Complexe d'infériorité

Une faute de Pepe sur Boutaïb lors de l’ouverture du score portugaise, deux penalties non-sifflés lors de ce même match, un autre contre l’Espagne, un carton rouge non-octroyé à Gerard Piqué… Un corner tiré du mauvais côté, son action qui n’a pas été suivie par l’arbitre, lequel n’a pourtant pas demandé à le rejouer! Le Maroc n’a pas été épargné par le très contestable arbitrage de messieurs Geiger et Irmatov. Mais ces arbitres incompétents ne sont pas les seuls fautifs.

Les Lions de l'Atlas ont manqué de véhémence. Ils ont subi en silence et n’ont pas contesté lorsqu’il le fallait. Ils ont eu la naïveté de ne pas notifier que le corner gagnant de la Roja était tiré du mauvais côté. En sport, le vice est parfois utile pour parvenir à ses fins. En tout cas les Mascherano Ramos ou autre Ronaldo savent s'en servir au besoin. Observez bien le langage corporel de ces joueurs chevronnés à la moindre faute non sifflée. Tout de suite les bras se lèvent, les cris sortent, la pression s'accentue. Et l'arbitre capitule. Chez les mondialistes marocains, les protestations ont été trop polies pour être prises en considération. Renard et son staff ont-ils même posé des réserves sur les feuilles de match?

Le silence des agneaux

L’attitude de la fédération royale marocaine de football surprend elle aussi! L'instance dirigée par Fouzi Lekjaa n’a pas réagi à ce qui est une injustice. Pas de communiqué sur le site officiel, silence du président pourtant présent au pays des Tsars… Rien du tout. Un peu comme dans la course au Mondial 2026. Comme si subir la loi des puissants était devenu une obligation. On courbe l'échine, on sourit gentiment. Et tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes?

La CAF, qui soutient habituellement les sélections africaines, est également restée passive. Ahmad Ahmad, le président de la Confédération, est un grand défenseur des causes continentales. Il est également membre du comité exécutif de la FIFA. Mais lui aussi est aphone, et invisible en Russie.

Ces hauts dirigeants du football africain sont censés défendre ses intérêts. En principe. Et alors que des injustices flagrantes pleuvent sur les sélections du Maroc et plus récemment du Nigéria dans le traitement inéquitable de leurs performances sportives, ces même dirigeants sont aux abonnés absents. Cette résignation n’est pas acceptable et ne rend pas service au football. Les dirigeants de la CAF ne peuvent pas nier que les décisions arbitrales ont été impartiales envers les Africains dans cette Coupe du Monde. Nous voyons, ils savent, mais se taisent. Et qui ne dit mot consent!

Les matchs ne seront pas rejoués et les points ne seront pas redistribués. Mais Lekjaa et Ahmad doivent faire leur job et marquer le coup par une action retentissante. Pour l'honneur de leur fonction et la reconnaissance du travail des joueurs sur le terrain. Pour le public marocain formidable qui s’est déplacé en Russie. Pour un peuple qui a regardé impuissant et révolté la mise à l’écart systématique des “petits“ et le coup de pouce déterminant aux “grands“. Pour tout un continent et pour que le football garde son attrait. Il faut initier une action à forte charge symbolique.  C'est le minimum requis. Au lieu de nous servir ce mutisme complaisant.

Par le passé, une sélection africaine a fait plier la FIFA. Le Sénégal a fait rejouer son match contre ll'Afrique du Sud (éliminatoires de la Coupe du Monde 2018). C’était la première fois qu’une rencontre de qualification au tournoi mondial se rejouait. La fédération sénégalaise a déposé plainte auprès de la FIFA pour deux erreurs scandaleuses de l’arbitre et s'est finalement qualifiée pour la Coupe du Monde. Mais c'était en Afrique, loin de la Suisse, loin de la Russie...