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Bouyahiaoui–Zaki / Zaki–Bouyahiaoui

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On dit que c’est à cause de ces fameux et interminables échanges Bouyahiaoui–Zaki / Zaki–Bouyahiaoui que la FIFA, exacerbée, a fini par changer les règles du jeu…
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Revoir un match de football, c’est comme retrouver un ami après une très longue absence. On voit tout de suite qu’il a pris des rides, et qu’il ne va pas très bien. On en vient même à se demander si c’était une bonne idée de le revoir…

Le confinement m’a poussé à revoir des bouts de match de notre fameux Mondial 86. L’équipe de «Faria ou Wlidatou», comme on les appelait affectueusement. Quelle déception!

Avec le regard d’aujourd’hui, c’est tout le football mondial pratiqué en 1986 qui a pris un sacré coup de vieux. Jeu latéral, lent, passes en retrait au gardien, deux changements seulement par match, pas de VAR, antijeu caractérisé et très peu sanctionné, dégagements à l’emporte-pièce, simulations, pertes de temps…

Et je ne parle même pas des shorts trop courts ou flottants, des maillots bariolés, et de ces chaussettes qui tombent, tombent, et laissent pousser les protège-tibias: une catastrophe!

Et que dire de ces retransmissions de piètre qualité, avec l’image qui saute, le son plein de friture, le replay hasardeux, la quasi-absence de gros plan, les couleurs délavées comme un vulgaire tissu passé à l’eau de Javel…
Quelle torture!

Mais, à l’époque des faits, c’était magique. Parce qu’il y avait l’émotion, il y avait l’histoire qui s’écrivait devant nous.

Je me rappelle par exemple du premier match de l’équipe du Maroc. C’était face à la Pologne. Score final: 0-0. Dans ma rue, nous étions tous sortis pour fêter ce nul comme une victoire. Nous criions «Aziz, Aziz». Aziz, c’est Bouderbala. Il avait fait un grand match ce jour-là.

On disait à l’époque que Aziz Bouderbala n’avait pas rejoint le Mexique en avion, mais qu’il était parti en dribbles de Casablanca à Guadalajara!
A l’époque, je lisais France-football et l’hebdomadaire avait donné une note de 7 ou 8 (sur 20) pour ce Maroc–Pologne, qu’ils avaient qualifié de «mauvais, très mauvais match». Je me suis bien sûr indigné: «Quels racistes, ces journalistes parisiens!».

Ils avaient pourtant raison! Match terne, sans rythme et sans occasions réelles de but, entre une équipe de Pologne éteinte malgré la présence d’une star nommée Boniek, et une équipe du Maroc qui avait choisi de garer le bus devant la cage de Baddou Zaki.

Le deuxième match de nos Lions était à peine meilleur. Maroc–Angleterre, là encore 0-0. Même si les Anglais perdent leur milieu de terrain Wilkins (constamment harcelé par le grand Abdelmajid Dolmy qui l’avait bien «cuisiné» ce jour-là), et finalement exclu avant la mi-temps, le Maroc refuse de jouer et vise le nul, rien d’autre. Alors qu’il joue plus de la moitié du temps en supériorité numérique.

Quel match de géants, pensions-nous. Quel non-match, titrait la presse internationale, qui ne comprenait pas la frilosité exagérée de «Faria Ou Wlidatou»!

Arrive l’apothéose: le fameux Maroc–Portugal, conclu sur une victoire des Lions (3-1) et une qualification historique au 2e tour. Un beau match, vraiment, objectivement. Mais il faut dire, avec le recul, que toutes les étoiles étaient alignées et que les dieux du football étaient de notre côté.

Qu’on en juge. Le Portugal aligne son deuxième gardien, le vieux Damas (presque 40 ans à l’époque), qui n’est pas très sûr. Abderrazak Khaïri, qui plante deux buts (dont le 2e sur une demi-volée venue d’ailleurs, l’un des plus beaux buts de ce Mexico 86), alors qu’il n’avait jamais marqué en sélection. Un miracle! Sans oublier qu’El Byaz s’en sort sans carton, malgré ses nombreuses fautes et tirages de maillot. Et que Paolo Futre, la star portugaise, ne bénéficie pas de pénalty sur une ou deux fautes évidentes à l’intérieur de la surface…

Quant à la fête de l’après-match, rappelez-vous ou, pour les plus jeunes, demandez à vos grands frères, à vos pères…

Pour nous, c’est comme si le Mondial s’était terminé ce soir-là. Il aurait dû d’ailleurs, parce que le match suivant, un 8e de finale face à l’Allemagne de l’Ouest (RFA), était juste horrible. Privés de leur meilleur défenseur, El Byaz, et clairement émoussés, les Marocains jouent la montre. Ils visent le 0-0 avec l’espoir de se qualifier aux penalties.

Mais la baraka a des limites. Les Lions s’inclinent sur un coup-franc de Matthäus en fin de match. Défaite logique, match raté, le scénario rappelle celui de la demi-finale de la CAN (Coupe d’Afrique des Nations) perdue quelque mois plus tôt au Caire, face à l’Egypte, toujours sur un coup franc à quelques minutes du terme.

Mais qu’à cela ne tienne! On pouvait toujours bomber le torse, en se disant plus tard que les Allemands vont en finale, stoppés seulement par l’Argentine de Maradona…

Le confinement m’a plongé dans ces souvenirs et ces images inoubliables. Ce qui est beau, justement, c’est le souvenir, rien que le souvenir. Pour ce qui est de la réalité du jeu, et avec le regard d’aujourd’hui, le Maroc a joué un match sur quatre (il a très bien défendu, en groupe, le reste du temps, ce qui n’est pas rien).

Et le valeureux Noureddine Bouyahiaoui, notre capitaine et défenseur central à l’allure de catcheur, a probablement battu, en ce Mexico 86, le record de passes en retrait pour son gardien.

On dit d’ailleurs que c’est à cause de ces fameux et interminables échanges Bouyahiaoui – Zaki / Zaki – Bouyahiaoui que la FIFA, exacerbée, a fini, quelques années plus tard, par changer les règles du jeu pour interdire aux gardiens de prendre de la main les passes en retrait de leurs défenseurs…

Mais c’est une blague, hein!

Par Footix marocain
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2 commentaires /

  • bouchareb
    Le 06 Apr. 2020 à 12h10
    des gloires .
  • braver
    Le 06 Apr. 2020 à 10h50
    non il y eu pire encore, le match egypt ecosse avec le fameux Shoubir gardien egyptien qui a dégoutté le fout au sélectionneur écossais......
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