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CHAN 2018. La revanche des "petits pays du football"

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Le championnat d'Afrique des nations est une belle nouvelle pour le continent. Dans le cadre du développement du football en Afrique, la FIFA a pris sous son aile le CHAN, cette coupe d'Afrique des joueurs locaux qui permet aux talents africains de s'exprimer tous les deux ans. Et pour l'instant, c'est la gloire aux plus petits.
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Le CHAN a pour but de promouvoir les talents cachés dans les différents championnats africains. La 5e édition du championnat d'Afrique des nations qui se déroule au Maroc accueille de grandes sélections africaines (Cameroun, Côte d'Ivoire, Nigéria), mais pour l'instant ce sont les petits poucets qui font le show, et régalent.

La première édition de la compétition (2009) a été remportée par la Libye, pays en guerre qui comptait en grande partie sur les joueurs d'Ahli Tripoli. La seconde par la Tunisie qui avait à l'époque le meilleur championnat africain, et les deux dernières éditions ont été remportées par la RD Congo, composée de joueurs du TP Mazembe et Vita Club. Mais le point commun entre tous ces tournois, c'est que les petits ont toujours leur mot à dire.

Il y a deux ans au Rwanda, les Lions de l'Atlas de M'hamed Fakhir sont sortis au premier tour. Dans leur groupe figuraient le pays hôte, la Côte d'Ivoire et le Gabon. Cette année, le Maroc est favori à la maison. Car le royaume a bien voulu organiser la compétition en remplaçant le Kenya, qui manquait d'infrastructures. Même l'organisation du CHAN est généralement confiée à des pays «émergents» en Afrique, et qui ne peuvent pas organiser la CAN.

Cette édition 2018 dessine l'éclosion des petites nations du football, qui prennent leur revanche sur les «grands» qui contrôlent la CAN. On assiste alors à des matchs disputés, engagés où tout peut arriver. La Côte d’Ivoire a perdu d’entrée face à la Namibie, le Soudan habituellement timide a fait chuter la Guinée alors que le Congo (qui a éliminé la RDC) s'est imposé face au voisin camerounais.

Le sursaut d’orgueil de ces petites nations quand vient le CHAN prouve que les championnats africains ont un niveau homogène, et que seuls les joueurs nés ou qui jouent à l’étranger font la différence lors de la coupe d'Afrique des nations. Au Rwanda, les amoureux du football étaient fiers de pouvoir tenir en échec «l’imbattable» Nigéria, rival historique. Même la Mauritanie, le petit poucet du tournoi peut se venter d’être présent au CHAN 2018 alors qu’un pays comme le Sénégal ne figure pas dans les 16.

Le CHAN a finalement atteint son objectif puisque l’idée de départ était de donner vie aux championnats locaux et de placer les pays qui ne s’illustrent pas en CAN, sous les projecteurs. Les  petits pays de football» en profitent pour revoir leurs ambitions à la hausse, alors que les supposées grandes sélections, piquées au vif se rendront compte que tout n’est pas parfait. Leurs meilleurs éléments évoluent dans les grands et riches championnats européens, asiatiques et du Moyen-Orient, mais il leur faut fournir des efforts au niveau local. Parce qu’en réalité, le vrai problème est que certains pays négligent leurs championnats et se contentent de convoquer les talents formés en Europe.

Le cas le plus emblématique est probablement le Sénégal, qui n’a pas vu un seul de ses clubs briller dans les compétitions continentales depuis plusieurs années. L’époque du Djaraf et de la Jeanne d’Arc de Dakar est révolue. Actuellement, les clubs de première division sénégalaise ont la taille d’équipes de quartiers. Par exemple, dans le championnat de l’élite sénégalaise, sur 14 équipes, 7 sont de la région de Dakar. Un phénomène inédit, une première qui restera dans les annales du football mondial. Loin du professionnalisme, le gardien de l’équipe nationale A du Sénégal a préféré s’expatrier en Guinée toute proche, où il peut trouver un meilleur salaire.

C’est problématique, car le CHAN est victime de son succès. Ces joueurs locaux partent ensuite en Europe ou au Moyen-Orient, et il faut que les fédérations reforment des équipes compétitives pour le championnat d’Afrique des nations qui revient tous les deux ans. La solution durable, on y reviendra toujours, c’est la formation. Ainsi, les petites nations continueront à piquer l’orgueil des grandes et donner un sacré charme à cette compétition qui gagne en notoriété pour notre plus grand plaisir.

Par Mar Bassine Ndiaye et Nassim Elkerf
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