Le Championnat d'Europe, initialement prévu du 12 juin au 12 juillet, devait être un clin d'oeil au 60e anniversaire de la compétition. Il restera surtout dans les annales comme le premier tournoi majeur reporté face à un danger sanitaire.
"C'est une situation exceptionnelle, car liée à une question de santé publique", explique à l'AFP l'historien du football Paul Dietschy, professeur à l'Université de Franche-Comté, qui la distingue de celles causées par des conflits.
"Ce qui fait aussi la différence, c'est la temporalité. La crise intervient à la fin de l'hiver, c'est-à-dire lors du temps fort des compétitions. Alors que pendant la Première Guerre mondiale (1914-1918), ça arrive à l'intersaison", poursuit-il.
Il y a bien eu la Coupe du monde 1942 qui n'a jamais été attribuée au coeur de la Seconde Guerre mondiale (1939-1945), un conflit qui a aussi conduit à l'annulation des éditions 1940 et 1944 des Jeux olympiques.
Mais à l'exception de l'Angleterre, les principaux Championnats européens ont continué leur activité durant cette période. A part lors de la saison 1939-1940, interrompue par l'invasion allemande du pays, la France a joué. En Italie, il s'est prolongé jusqu'en 1943 (reprise en 1945), en Allemagne jusqu'en 1944 (reprise en 1947).
"Il y avait cette volonté d'occuper les esprits, de se divertir, jusqu'à ce que cela ne soit plus possible, l'idée pour les autorités de montrer que la situation est maîtrisée, normale", dit Paul Dietschy.
Il faut remonter à la Première Guerre mondiale pour voir les grands pays du ballon rond se priver de football plusieurs années, mais à l'époque, ce sport "n'avait pas le développement qu'il a eu ensuite en 1939 ou aujourd'hui. Aussi, l'esprit patriotique y était très fort", rendant plus "facile" la décision de suspendre les activités.
Dans l'Hexagone, le football survit à l'arrière, et en 1917 naît la Coupe de France. La première division connaîtra plus tard un hiatus de deux semaines en 1968.
En Italie, le début de la saison 1973-74 a aussi été décalé d'un mois en raison de cas de choléra à Naples. Mais rien de comparable à la pandémie de coronavirus.