Il suffit de jeter un œil sur le classement (4èmes avec 36 points) pour comprendre l'enjeu du match. Mais si on revient à l’origine de cette rivalité, on comprend mieux pourquoi, pour les supporters… la victoire dans le derby vaut un titre.
Des principes différents
Le Wydad a survolé le football du Royaume lors des années 40. Équipe phare de la grande ville du pays, les Rouges tenaient à eux seuls les cœurs des Marocains. Puis coup de tonnerre, l’un des grands hommes du club décide de se retirer après une mésentente avec le reste de ses dirigeants. Feu Mohamed Ben Lahcen Tounsi, alias Père Jégo décide de fonder le Raja.
Un soir du mois de mars 1949, le technicien/dirigeant annonce la couleur. « Je vais créer une équipe qui divisera l’oxygène de la ville en deux. Un côté rouge et un côté vert » annonce le Père Jégo. Pour peaufiner cette rivalité qu’il est en train de créer, Il décide de choisir des principes différents de ceux du Wydad.
Alors que le club de l’ancienne médina pratique un jeu "européen" assez direct, le Raja opte pour des joueurs moins imposants physiquement, mais très fins techniquement pour pratiquer un jeu court.
"Les capacités physiologiques des joueurs marocains se rapprochent plus de celles des joueurs sud-américains que des Européens" disait le Père Jégo pour justifier sa décision.
Rivaux au-delà du football
Les dirigeants des deux clubs ont toujours eu des pensées politiques opposées. Ceux qui ont fait l’histoire du WAC comme le fondateur Mohamed Benjelloun étaient des piliers des partis de droite. L’Istiqlal a toujours été représenté chez les Rouges, alors que les patrons des Verts étaient "de gauche" et souvent des syndicalistes de l’Union marocaine du travail (UMT).
Pour exprimer ses penchants de l'époque, le Raja n'a pas hésité à dédicacer le premier titre de son histoire (coupe du trône 1974) à feu Al Mahjoub Ben Seddik, le chef historique de l'UMT, en prison à ce moment là.
Plusieurs générations ont perpétué cette rivalité transmise de père en fils. Au début du 21e siècle, la naissance du phénomène Ultras au Maroc est venue mettre de l’huile sur le feu. Les réseaux sociaux, les chants et les tifos continuent d’attiser cette culture au fil des ans. Samedi, les Marocains ont rendez-vous avec le nouvel épisode d’une histoire qui perdure et qui n’a rien à envier aux plus beaux duels Européens ou Sud-Américains.