France Football: Henri Michel et le Maroc, un amour fou

Il y a l'émotion considérable de ceux qui avaient la chance de le connaître. Auprès de tous ceux-là, la disparition d’Henri Michel laisse un vide énorme. Et puis il y a ceux, les moins de 20 ans, qui n'avaient fait qu’entendre parler de ce géant, sans jamais le connaître. Si elle ne provoque pas chez eux une douleur aussi vive, la mort de l’ancien sélectionneur des Lions de l’Atlas a éveillé leur curiosité.

Donc un rappel s’impose. Henri Michel a connu une des carrières les plus riches du football français. Il a joué pour le FC Nantes et l’équipe de France, a coaché les Bleus et plusieurs sélections africaines, avec en point d’orgue, cinq années inoubliables au Maroc. L’hebdomadaire français France Football revient sur cette longue histoire d’amour entre l’homme et notre pays. Récit.

Nous sommes en 1993, les éliminatoires de la Coupe du Monde 1994 ont été tout sauf un long fleuve tranquille pour les Marocains. Les coéquipiers de Rachid Daoudi ont gagné difficilement leur ticket pour le troisième Mondial de leur histoire après leur victoire sur la Zambie de Kalusha Bwalya (1-0) à Casablanca. La suite, tout le monde la connaît. Dans le pays de l’Oncle Sam, les Lions perdent leurs trois matchs face à la Belgique, l'Arabie Saoudite et les Pays-Bas, et reviennent bredouille.

Il redore le blason des Lions
Au lendemain de cette désillusion, les dirigeants du football vert et rouge décident de confier les clés du wagon de la sélection à l’ancien international français.
Henri Michel rebâtit l’équipe et rajeunit le groupe. Résultat: une qualification à la CAN 1998, après une absence du onze national des éditions de 1994 (Tunisie) et 1996 (Afrique du Sud). Au Burkina Faso, Michel et ses Lions, donnés favoris, chutent au stade des quarts de finale face aux Bafanas Bafanas, futurs finalistes.

Quelques mois plus tard, il revient avec cette génération en France pour disputer le Mondial 98, la dernière apparition des Lions de l’Atlas en Coupe du Monde. Les Naybet, Hadji et autres Bassir ne se sont pas qualifiés pour le second tour, mais ils ont tenu tête à de grandes nations du football mondial tel le Brésil, la Norvège et l’Écosse.

Dans le premier match, les coéquipiers de Youssef Chippo accrochent (2-2) la meilleure équipe du moment, la Norvège, emmenée par l’attaquant des Blues de Chelsea, Tore André Flo, et la star de Manchester United Ole Gunnar Solskjær. Mais face aux tenants du titre, le Brésil, les Marocains prennent l’eau (3-0), à la Beaujoire, stade du FC Nantes, là où tout à commencer pour Henri Michel. Après cette débâcle, les nationaux n’avaient plus leur destin entre les mains, ils étaient dans l’obligation de battre l’Écosse et espérer dans le même temps une victoire du Brésil sur la Norvège qui les devance d'un point au classement (2 unités contre 1). Contre les Britanniques, les Lions font le travail (3-0), mais le Brésil, déjà qualifiée pour les huitièmes de finale, se fait surprendre par les Scandinaves (2-1).

Le Raja lui doit tant
Le Français contribue aussi à faire venir son ancien coéquipier Vahid Halilhodzic au Raja Casablanca. Avec le Bosnien, les Verts remportent leur deuxième titre de Ligue des Champions en 1997.

Henri Michel entraînera également les Aigles, par deux fois, en 2003-2004 avec un titre de champion et une victoire en Coupe de la CAF à la clé, puis en 2010.

De Hadji à Naybet en passant par Bahja, Bidoudane, Zemmama ou Nater, il demeure à jamais le "papa" de plusieurs joueurs marocains.