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"Le dilemme", un film digne d'Infantino

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Contrairement aux apparences, le président de la FIFA est un homme seul. Alors que le monde s'apprête à choisir le pays qui organisera la Coupe du Monde 2026, Gianni Infantino est coincé entre ses ambitions personnelles et ses envies de transparence.
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La quadrature du cercle est une opération de géométrie tentée depuis l'Antiquité et qui consiste à créer un carré de surface égal à celui d'un cercle, ce qui est totalement impossible. C'est un peu la position dans laquelle se retrouve aujourd'hui Gianni Infantino au moment où l'instance qu'il préside doit choisir le pays hôte de la Coupe du Monde 2026. Le président de la FIFA est tout simplement coincé entre ses intérêts directs et son vœu de transparence totale dans le processus d'attribution du Mondial. Décryptage.

À jamais redevable aux Américains
Gianni Infantino a profité de l'opération mains propres menée par le FBI américain (Bureau Fédéral d'investigations, ndlr) contre la FIFA en 2015 pour prendre le pouvoir. Exit Sepp Blatter l'ancien président omnipotent. Exit aussi Michel Platini le président de l'UEFA candidat naturel à la succession du "parrain". Place au monsieur "boules chaudes boules froides" des tirages au sort des compétitions européennes...

L'habile juriste italo-suisse, entré au sein de l'instance 15 ans plus tôt, a réussi à se hisser au plus haut grade du football mondial sans que personne ne le voie venir. Bien joué. Mais dans ce genre d'affaires, le retour d'ascenseur n'est pas une fiction. Infantino doit quelque chose aux Américains qui l'ont placé là où il est aujourd'hui. L'actuel président de la FIFA leur promet donc la Coupe du Monde 2026.

Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes jusqu'à ce que le Maroc annonce sa candidature en 2017. Car le Royaume est un candidat qui se présente pour la 5e fois et jouit d'une affection particulière à l'international. Pis encore, la candidature marocaine est rapidement devenue Africaine...

Dans un monde où Donald Trump est loin de faire l'unanimité, Maroc 2026 devient une épine dans le pied d'Infantino. Comment assurer aux Américains (USA-Mexique-Canada) l'organisation de la Coupe du Monde de football dans huit ans, alors que pour la première fois de l'histoire de ce sport, un vote démocratique désignera le vainqueur? Très simple. Il suffit de barrer la route au vote. Ne pas y arriver. Créer un mécanisme légal qui rend caduc et donc nul le vote. En somme, placer un garde-fou qui porte le nom de Task-Force...

Quel est son pouvoir? Ce groupe d'experts est chargé d'évaluer les candidatures d'un point de vue technique selon des critères précis concernant les domaines suivants: stades, infrastructures, hébergement et transport. Le système de notation est basé sur 5. Si un des candidats échoue à obtenir la note minimale de 2 sur un seul critère, il est éliminé. Et il n’y a aucune possibilité de recours!
 


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Suite à son audit, la Task-Force décidera le 6 juin, soit une semaine avant le vote des fédérations, qui peut se présenter. C'est un pouvoir immense qui peut permettre à la FIFA de sélectionner purement et simplement les candidats de son choix. Ce qui veut clairement dire que le 13 juin, le vote entre Maroc 2026 et United 2026 risque de ne pas avoir lieu! Inutile de préciser que ladite Task-Force est composée de membres choisis par Infantino himself. On n'est jamais mieux servi que par soi-même, dit l'adage...

Démocratie avortée 
Récapitulons: la FIFA organise enfin la démocratie en son sein, mais s'arroge le droit, à la première occasion, de l'avorter via une commission créée sur mesure. Ben voyons! C'est un peu gros pour que cela passe inaperçu.

Lire les procès verbaux et les comptes-rendus de réunion d'une instance comme la FIFA peut se révéler rébarbatif, mais ô combien intéressant. Et souvent très instructif. Ça aide à comprendre certaines choses...

Si le président de la candidature marocaine est sorti du bois cette semaine pour alerter l'opinion, c'est parce qu'il sait ce qui se prépare dans l'ombre: l'élimination pure et simple de Maroc 2026 le 6 juin, et donc pas de vote, pas de démocratie. La menace n'est pas fantôme. Bienvenus dans le monde réel.
 


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Personne ne remet en cause l'existence d'une commission de contrôle des candidatures. Mais cette Task-Force ne peut pas détenir à elle seule le pouvoir discrétionnaire d'empêcher la démocratie de rendre son verdict. "Une fédération, un vote" est un serment universel qui a le mérite d'exister. Encore faut-il ne pas chercher à le travestir pour servir des intérêts particuliers. Pour bien faire, il aurait fallu que ce groupe de travail s'en tienne à évaluer les dossiers et remettre ses conclusions aux votants qui décident du sort des candidats. Mais peut-être est-ce trop demander...

Cette bombe à retardement qu'est la Task Force risque d'impacter directement l'avenir de Gianni Infantino. En effet, le président de la FIFA vise une réélection en 2019. Mais comment pourra t-il expliquer au Maroc, à l'Afrique, au monde, qu'il faut voter pour lui si ce que l'ensemble des observateurs pressent, finit par se produire? C'est absolument impossible et c'est bien là tout le dilemme. Infantino doit honorer ses engagements avec les Américains, mais aussi penser à son avenir à la tête de la FIFA. En créant cette hydre qu'est la Task-Force, et en lui octroyant les pleins pouvoirs, il s'est tiré une balle dans le pied. C'est aujourd'hui très clair. Aux yeux de tous. 

Le président de Maroc 2026 répète à qui veut l'entendre que "si le Maroc va au vote et perd, le Royaume acceptera avec fair play le verdict des urnes. Mais si la FIFA essaye de nous éliminer d'une manière scandaleuse, alors nous utiliserons notre cabinet d'avocats pour les attaquer partout dans le monde". Voila c'est dit. 

Par Le360sport
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2 commentaires /

  • ali
    Le 30 Mar. 2018 à 20h10
    A mon avis, pour des raisons bien évidentes, le Maroc doit dès maintenant annoncer officiellement la composition du cabinet d'avocats qui auront la charge de le défendre dans le cas où la task force de Gianni Infantino vient à éliminer la candidature marocaine avant le vote universel du 13 juin.

    Ce cabinet doit comprendre des pointures de renommée internationale issues des 5 continents (Asie - Amérique Latine - Europe - Asie).
  • bouchareb
    Le 30 Mar. 2018 à 19h04
    ca se voit clairement ,ce faiseur doit impérativement renvoyer l ascenceur a ses ..biens faiteurs.
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