Alors que le Qatar prépare la première Coupe du Monde de son histoire en 2022, son voisin saoudien s'active pour partager le prestige de cet événement planétaire. Jalouse du rayonnement international du petit émirat du Golfe, l'Arabie Saoudite manoeuvre en coulisses pour partager les lauriers.
En juin 2017, l'Arabie saoudite et ses alliés (Bahreïn, Émirats arabes unis et Égypte) imposaient un embargo au Qatar. Quelques semaines plus tard, les même pays auraient insisté auprès de la FIFA pour retirer l'organisation de la Coupe du Monde 2022 à leur ennemi. Une hypothèse relatée par le journal suisse The local à l'époque.
Mais constatant l'inefficacité des mesures prises à l'encontre du Qatar, Mohammed Ben Salamane, prince héritier d'Arabie saoudite, finit par changer son fusil d'épaule avec l'ambition de concurrencer le Qatar sur le terrain dela diplomatie par le sport, domaine dans lequel le pays excelle depuis plusieurs années (propriétaire du Paris Saint-Germain et hôte de compétitions sportives internationales).
Ainsi, l'Arabie saoudite, devenue hôte de la Supercoupe d’Italie, d’une épreuve de Formule électrique, accueillera le rallye Dakar à partir de l’année prochaine, et pourrait également abriter la Supercoupe d’Espagne dans sa nouvelle formule lors des six prochaines saisons, sans parler des folles rumeurs sur un possible rachat de Manchester United. Mieux encore, le pays est devenu, le 7e plus gros investisseur sur le marché des transferts après la Chine et derrière le Big Five européen. L’augmentation est d’environ 400% par rapport à 2017.
“Le sport a été identifié comme un levier de rayonnement par les autorités saoudiennes qui sont décidées à rattraper leur retard sur le Qatar”, explique au quotidien français Le Monde, le blogueur émirati Shuaib Ahmed, spécialiste du football moyen-oriental.
Surtout, l'Arabie saoudite effectue un lobbying de tous les instants auprès de la FIFA pour faire avancer sa cause. Sous l’impulsion de Gianni Infantino, l'instance dirigeante du football mondial étudie de très près la possibilité de passer de 32 à 48, le nombre d'équipes participantes au prochain mondial. Pour absorber l’augmentation du nombre de matchs (80 au lieu de 64) et les afflux supplémentaires de supporters, la FIFA estime qu’entre deux et quatre stades supplémentaires seraient nécessaires. Elle a même suggéré une liste de cinq pays co-organisateurs potentiels, aux côtés du Qatar: Arabie saoudite, Émirats arabes unis, Bahreïn, Oman et Koweït. Les deux derniers, alliés de Doha n'étant pas en mesure d'accueillir un événement de la taille d'une Coupe du Monde de football, l'Arabie saoudite apparaît comme le recours idéal.
Si la FIFA vote en faveur de l’élargissement du Mondial 2022 lors de son congrès, prévu dans un mois à Paris, l'Arabie saoudite, pourrait bien réussir à s'incruster dans la grand-messe footballistique. Mohammed Ben Salman se ferait alors un devoir de lever l'embargo contre le Qatar.