Mais au-delà de la déception de l'ensemble des médias, il convient de se poser des questions. Pourquoi cette décision a-t-elle été prise? Que cache-t-elle en réalité? Éléments de réponse.
Deux exercices bien distincts
La conférence de presse suppose un échange entre l'orateur et les auditeurs. Un jeu de questions-réponses qui, bien souvent, aide à approfondir les zones d'ombres, ou tout simplement à vulgariser l'information. C'est un passage obligé pour les politiques et les dirigeants sportifs lorsqu'ils souhaitent communiquer.
La déclaration de presse c'est autre chose. Un émetteur, un message, des récepteurs. Aucune interactivité. Peu d'intérêt pour les journalistes. En règle générale, l'auteur du message s'adresse à une agence de presse qui diffuse son communiqué. C'est la règle.
Car en lisant entre les lignes du discours de MHE, et malgré son habileté dans le choix des mots, il est aisé de deviner que les échanges entre le comité de candidature marocain et la Task Force ont été plus que musclés...
Ambiance à Maroc 2026
Cette décision de changer au dernier moment la forme de l'échange entre MHE et la presse n'a pas déçu les seuls médias présents, mais aussi les équipes opérationnelles de Maroc 2026. Toute extériorisation du travail du comité apporte, pour ceux qui y travaillent, une forme de reconnaissance. Là, c'est la frustration qui prime. Et l'incompréhension.
Alors qui a pris l'initiative et ordonné de changer les plans? Selon nos informations, c'est le président de la Fédération royale marocaine de football Fouzi Lekjaa qui a imposé ce choix. Il est vrai que l'homme fort du foot marocain pèse lourd dans la chasse aux voix et son carnet d'adresses est très utile pour rallier les stars du foot à la cause de Maroc 2026. Dans un dossier qui lui tient particulièrement à coeur, il donne les orientations stratégiques et manifestement, il est écouté. Même si ses choix peuvent être questionnés.
La peur du black out
Toute cette mise en scène a évidemment un but: masquer l'inquiétude qui s'est emparée de Maroc 2026 suite à la visite de la Task Force. Et ce pour une raison bien précise. Le système de notation (scoring system, ndlr) comporte une section "transports" dans laquelle apparaît une sous-partie dédiée à la mobilité intra-urbaine. Comprenez que la Fifa exige des infrastructures (métro, tramway) afin de transporter les supporters de 48 équipes d'un point à un autre à l'intérieur des villes. Aujourd'hui, seules Rabat et Casablanca sont équipées... Insuffisant.
C'est sans doute ce que la comission, qui s'est rendue sur le territoire la semaine dernière, a constaté et signifié aux dirigeants marocains. Un véritable boulet qui risque d'éliminer la candidature du Maroc.
C'est en tout cas un sentiment partagé parmi ceux qui ont oeuvré à l'élaboration du bid book déposé en mars au siège de la Fifa. Et sans doute la raison pour laquelle Fouzi Lekjaa a choisi de ne pas exposer Moulay Hafid Elalamy aux questions des médias.
À ce stade, rien ne dit que la Task Force sera "tâtillone" au point de se servir de cet argument, mais il faut bien reconnaître que les transports en commun s'apparentent à un talon d'Achille pour la candidature marocaine.
Quoi qu'il en soit, changer ses plans au dernier moment s'avère souvent être une fausse bonne idée. En agissant ainsi, Maroc 2026 n'a fait qu'éveiller la suspicion sur ses chances de passer le cut de la Task Force. La bande à Boban doit faire un rapport sur sa visite dans le Royaume aux alentours du 15 mai. Puis elle rendra une décision officielle le 10 juin. Alea jacta est (le sort en est jeté, ndlr)?
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