Les conditions d’attribution de la Coupe du monde de football 2022 au Qatar, entachées par les soupçons de corruption et les petits arrangements, reviennent dans les colonnes des médias allemands. Le journal Bild a déclaré, le 26 juin, avoir obtenu le rapport «interdit», rédigé en 2014 par l'ancien enquêteur indépendant de l'éthique de la FIFA, Michael Garcia.
Le rapport de Bild renferme des détails sur une somme de 2 millions de dollars (1,6 million d’euros) prétendument versée à la fille, juste âgée de 10 ans, d'un responsable de la FIFA. Garcia a quitté ses fonctions en décembre 2014 pour protester contre le traitement qu’a connu son rapport. L'avocat américain a cité un «manque de leadership» alors qu'il quittait l'organe directeur du football mondial, dont les dirigeants ont unanimement accepté de publier une «version légalement appropriée» de son rapport.
Cette version de 42 pages a permis au Qatar de corriger ou modifier certaines des allégations qu’il contenait. Bild dit qu'il publiera tous les détails du rapport Garcia de 403 pages, dès ce mardi.
Le journal allemand avance trois faits avérés:
- Trois membres exécutifs de la FIFA ont bénéficié d’un voyage à Rio dans un jet privé appartenant à la fédération qatarie avant le vote pour les droits d'hébergement des éditions 2018 et 2022.
- L'Académie Aspire au Qatar a été impliquée « d'une manière décisive» dans « la manipulation des membres de la Fifa ayant le droit de voter».
- Dans un article de Facebook, Peter Rossberg - le journaliste qui prétend avoir obtenu le rapport - a déclaré " que le rapport ne fournit pas la preuve que les Coupes du monde 2018 ou 2022 ont été achetées.
Il a décrit ses résultats comme «un puzzle qui n'a de sens que lorsque toutes les parties sont réunies».
Avant sa démission, Garcia a déclaré que la version de son rapport que la Fifa a publiée contenait «de nombreuses représentations matériellement incomplètes et erronées.» En 2014, le gouvernement qatari a vivement réfuté que son organisation de la Coupe du Monde 2022 se fasisait au prix de milliers de vies des travailleurs migrants. La décision de Fifa d'attribuer le tournoi au petit émirat a été examinée dans le cadre d'une enquête de corruption criminelle par les autorités suisses, après que le quotidien américain Washington Post a publié un article intitulé «Le péage humain de la corruption de la FIFA», suggérant que 4.000 travailleurs pourraient mourir d’ici 2022 des conditions atroces dans lesquelles ils travaillent.
Dans la foulée, plusieurs sponsors de premier plan de la Coupe du monde avaient exigé une «enquête approfondie» sur les allégations selon lesquelles la corruption active a joué un rôle déterminant dans la décision d'attribuer le Mondial 2022 au Qatar. Hyundai, Sony, Adidas, Coca-Cola et Visa avaient exprimé leur préoccupation quant au processus qui a marqué l’opération. Seule la compagnie aérienne Emirates a refusé de commenter les allégations formulées. En 2014, un rapport explosif du journal Sunday Times a suggéré que le Qatar a acheté la Coupe du Monde 2022 après avoir versé cinq millions de dollars en paiements secrets.
Même l’ex-président de la FIFA, Sepp Blatter, a reconnu peu de temps avant sa démission que l’attribution de la Coupe du monde 2022 au Qatar était «une erreur». Une erreur de cinq millions de dollars ?
The Sunday Times a analysé «des centaines de millions de courriels, de comptes et d'autres documents» et a trouvé des paiements secrets, initiés par l’ex-vice-président de la FIFA, Mohamed bin Hammam, pour faire avancer l'offre qatarie.
