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Pourquoi le Wydad et le Raja se détestent-ils autant?

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L’hostilité entre les deux clubs casablancais tient autant à une farouche concurrence sportive qu’aux lignes de fracture d’une histoire commune. À l'occasion du 1er derby de la saison, en Coupe Mohammed VI, retour sur les origines de cette rivalité marocaine.
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Samedi prochain, le complexe Mohammed V sera le théâtre d’un match inédit: le premier derby en compétition internationale. Si le Wydad et le Raja, s’affrontent depuis les années 50 en Coupe du Trône et en Botola, ils joueront cette fois dans le cadre de la Coupe Mohammed VI (Coupe arabe des clubs champions, ndlr). Mais au-delà de l’enjeu de cette rencontre, la rivalité entre ces deux clubs, les plus titrés du Maroc, dépasse le cadre d’une lutte pour une qualification.

Au nom du père
Tout a commencé au début des années 50. À cette époque, Feu Mohamed Ben Lahcen Tounsi, plus connu sous le nom de Père Jégo, un des fondateurs du Wydad en 1937 et son premier entraîneur, fait rapidement entrer le club dans le cœur des Bidaouis en décrochant quatre Ligues du Maroc, ancêtre de la Botola, trois titres de champion d'Afrique du Nord et une Coupe d'Afrique du Nord.

Populaire, fin psychologue et remarquable dénicheur de talent, le Père Jégo finit pourtant par déranger dans la direction des Rouges et se retrouve poussé vers la sortie en 1952. Incapable de s'éloigner du football, il rejoint un club fraîchement fondé, le Raja. Objectif: tenir tête à l’équipe qui domine outrageusement le championnat marocain et se classer parmi les meilleures d’Afrique.

Opposition de styles
Cette lutte pour la suprématie locale et nationale a également des connotations internationales. Influencé par les voyages du Père Jégo en Europe, le Wydad a écrit sa légende en développant un jeu basé sur la tactique et le physique, autour d'un attaquant de pointe. En revanche, il s'inspirera de ses voyages en Amérique du Sud pour insuffler un style plus technique et spectaculaire au Raja. Ainsi, même si des entraîneurs de différentes nationalités ont entraîné les deux camps, le derby a longtemps été une opposition entre un Wydad à l'anglaise et un Raja à la brésilienne.

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Interrogé sur sa préférence entre les deux clubs, feu Père Jégo avouait que “son cœur allait vers le Wydad, mais que le Raja symbolisait la solidité de son caractère”.

Le derby de tous les clichés
Aujourd’hui, cette rencontre n’a pas d’équivalant au Maroc, voire au Maghreb et en Afrique. À titre de comparaison avec les championnats étrangers, un WAC–RCA équivaut à des rencontres comme Barça–Real, Milan AC–Inter Milan ou encore Manchester United–Liverpool. Il s’agit en fait de la seule véritable grosse affiche au Maroc et c'est, sans surprise, le match le plus suivi. Les arguments ne manquent jamais pour expliquer la tension qui anime les supporters avant tout derby.

Comme toute rivalité sur la planète football, celle entre le Raja et le Wydad dépasse le cadre du rectangle vert. Chaque édition du derby “bidaoui” a une connotation non seulement sportive, mais également historique, culturelle et sociale. Car c’est le derby de tous les clichés: Derb Soltane contre l’ancienne Médina, les deux quartiers chauds de la ville, beau jeu contre stricte efficacité, club le plus titré contre le plus spectaculaire, les riches contre les pauvres.… Nés dans la même ville, tout semble éloigner le Wydad et le Raja. Tout, sauf l'amour et la passion du ballon rond…

Par Adil Azeroual
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