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Qualification au Mondial: merci aux binationaux

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Nous vivons un beau rêve avec la magnifique qualification des Lions de l’Atlas au Mondial. Un rêve d’autant plus exaltant que cette équipe possède les moyens pour atteindre au minimum le deuxième tour en Russie. Mais ce rêve ne devrait pas nous détourner de la réalité locale du football.
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Les Marocains sont en fête grâce aux binationaux. Cette assertion peut sembler provocante, mais elle n’en traduit pas moins la stricte réalité. L’équipe nationale de football s’est qualifiée au Mondial 2018 grâce à des joueurs très majoritairement nés, élevés et formés en Europe. Ces joueurs portent, en plus de la nationalité de la mère patrie, la nationalité d’un pays européen: Espagne, France, Belgique, Pays-Bas… Ce qui n’a pas manqué de faire grincer des dents. Particulièrement en Hollande, ce pays digérant mal son absence de la Russie et la qualification du Maroc qu’il attribue en partie à des joueurs qui auraient pu porter les couleurs des Oranje au lieu de notre maillot rouge et vert.


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A ce sujet, le cas de Hakim Ziyech est très instructif. Ce joueur s’est attiré les foudres de Marco van Basten, l’un des meilleurs footballeurs hollandais de tous les temps, quand il a préféré défendre les couleurs de l’équipe nationale au lieu de l’équipe néerlandaise. Van Basten avait commenté en ces termes le choix de Ziyech: «Il faut être stupide pour choisir le Maroc quand on peut jouer pour les Pays-Bas.» Van Basten a été un très grand joueur, puis un entraineur très moyen, mais en tant qu’homme, il est petit. Sa phrase proférée à l’encontre de Ziyech prouve son étroitesse d’esprit et son européocentrisme qui l’empêchent de regarder plus loin que son nombril. Il doit d’ailleurs avaler bien des couleuvres en ce moment, compte tenu du fait que Ziyech sera présent au Mondial avec le Maroc, alors que la Hollande n’y est pas.

Mohammed VI aime les Marocains du Monde

Depuis son accession au trône, le roi Mohammed VI n’a eu de cesse que de porter une attention très particulière aux Marocains des pays de résidence. Il a à cet égard créé, en 2007, le Conseil de la communauté marocaine à l'étranger (CCME) qui a pour mission de veiller, notamment, à la défense des intérêts des Marocains de l’étranger, et de renforcer leur contribution au développement économique, social et humain du Maroc. Cette attention particulière dont le roi a entouré les Marocains du Monde a vite enraciné, chez tous, l’idée qu’il n’existe pas de différence entre les Marocains d’ici et les Marocains d’ailleurs. Et gare à celui qui aura tendance à l’oublier ou à dédaigner les MRE. Les consuls l’ont appris à leurs dépens, quand Mohammed VI a demandé, dans le discours du trône de 2015, de relever de «ses fonctions quiconque a été reconnu coupable de négligence, de dédain pour les intérêts des membres de la communauté (marocaine vivant à l’étranger), ou de mauvais traitement à leur égard».

Résultat: quel que soit l’endroit où ils sont nés, peu importe leur lieu de résidence, les Marocains de l’étranger savent qu’ils ont un pays dont ils peuvent toujours se réclamer avec fierté et où il n’y aura jamais une mesure de nature à leur faire sentir qu’ils ne sont pas complètement chez eux. Cette vision du roi Mohammed VI a encouragé de nombreux joueurs évoluant à l’étranger à faire le choix de l’équipe nationale. La qualification de l’équipe nationale à la phase finale de la Coupe du Monde de la FIFA, qui plus est sans un seul but encaissé (ce qui est une première mondiale), montre le niveau auquel ces joueurs hissent le football. Il fallait un président à la Fédération royale marocaine de football (FRMF), déterminé et pugnace comme Fouzi Lekjaa, qui a redonné au Maroc du poids à la CAF et qui a choisi un entraîneur compétent, Hervé Renard, tout en lui donnant les moyens de travailler pour que ces Marocains d’ailleurs montrent l’étendue de leur talent et retrouvent le goût de la combattivité et la soif de la victoire.


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Leur performance permet de clore le bec aux chauvins et à ces supposés connaisseurs de football qui demandaient la préférence aux joueurs et entraineurs locaux au détriment des footballeurs qui évoluent dans des clubs européens. Ceux-là mêmes qui critiquaient, naguère, le choix des binationaux lancent, aujourd’hui, des vivats aux Benatia, Ziyech, Amrabet et autres héros de la qualification au Mondial. Sans  les joueurs des pays de résidence, il est très difficile d’imaginer une équipe nationale marocaine. Oui, bien sûr qu’on en composera toujours une avec des joueurs de la Botala, mais elle ne peut pas avoir le niveau de l’équipe actuelle, ni être l’objet des commentaires élogieux des médias étrangers, et encore moins trouver le chemin du Mondial. L’euphorie actuelle ne devrait pas nous aveugler sur l’état désastreux du football national auquel manquent cruellement deux critères fondamentaux à toute réussite: la transparence et la formation.

Il n’y a pas de politique de formation dans les clubs locaux

Le point névralgique du football moderne est la formation. Or les clubs locaux, à une ou deux exceptions près, n’ont aucune politique de formation. Les footballeurs marocains des pays de résidence sont bien formés, et c’est cette formation qui creuse la différence entre la réalité locale du football national et la pépinière qui produit des talents à l’étranger. De plus, nombre de clubs ne veulent pas évoluer dans la gestion de leurs affaires, comme en témoigne leur résistance à passer du statut d’une association à celui d’une société anonyme, en dépit d’une loi (30/09) promulguée en 2010.

Nous vivons un beau rêve avec la magnifique qualification des Lions de l’Atlas au Mondial. Un rêve d’autant plus exaltant que cette équipe possède les moyens et les ressources pour avoir comme objectif d’atteindre au minimum le deuxième tour en Russie. Mais ce rêve ne devrait pas nous détourner de la réalité locale du football, de la mauvaise gestion des clubs et du manque de toute politique de formation. Nous avons tous vu le pouvoir du football à créer la communion entre les Marocains, quels que soient leur origine sociale, l’endroit où ils sont établis ou leur appartenance politique. Il n’y a que le football pour dispenser cette joie communicante et exalter le sentiment d’appartenance à une nation. Voir cette joie se renouveler, le plus souvent possible, a partie liée avec la formation et la transparence dans la gestion des clubs locaux. On ose à peine imaginer ce que serait l’équipe nationale si la moitié de ses effectifs était recrutée ici et l’autre moitié ailleurs. 

Par Aziz Bada
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