Un nouvel ordre footballistique mondial

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Au regard de ce qui se passe en Russie, le football international semble prendre une nouvelle trajectoire. Fini les calculs, place à la spontanéité et à l'audace. Un nouvel ordre mondial va-t-il se mettre en place?

Le 04/07/2018 à 10h12, mis à jour le 08/07/2018 à 06h54

Tendance à l'offensive


Ce Mondial russe apporte un vent de fraîcheur au football international. Les tactiques ultra-défensives que l'on a trop vues sont peut-être en train de perdre du terrain. En tout cas, les équipes qui ont opté pour les systèmes de jeu traditionnels, celles qui n’ont pas su évoluer tactiquement ont péri en huitièmes et même avant comme l'Allemagne.

Plusieurs sélections -toujours qualifiées- ont fait le choix de stratégies offensives pour faire pression sur l’adversaire, faire le spectacle et finir par gagner. Les systèmes basés sur la possession du ballon et sur l’attente d’un exploit individuel pour vaincre, ont produit peu d'effets positifs dans cette Coupe du Monde. Les rencontres sont âprement disputées et doivent aller jusqu’au bout de leur peine s’ils veulent réussir. 22 buts sur 147, soit près de 15%, ont été inscrits en fin de match et ont fait basculer des rencontres à enjeu. La France contre l'Argentine et la Belgique face au Japon ont offert du spectacle et des émotions en jouant le tout pour le tour lorsqu'elles se sont retrouvées au pied du mur. 

Hécatombe chez les conservateurs


L’Espagne, l’Argentine, le Portugal, l’Allemagne, quatre écoles de renom sur la planète foot ont appris à leurs dépens que celui qui ne risque rien, n’a rien. Et que seul le jeu ouvertement offensif paie. Certes, certaines sélections adeptes du jeu défensif ont pu réussir avec un peu de chance et atteindre les huitièmes ou les quarts, mais elles ne tarderont pas à exploser ou demeureront de simples exceptions. La tendance, c’est l’offensive, la jeunesse et le collectif. Le dernier but belge contre le Japon témoigne de ce renouveau. Une action rapidement menée avec de la technique des solutions de passes et de l'altruisme avec Lukaku qui s'efface pour laisser marquer Chadli. Un chef-d'oeuvre collectif. Quand le niveau s'élève, les individualités seules n'ont plus les moyens de sauver la situation. Ronaldo n'a rien fait contre l'Uruguay et Messi a connu le même sort contre la France.

Un retour aux valeurs initiales


Au Mondial russe, la religion du score et du résultat semble laisser un peu de place au spectacle, au jeu plaisant. Il ne s’agit qu’un début mais la mode du beau geste, de la créativité et du bonheur de jouer revient à grands pas. Ça rappelle les années 70 et 80, quand les joueurs avaient moins de contraintes et de restrictions tactiques sur la pelouse pour, comme au théâtre, donner le spectacle, faire vibrer le public avec un tir, un dribble, une passe, un geste esthétique. L’objectif était de se faire plaisir et faire plaisir au public. Le football tout simplement.

La VAR gâche... et fâche


L'autre nouveauté qui met la planète foot sur une orbite différente, c'est la vidéo assistance aux arbitres. On a beau dire que la VAR a des bienfaits, il s’est avéré que l’introduction de cette technologie dénature le football et accentue les injustices arbitrales.

Cette technique ne permet plus au buteur d'exprimer sa joie car il doit attendre les allers et venues de l’arbitre pour confirmer ou infirmer une décision initiale: but ou pas but, faute ou pas faute, hors-jeu? Il en va de même pour le public qui doit attendre pour fêter son équipe et tout le charme d'un instant brut, parfois instinctif et animal. Bref, la VAR gâche la fête.

Dès la fin de semaine, les enjeux vont grandir en même temps que les ambitions. Les joueurs et les sélectionneurs présents en quarts de finale ont une mission à accomplir vis à vis des amoureux du football: continuer de nous faire rêver, et croire à ce nouvel ordre mondial en marche. Le football en a besoin.

Par Kamal Mountassir
Le 04/07/2018 à 10h12, mis à jour le 08/07/2018 à 06h54