Avec la méticulosité d’un homme de chiffres, le président de la fédération, Fouzi Lekjaa, décortique les lettres…de la presse et les propos de ses détracteurs. Comme la majorité des gens de l’Est (il est né à Berkane) il a le sang chaud et le pardon difficile à octroyer quand il se sent blessé. A preuve tout le monde a parlé d’une réconciliation entre lui et son ex-vice-président, Mohamed Boudrika, sous la bannière du RNI.
Eh bien non, rien n’a changé depuis que Boudrika a tiré à boulets rouges sur la FRMF et que le président de cette dernière l’a poursuivi en justice: «Non, sur ce sujet, il n’y a pas eu de réconciliation. M Boudrika a fait des déclarations dans lesquelles il a insulté l’institution de la FRMF et non pas ma gestion ou ma gouvernance. Du coup, j’ai porté plainte et il a été condamné en première instance. Il a fait appel, c’est son droit et la justice suit son cours… »
C’est dire que Lekjaa demeure intraitable même s’il a rencontré Boudrika à la suite d’une tentative de réconciliation initiée par un ami commun. Il a du caractère, c’est sûr, il est caractériel c’est évident, il est rancunier, c’est probable. Mais en tous les cas l’homme ne lâche rien. Il se défend en attaquant comme il l’a fait quand on a évoqué les attaques d’Hervé Renard contre les dirigeants, entraineurs et la presse: « J’aurais fait de même si j’étais à sa place, il a été attaqué quand il est arrivé à la tête de l’équipe nationale. Il fut fustigé de tous les maux avant, au cours et après la coupe d’Afrique. Tout le monde l’avait dans son viseur et il est normal qu’il réponde à des tirs aussi nourris. Je vais aller même plus loin en vous disant que Hervé Renard était l’homme le plus sage de la planète face à l’artillerie lourde qu’il a endurée. »
Lekjaa ne cache pas sa colère contre ceux qui disent «N’importe quoi, n’importe comment » et dément tout ce qui a été écrit sur un probable départ du sélectionneur national: «En tant que responsable de la FRMF, je le vois souvent. Il ne m’a jamais posé de conditions, ni fait part de son intention de quitter le Maroc. Vous savez dans le foot, les deux parties sont liées par un contrat et cela ne me dérange aucunement que des fédérations expriment leur désir de le recruter. Hervé Renard fait son travail et en tant qu’employeur je fais le mien. »
Fouzi Lekjaa a réponse a tout mais il demeure rationnel dans ces certitudes notamment en ce qui concerne le hooliganisme. Il répète ce qu’il a dit après les dernières violences perpétrées dans plusieurs stades: «Je maintiens ce que j’ai dit sur les violences dans les stades. Je préfère qu’ils soient vides que de me trouver devant le saccage, le caillage et la destructions des biens public et privés, voire de blessés ou de morts. Mettez vous à la place de cette maman qui regarde son fils partir pour le stade et qu’elle apprend plus tard qu’elle ne le reverra plus. »
Ceci étant, le président de la FRMF juge le phénomène de la violence comme étant un fait de société qui se produit partout et tous les jours: dans la rue, au sein de la famille, au stade et ailleurs. Il développe un peu plus sa vision quand il dit: «Il ne suffit pas d’interdire et de réprimer car ce phénomène interpelle les politiques publiques. C’est un problème plus complexe qu’on le croit, il relève notamment de l’intégration des jeunes par l'éducation et l’emploi… Ceci étant il est, tout aussi, utile d’installer dans les stades des systèmes techniques de prévention pour enrayer ce phénomène»
Lekjaa confirme, par ailleurs, l’intention du Maroc de déposer sa candidature par la plus haute autorité du pays: «C’est sûr et c’est officiel, notre pays compte déposer sa candidature au Mondial 2026. Comme vous le savez, le Maroc est devenu un modèle de développement aussi bien au niveau africain qu’international. Il possède donc tous les atouts pour organiser une telle compétition notamment en infrastructures et en télécommunications et ce grâce à la politique éclairée de sa majesté le roi. La réussite de l’organisation de la COP22 en est le parfait exemple »
Cette candidature est d’autant plus nécessaire que la nouvelle formule de la FIFA exclut l’organisation du Mondial aux deux continents qui ont abrité les deux dernières éditions: l’Asie et l’Europe. D’autant plus, enchaine Lekjaa, que cette fois-ci, ce n’est plus le comité exécutif de la FIFA qui va désigner le pays organisateur mais ce sont les 209 fédérations du monde qui participeront à l’élection. Il faut donc se mettre au travail dès maintenant puisque les échéances approchent: dépôt d’intention de candidature à la fin de cette année, étude approfondie des dossiers en 2019 et attribution du Mondial en 2020.
Le président de la FRMF affirme que les concertations ont déjà commencé avec les Etats majeurs de la FIFA et autres confédérations et fédérations. Un processus qui est facilité par la candidature de Fouzi Lekjaa au poste de membre du comité exécutif de la CAF. Depuis plus de quinze le Maroc n’a pas été représenté au sein de la confédération africaine. Avec le retour du Maroc à L’Union Africaine et la stratégie de la coopération Sud Sud initiée par le roi Mohammed VI, le président de la FRMF s’en inspire pour pratiquer une diplomatie sportive parallèle.
Comme par hasard, Fouzi Lekjaa, trouve devant lui un algérien comme concurrent. La partie sera difficile, d’autant que Mohamed Raouraoua qui se représente, siège depuis des décennies au sein de la CAF. Mais l’essentiel est de ne pas rester dans la défensive et d’attaquer sans relâche, comme ce fut le cas pour le retour à l’UA.