Amateur du jeu court à la brésilienne, les supporters marocains ont eu bien du mal à s’habituer aux tactiques de Hervé Renard. À commencer par ses choix effectués pour convoquer des joueurs pas forcément plaisants à voir, mais qui vont travailler pour le groupe. À vrai dire, pour résumer la phase actuelle, on a rarement vu une équipe nationale marocaine aussi italienne. Italienne dans son état d’esprit, dans son pressing, dans les phases de transitions et même au moment du repli. Renard a transformé les Lions de l’Atlas en une véritable machine à presser, qui prend ses adversaires à la gorge pour les étouffer.
Ce qu’on a vu face à la Tunisie était la reproduction exacte de ce qui est arrivé au Burkina Faso quelques jours plus tôt. Des adversaires perdus, non-capables de développer leurs jeux, en se contentant de quelques ballons perdus par les Lions au milieu, pour créer le danger. Le milieu, cette zone sensible et très importante dans un tel système de pressing haut.
Quand les latéraux et ailiers écartent pour couvrir, où rappliquent au milieu de terrain pour presser, Fayçal Fajr, Boussoufa et Ahmadi (Amrabat) deviennent des récupérateurs agressifs, qui attaquent le porteur pour l’empêcher d’avancer balle au pied, en oubliant aucun second ballon. Une tactique qui marche, puisqu’on a rarement vu des percées dangereuses des adversaires, qui avaient bien du mal à franchir le premier et second rideau défensif des Lions de l’Atlas. El Yamiq et Saïss maitrisent à leur tour l’art de l’anticipation, ce qui rendait la tâche encore plus difficile aux Aigles, et pire encore pour les Étalons quelques jours plus tôt.
Toutes ces belles choses nous poussent à croire que la continuité finira par payer d’une manière ou d’une autre. Si Renard ne cache pas son rêve de disputer une coupe du monde aux commandes d’une sélection africaine, il a désormais à sa disposition une machine qu’il a imaginée, avant de la créer pour en faire une solide équipe, différente de ce qu’on a connu durant les 17 dernières années. Une équipe qui défend et qui le fait bien, est une équipe capable de remporter des titres, surtout quand le premier défenseur est l'attaquant de pointe qui empêche les relances.
Le technicien français a déniché un attaquant de pointe de l'ancienne école. Aziz Bouhaddouz est un véritable pivot qui joue très bien dos au but, tout en étant très généreux en terme de pressing et d'effort. Il en a fait ensuite une pièce maîtresse de son système bien huilé, capable d'étouffer ses adversaires.