Vidéo. Portrait: Hakim Ziyech, "The Revenant"

"Il n'a jamais rien prouvé", "De toutes les façons, on n'a pas besoin de lui", "Son football ne marchera jamais en Afrique", "Il est trop arrogant et hautain". C’est un aperçu du florilège de critiques auxquelles Hakim Ziyech avait droit, alors qu’il n’avait joué que 9 matchs avec le maillot des Lions. La raison que le sélectionneur avait choisi pour l’écarter de la CAN 2017 était tout aussi bidon… Renard "Ne voulait pas entasser les talents" puisqu’il a Boussoufa et Belhanda, et même après la blessure de ce dernier, ce n’est pas Ziyech que Renard a convoqué.

Après ça, Ziyech s’est renfermé en refusant de donner des déclarations à ce sujet. Pour répondre aux critiques, il a choisi de mener l’Ajax Amsterdam en finale de l’Europa League (perdue face à Manchester United).

Ne pas dire de bêtises était la chose la plus intelligente à faire avec un sélectionneur de la trempe de Hervé Renard. Et puisque les meilleurs entraîneurs sont ceux qui avouent leurs torts, le Français a décidé de voyager à Amsterdam pour voir Ziyech, discuter, et tourner la page pour ne plus y revenir. La photo des deux hommes sourires aux lèvres a donné espoir aux Marocains, qui cherchaient depuis si longtemps un leader technique aux Lions de l’Atlas.

Pour son grand retour après plusieurs mois d’absence, il a l’objectif de mener les Lions au Mondial russe 2018. Ça passait forcément par un match référence, et vendredi soir face au Mali, Ziyech marchait sur l’eau. Très au dessus techniquement, le meneur de l’Ajax s’amusait sur la pelouse, prenait du plaisir avec les supporters qui lui répondaient à chacun de ses mouvements et passement de jambes.

Hakim et le crochet dévastateur, Ziyech qui fixe 3 adversaires pour décaler son compagnon de route, El Ahmadi qui sert Boutaïb pour finir l’action en triangle. C'est une race rare de joueurs capables de faire le décalage que Ziyech a fait avec une facilité déconcertante. Celle des grands joueurs, qui arrivent tôt à une maturité incroyable. Le produit de Heerenveen a tellement de caractère et de confiance en lui, qu’on oublie souvent qu’il n’a que 23 ans, et qu’il est déjà le patron de l’Ajax Amsterdam, et on parle de l’un des plus grands clubs d’Europe.

Ziyech face au Mali, c’est la revanche du revenant qui a dû batailler pour ce moment de gloire, et qu’est ce qu’il était beau à voir. Après avoir sollicité Amrabat qui lui a rendu la passe, il élimine son défenseur pour viser le petit filet du gardien alors que l’angle était complètement fermé. Une action de grande classe, symbole du retour en force de celui qui deviendra à coup sûr, le patron des Lions.

Le revenant a prouvé qu’il méritait sa place, et que le sélectionneur avait tort de le laisser derrière pour la CAN. Même en jouant sur les côtés, alors qu’il est habitué à être au milieu, Ziyech a parfaitement rempli son rôle et bien plus encore car il n’hésitait pas à aller vers le milieu de terrain pour donner un coup de main lors de la construction ou la récupération.

"The Revenant", ou Hakim Ziyech a même fait mieux que Di Caprio qui a échappé aux griffes d’un ours et survécu à une chute de 30m pour son oscar. Il s’est remis sur pieds après des critiques dures, blessantes et des fois abaissantes, pour faire rêver les Marocains qui n’ont plus d’yeux que pour lui.