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Ligue 1: la bataille des droits TV est lancée

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Les droits TV représentent aujourd’hui 36% des revenus des clubs français. Avec un championnat à l’arrêt, Canal + a déjà annoncé qu’il ne paierait pas son prochain versement. Clubs et diffuseurs aux abois sur le plan financier sont dans le flou.
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D’un côté, un championnat à l’arrêt. De l’autre, des diffuseurs aux grilles vidées. Et au milieu, une manne en suspens… La guerre des droits télévisés a commencé dans le football français, une bataille qui engage la survie financière de nombreux clubs de Ligue 1.

Canal+, le diffuseur historique de la L1, a lancé la première offensive en annonçant à la Ligue de football professionnel (LFP) son intention de ne pas honorer le prochain versement des droits TV de la saison, via une lettre de son président révélée par le quotidien L’Équipe. Si la chaîne cryptée maintient son raisonnement d’ici dimanche, date théorique du paiement de la traite, quelque 110 millions d’euros – 15% du montant annuel total pour la L1 – ne termineront pas dans les caisses des clubs de l’élite, bénéficiaires principaux de ce versement.

Déjà fragilisées par les mesures liées à la pandémie de coronavirus, dont la suspension des matches synonyme d’absence de revenus de billetterie et le report de toute opération événementielle, les écuries de Ligue 1 vont donc devoir intégrer dans leurs projections budgétaires ce nouveau manque à gagner. Il sera bien plus lourd : les droits TV, qui représentent en effet près de 36% des recettes des clubs de L1 pour la saison 2018–2019, sont de loin leur plus grande source de revenus, selon le rapport de la DNCG, le gendarme financier du football français.

Des pertes "quoi qu’il arrive"

Bernard Joannin, le président d’Amiens, a en tout cas "passé en revue tous les cas de figure", y compris celui d’une suspension d’une partie des droits télévisés de la saison. "Quoi qu’il arrive, ce sont des scénarios de pertes", explique-t-il, sans toutefois imaginer le pire. "Avec les diffuseurs, on est dans une relation entre acheteur et fournisseur. Nous ne sommes pas dans un scénario de rupture. Ils ont des problèmes, nous avons les nôtres, un dialogue doit s’instaurer et des solutions seront trouvées", estime le dirigeant, membre du Conseil d’administration de la LFP. "Je ne pense pas que la décision de Canal soit irrémédiable."

L’inquiétude pourrait toutefois grandir si BeIN Sports, l’autre diffuseur du championnat, choisissait d’imiter Canal+. Contacté, le groupe qatari, qui doit lui aussi honorer un versement début avril – de 42 millions d’euros -, n’a pas souhaité communiquer sur ses intentions.

De son côté, la Ligue a insisté sur le fait qu’une partie des versements attendus début avril de la part de Canal+ correspondait à des matches déjà livrés avant la suspension du championnat, pour un montant de 43 millions d’euros. Et le président de la Fédération française de football Noël Le Graët, interrogé par RTL, a martelé qu’il faudrait "faire attention à ce que chacun respecte ses engagements, le football d’abord et nos diffuseurs aussi".

Période d’incertitudes

Mais la chaîne cryptée, dans son courrier adressé à l’instance organisatrice de la Ligue 1 et révélé par L’Équipe, s’est justifiée en expliquant que "la crise sanitaire affect(ait) la quasi-totalité de (ses) activités" et qu’elle était par conséquent "dans l’obligation" de suspendre ses paiements. "L’enjeu est important pour les chaînes : elles ont acheté des droits et les événements ne sont plus accessibles à la totalité des consommateurs", développe Yves Morales, socio-historien au Cresco (centre de recherches, corps, sport) de Toulouse.

Selon lui, la crise risque d’avoir des conséquences plus grandes encore pour les diffuseurs : "Il y a un certain nombre de chaînes qui ont mis aujourd’hui des films et des spectacles en accès gratuit (dont Canal+, passé en clair jusqu’au 31 mars, NDLR). On peut imaginer qu’après avoir vécu cette situation, le spectateur va vouloir revendiquer un meilleur accès au spectacle sportif".

Une période d’incertitudes s’ouvre donc sur le foot français et son financement, d’autant qu’un autre versement est attendu pour début juin de la part de Canal et BeIN. Et pour ajouter au flou, la saison 2020–2021 doit être celle de l’explosion des droits télévisés, qui ont dépassé le milliard d’euros annuel pour la première fois avec l’arrivée sur le marché du groupe Mediapro, diffuseur majoritaire pour la période 2020–2024.

Mais tant que la fin de saison 2019–2020 n’est pas reprogrammée, le calendrier de la saison prochaine est, lui aussi, en suspens. "Au Conseil d’administration de la LFP d’entamer le dialogue avec le nouveau diffuseur pour caler une date plausible de début de championnat", exhorte Bernard Joannin. Conscient toutefois qu’avant de pouvoir "mettre en place des plans d’action, il faudra connaître l’issue de cette pandémie"

Par Le360 (avec AFP)
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