Exclu360. Les vérités de Renard: Partie 2

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Dans un entretien exclusif avec Le360sport, le sélectionneur national balance ses vérités et se livre sans concessions sur son travail, ses joueurs et son avenir. Dans cette deuxième partie, il est question de Dirar, Mendyl, Boussoufa et El Zhar. Renard répond à tout.

Le 30/10/2018 à 19h48, mis à jour le 31/10/2018 à 11h38

Le360sport : Walid Azaro est un buteur, ce qui fait défaut aux Lions, pourquoi n’a-t-il pas plus de temps de jeu?

Hervé Renard: C’est un joueur que je connais depuis son époque marocaine. Grâce à ses performances il a signé dans un très grand club, Al-Ahly, et au moment où il est parti là-bas, la sélection s’est montrée performante dans les éliminatoires à la Coupe du Monde. À ce moment-là Boutaïb a marqué des buts importants, Puis Ayoub El Kaabi est entré dans le groupe après son CHAN triomphal. Boutaïb on aime ou on n’aime pas mais il met des buts. Il y a des moments clés dans une génération et je suis persuadé qu’après la Coupe d’Afrique 2019, beaucoup d’éléments de cette équipe vont prendre leur retraite internationale et il faudra enchaîner avec des joueurs comme Walid Azaro. Je vois ses performances. Quand on est entraîneur on vit avec une réalité : si on met un joueur il faut en enlever un autre. Il faut trouver un bon équilibre. Azaro fait partie du groupe c’est le plus important.

Medhi Benatia s’est mis en retrait de la sélection. Que pensez-vous de son choix?

Hervé Renard: En ce qui me concerne je comprends à 100% le choix de Medhi (acquérir du temps de jeu en club pour retrouver la sélection ndlr). Je suis en parfaite adéquation avec lui. J’accepte la décision car je n’ai pas l’habitude de brûler ceux que j’ai aimé et qui m’ont beaucoup apporté. Je n’ai pas la mémoire courte contrairement à certains.

Est-ce qu’il sera là pour affronter le Cameroun?

Si ça ne tenait qu’à moi il serait là. Maintenant on ne force pas un joueur à revenir, on lui demande de revenir…c’est quelqu’un que j’estime beaucoup et c’est, que ça plaise ou non, l’un des plus grands joueurs de l’histoire du football marocain.

Le comportement d’Hamza Mendyl sur les réseaux sociaux a choqué beaucoup de monde, qu’en pensez-vous, et pourquoi a-t-il joué le match retour aux Comores?

C’est inacceptable. Mais la sanction il faut pouvoir la donner. Au stage précédent il est resté dans les tribunes pour le deuxième match pour indiscipline (retard). Puis il a fait de bonnes performances en Ligue des Champions avec Schalke 04, mais comme j’ai dû me passer des services de Mazraoui et  Dirar, il a pu jouer ce match. Mais il faut le surveiller comme l’huile sur le feu. C’est un jeune qui fait preuve parfois de trop d’insouciance.

La Fédération va-t-elle le sanctionner?

Il doit être réprimandé. Au moins un avertissement. Si ça se reproduit il y aura une sanction inévitable. Il y a des devoirs à respecter et c’est valable pour tout le monde.

Vos listes sont parfois surprenantes et largement commentées. Comment les justifiez-vous?

Hervé Renard : J’ouvre régulièrement mon groupe à de jeunes joueurs comme Achraf Dari même si d’autres plus expérimentés pourraient être à sa place. Je considère que pendant les 10 jours de stage je vais en savoir beaucoup plus sur lui. J’ai fait la même chose avec Mazraoui, beaucoup s’en sont étonnés, mais je pense qu’aujourd’hui ils ont la réponse à leurs questions. Enfin j’espère qu’ils ont la clairvoyance de comprendre le pourquoi du comment. Mazraoui aujourd’hui est plus qu’un bon joueur.

J’ai des objectifs à atteindre. Après la qualification pour le Mondial nous devons atteindre la CAN 2019. Puis la Fédération me fixera un objectif pour le tournoi. Donc je procède comme je l’ai toujours fait, avec quelques réussites je pense. Si on est venu me chercher c’est pour faire ce que j’ai déjà su faire. Alors que personne ne s’en offusque ou ne soit surpris. Attendons la fin de l’histoire pour savoir si je vais remplir ma mission à la tête de l’équipe nationale du Maroc. Tout le reste me laisse de marbre.

Qui sera la surprise de la liste pour le Cameroun?

Hervé Renard : Y’aura peut-être un retour. Je pense que par ses performances Sofiane Boufal (Celta Vigo) mérite de revenir. Je le connais mieux que quiconque puisque je l’ai dirigé en club. C’est bien qu’il soit resté un peu en dehors de l’équipe nationale et j’espère qu’il va revenir encore plus fort et avec un état d’esprit un peu différent.

Pourquoi ne pas l’avoir appelé quand Ziyech était forfait?

J’ai pensé que le contexte ne se prêtait pas à son retour. Je ne voulais pas qu’il pense que je le prenais en roue de secours. Sur ses qualités intrinsèques, Sofiane fait partie, et de loin, de ce groupe du Maroc.

Ce groupe est-il fermé à El Zhar ou El Arabi?

Hervé Renard : J’ai entretenu de très bonnes relations avec Youssef. Concernant Nabil El Zhar, aujourd’hui nous avons un style de jeu qui est fait de pressing et de récupération haute sur le terrain donc il faut que les joueurs puissent se calquer à ce système de jeu. Je ne vais pas le changer alors qu’on le travail depuis deux ans et demi. Pour moi El Zhar n’a pas ce profil, même si je le félicite pour ses bonnes performances en club. Mais dans mes choix je veux rester cohérent avec moi-même. Je ne me suis disputé avec personne depuis que je suis au Maroc. Je suis capable d’expliquer à un joueur ce que je recherche. Il peut me le donner ou pas. Ce qui ne veux pas dire que ce joueur ne sera jamais appelé. Tous les joueurs doivent être convaincus qu’ils peuvent avoir leur chance un jour. Quand on fait des choix on ne peut pas faire l’unanimité et on ne peut pas faire plaisir à tout le monde.








Par Le360 Sport
Le 30/10/2018 à 19h48, mis à jour le 31/10/2018 à 11h38