“Il m'a fallu des années pour réaliser que c'était du viol”, dit à l'AFP Kim Eun-hee. “Et pendant deux ans, il n'a pas cessé de me violer. Il me disait que c'était un secret entre lui et moi”.
A 27 ans, la jeune femme parle pour la première fois à un média international, balayant son droit à l'anonymat pour dénoncer les agressions sexuelles infligées aux sportives par leurs entraîneurs.
Le système des camps d'entraînement, qui ressemble au modèle communiste qu'on trouve par exemple en Chine, est réputé avoir permis à la Corée du Sud de se dépasser. Mais c'est aussi un terrain fertile pour les abus, particulièrement chez les mineures dont la vie est étroitement contrôlée par les entraîneurs.
“L’entraîneur était le roi de mon monde, il dictait tout de ma vie quotidienne, de la façon de faire les exercices au moment où je devais dormir et ce que je devais manger”, poursuit Kim. Elle dit aussi avoir été régulièrement frappée dans le cadre de sa “formation”.
Kim Eun-hee a continué à jouer au tennis, croisant son agresseur lors d'un tournoi voici deux ans. Ce qui fit ressurgir son traumatisme.
“J’étais horrifiée de voir que mon violeur avait continué à entraîner des jeunes joueuses de tennis pendant plus de dix ans comme si de rien n’était”, raconte-t-elle. “Je me suis dit, je ne vais pas le laisser continuer à agresser des petites filles”.
Elle a déposé plainte contre son agresseur, qui fut condamné à 10 ans de réclusion.
Aujourd'hui retirée de la compétition, Kim Eun-hee enseigne le tennis à de jeunes enfants dans une gym municipale.