A 23 ans, Seville a impressionné cette saison en dominant le champion du monde américain du 100 m Noah Lyles à Kingston début juin en 9 sec 82, avant de réussir le même chrono lors des sélections jamaïcaines fin juin, derrière Kishane Thompson (9.77).
Question: au'avez-vous appris aux Jeux de Tokyo en 2021 (éliminé en demi-finale du 100 m)?
Réponse: «j'étais très jeune à Tokyo, j'avais 20 ans. Cette saison olympique n'avait pas été très bonne, j'avais connu quelques problèmes. J'y étais allé pour acquérir de l'expérience pour les années suivantes, j'en manquais. Tout a vraiment débuté dans l'Oregon en 2022.»
Q: aux Mondiaux de Eugene vous terminez 4e du 100 m, puis de nouveau 4e l'an passé à Budapest…
R: «j'ai appris lors de ces championnats à gérer la confrontation avec des adversaires très forts, contre lesquels je dois tout faire parfaitement. Ces dernières saisons j'ai toujours été freiné par des blessures, je n'étais jamais au mieux physiquement. Cette année je n'ai aucun problème, c'est pour l'instant ma meilleure saison. Et j'ai prouvé aux sélections jamaïcaine que j'étais capable d'atteindre mon objectif olympique.»
Q: avec vous et Kishane Thompson, la Jamaïque peut-elle retrouver le sommet du sprint masculin?
R: «bien sûr, nous avons aussi Ackeem Blake, nous avons tous les trois couru en moins de 10 secondes, et nous avons tous moins de 25 ans (Blake et Thompson ont 22 ans). Les trois Américains qualifiés pour Paris ont tous plus de 25 ans. Le futur nous appartient.»
Q: pouvez-vous gagner dès Paris?
R: «l'un d'entre nous peut se retrouver au sommet à Paris, et je me compte dans le lot. Je fais partie des prétendants à la médaille.»
Q: pourquoi courrez-vous très peu hors de Jamaïque?
R: «ce n'est pas vraiment une stratégie, j'ai eu ces dernières années des problèmes physiques, au dos et au niveau des ischio-jambiers, qui sont connectés. J'ai aussi eu des douleurs à un orteil qui m'ont empêché de beaucoup courir le 200 m (il ne disputera que le 100 m aux JO). J'ai du mal à courir le virage, la douleur est inconfortable. Mais j'en ai tout de même couru un rapide cette année (20.17).»
Q: suiviez-vous l'athlétisme lorsque vous étiez enfant?
R: «on regardait tous Usain Bolt quand on était enfants!»
Q: vous partagez désormais le même entraîneur Glen Mills...
R: «je voulais que Glen Mills soit mon coach, j'en rêvais. C'est un bonheur de travailler avec cet homme très intelligent.»
Q: Bolt vient-il parfois à l'entraînement?
R: «Usain nous rend parfois visite. Il sait ce que l'on vit, il comprend tous les aspects de notre sport.»
Q: vous donne-t-il des conseils?
R: «il m'avait dit, il y a longtemps: +tu dois trouver ta motivation profonde+. Il me disait que pour lui c'était sa famille. Ma propre famille a toujours voulu ma réussite, donc j'ai trouvé cet équilibre, j'essaie de faire de mon mieux pour rendre ma famille heureuse. Depuis le décès de mon père (en 2018), c'est ce qui me guide.»
Q: être un sprinter jamaïcain après Bolt, n'est-ce pas trop de pression?
R: «je ne dirais pas que c'est un poids. La Jamaïque a une grande histoire en sprint masculin, avec beaucoup de médailles, grâce à Usain Bolt et d'autres sprinters comme Asafa Powell et Yohan Blake, donc c'est à moi d'embrasser cet héritage. C'est juste une question de perspective. Il faut simplement l’accepter.»
Q: que pensez-vous du record du monde du 100 m d'Usain Bolt (9.58 en 2009)?
R: «je préfère ne pas penser aux records. Je suis à des années lumière de ce chrono!».