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La crise du Raja décryptée par une psy

Public du Raja de Casablanca. © Copyright : DR
Entre les supporters du Raja et les dirigeants du club, ce n’est pas l’amour fou. Les fans, en colère après la défaite contre le Wydad en Botola, veulent du changement aux niveaux technique et managérial. Comment un club aussi prestigieux en est-il arrivé là? Nous avons posé la question à une psy. Analyse.
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C’est un secret de polichinelle, les dirigeants du Raja de Casablanca et les supporters du club sont en instance de divorce. Les premiers n’arrivent pas à sortir l’institution de la crise financière qui la gangrène depuis des années, et les seconds campent sur leur position et réclament la tête de tout le monde. Les dirigeants doivent-ils céder à la pression? Les fans ont-ils le droit d’imposer leur décision? Le RCA peut-il s’en sortir? Imane Kendili, psychiatre, répond à ces interrogations. 

Quand les supporters prennent le pouvoir 

La vox populi a parlé. Suite à la défaite du Raja lors du dernier derby casablancais face au Wydad (2-0, le 21 mars 2021), les supporters, via des communiqués et un sit-in devant le siège du club, ont demandé la démission de l’entraineur Jamal Sellami, ainsi que tous les membres du comité directeur. Une situation qui rappelle celle vécue par l’autre club de la métropole à l’époque du président Abdelilah Akram. Cible d’une énorme vague de protestations, le dirigeant des Rouges a été contraint de laisser sa place à Said Naciri, en juin 2014.

Mais comment se fait-il que des supporters, censés encourager leur équipe lors des rencontres, s’octroient le droit d’imposer leur décision aux dirigeants? Pour Imane Kendili, “les fans se donnent ce semblant de droit de dicter leurs choix à une direction, qui, elle, utilise ce support public comme un argument pour négocier telle ou telle décision. Mais, en réalité, les passionnés du football n’ont que le droit d’avancer leur point de vue, qui peut ne pas être pris en compte, car au final, ce sont d’autres paramètres qui président au choix d’un groupe, d’une politique du club et des objectifs tracés pour tout l’ensemble”.

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Or, les supporters marocains, dont certains sont passés du stade de fan au fanatisme (le concept Ultras), ne se contentent plus du rôle de figurant. “Ce comportement trouve ses racines dans les failles comportementales des supporters. On se met à aimer avec rage un club, dans une posture qui confine à la religiosité, le sport étant réellement l’opium des peuples. Nous sommes dans l’arène, comme au temps des Romains, les joueurs sont des espèces de gladiateurs modernes, qui font vivre des passions disparates, par procuration, à des masses qui ont un besoin impérieux de se défouler, d’exorciser des pressions et des problèmes d’ordre social, avec des causes psychiatriques pures. Venir voir un match de foot chargé de colère, c’est une manière de manifester une forme de refus et de protestation”, analyse le docteur. 
 
Comment sortir de cette situation?

Le football, plus que d’autres sports a cette particularité d’être une pratique qui joue sur le mental des troupes, des entraîneurs et du staff dirigeant. Il y a des attentes, il y a des enjeux, il y a de l’argent en jeu, il y a l’impératif du résultat, il y a les attentes des supporters et l’honneur du club eu égard à son histoire, comme c’est le cas pour une grande équipe comme le Raja de Casablanca. “Les dirigeants et les entraîneurs sont des hommes ou des femmes comme les autres. La pression ne peut être vécue de la même intensité par tel ou tel autre individu. Certains se surpassent dans la pression et font preuve de force de caractère et de ténacité. D’autres flanchent et craquent. C’est une conjonction entre la peur de l’échec qui paralyse et l’angoisse de faire durer une situation toxique, stressante et intenable”, ajoute Imane Kendili, qui donne le type de comportement à adopter pour faire fi de cette pression: “Il faut tout simplement avoir une grande confiance en soi et avoir les nerfs solides, un mental d’acier, de l’expérience, de la force de caractère, une habilité au dialogue et au partage, le sens de l’écoute et l’intransigeance couplée à la rigueur et la détermination”. 

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L’entraîneur et la direction des Verts doivent donc être convaincus par leurs méthodes de travail, montrer leur confiance et l’insuffler aux autres, parce qu’au final, les supporters n’aiment que ceux qui gagnent. “C’est tout ce qui les intéresse. Ils veulent voir leur équipe gagner et tout le temps, parce qu’ils sont intolérants aux échecs et aux mauvais résultats. Ils ne se préoccupent aucunement de l’identité du manager. Ils veulent le voir faire jouer leurs joueurs favoris et ils veulent des buts. N’importe qui, capable de leur garantir ces deux désirs, est considéré comme la bonne personne. Sauf que les entraîneurs ont leur logique et doivent agir et faire des choix selon les impératifs du moment et du club”, conclut Imane Kendili. En gros, un staff qui veut satisfaire le public va droit dans le mur.​

Par Adil Azeroual
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