Plus de buts, moins de violence!

Avant d’évoquer la reprise, un petit mot sur le mercato d’été. Il est étonnant ce mercato, surtout quand on observe les mouvements qui ont affecté les deux favoris, les deux géants casablancais. On ne compte plus le nombre d’éléments passés allégrement d’un club à l’autre.

Hamid Aheddad, principal attaquant du Raja, est passé au Wydad… auquel il avait causé bien des misères par le passé, y compris quand il évoluait à El Jadida. Et que dire de Faouzi Benzarti, qui avait déjà défrayé la chronique en quittant le Raja pour le Wydad, et qui vient de retrouver le Raja comme si de rien n’était.

Ces mouvements n’ont évidemment rien de scandaleux. Mais ils restent étonnants quand on connait la rivalité entre les deux meilleurs clubs marocains. Fréquentes en Botola, ces «infidélités» restent rares dans la planète foot. Il faut se lever tôt et être sacrément culotté pour passer du Real au Barça ou à l’Atletico, de l’Inter au Milan AC, de Benfica à Porto.

En tout cas, ces mouvements d’un club à l’autre nous promettent de chaudes empoignades pour le derby…

Par ailleurs et en dehors des deux clubs casablancais, qui feront encore office d’immenses favoris, il est difficile de se prononcer sur les 14 autres. Berkane peut jouer les trouble-fêtes et le FUS aussi, même si le club de la capitale a lâché quelques pépites (Moubarik, Lahtimi). Le MAS de Fès peut également viser le podium, mais à condition de jouer pour gagner et pas seulement pour éviter de perdre.

C’est là le mal profond de ce championnat, qui continue d’enregistrer un nombre record de matchs nuls. Viser un point au lieu de trois, cela dénote d’un manque d’ambition. Ce n’est pas de moyens mais d’ambition, que beaucoup de pensionnaire de ce «GNF1» manquent. Ambition dans le jeu, bien entendu.

Ambition donc, mais aussi générosité offensive, prise de risques, volonté d’aller de l’avant. Les entraineurs portent la responsabilité de ce manque, eux dont la plupart pensent à bétonner et à laisser les joueurs créatifs sur le banc.

En dehors des nuls, la plupart des matchs se règlent par un but d’écart, sans plus. Il suffit de lire les résultats de la saison en Botola. Ce n’est pas un hasard mais une constante, une philosophie. Cela veut dire qu’il y a une culture et une mentalité générale: avec un but d’avance, on ne cherche pas le break mais on arrête de jouer. Cette culture, il faut la changer.

Depuis quelques années, la fédération a multiplié les communications pour familiariser les joueurs avec les nouvelles règles de l’arbitrage. Belle initiative. On a l’impression que les joueurs, mais aussi et surtout les entraineurs, ont besoin de prendre part à des «séminaires» sur la culture du jeu. Au cas où on l’aurait oublié, le football est plus que jamais spectacle et plaisir, c’est-à-dire des émotions et des buts. Il en faut pour décrocher les meilleurs contrats avec les diffuseurs et les sponsors.

Quant aux dirigeants de clubs, il faudra leur apprendre à encadrer leurs ultras. C’est une nécessité dans le football moderne. Quand un match dégénère, ce n’est pas seulement la faute du service d’ordre et des autorités de la ville. A l’intérieur du stade, le club aussi est responsable du comportement de ses supporters. Parce que c’est lui qui contrôle l’accès au stade.

Si, en cette année de Mondial où la Botola subira une longue coupure, on arrive à promouvoir la culture du jeu offensif et à redéfinir la relation entre les clubs et les supporters, en responsabilisant davantage les uns et les autres, on aura fait de la saison qui s’ouvre une grande et franche réussite. Le football professionnel, c’est cela aussi.

A bon entendeur.