Le cas Benzema continue la planète du foot parce que voilà un attaquant de classe mondiale qui n’est pas sélectionné et ne joue plus pour son pays. Dans le football actuel, c’est un cas assez unique. KB9, comme on l’appelle, nous interpelle particulièrement parce qu’il est Maghrébin et que certains, beaucoup même, le trouvent victime de «délit de faciès».
On l’a vu hier, dans le classico, planter un but exceptionnel face au Barça. Encore un but important pour le Real Madrid, et encore un but venu d’ailleurs. Tous ceux qui ont déjà vu de près Karim Benzema savent que cet attaquant racé possède un contrôle et un toucher de balle extrêmement soyeux. Un délice. Mais sa force principale, en plus de sa technique, réside dans ses courses et déplacements.
Sur l’ouverture du score face au Barça, le grand public retient le geste ultime, la talonnade, la spéciale «Madjer» qui va au fond. Mais le connaisseur, celui qui analyse et garde le recul, retient surtout les quelques secondes qui ont précédé le but : la course de Benzema, l’appel, ce turbo qu’il a mis dès que Valverde a relayé Lucas Vasquez sur le côté, la manière avec laquelle KB9 s’est démarqué au premier poteau alors qu’il se trouvait loin derrière le défenseur… Du grand art, rien à dire.
Le geste final, la «Madjer», n’est que la cerise sur le gâteau, c'est-à-dire la conclusion d’une série d’enchainements où, du début à la fin, tout a été parfait.
Comment un tel joueur peut-il, décemment, continuer à être boudé par son sélectionneur?
Bien sûr, la réponse la plus facile, et que beaucoup n’hésitent pas à crier très fort: «Si Benzema pouvait être un peu plus Français… Il redeviendrait sélectionnable». Traduisez: ses origines arabes jouent contre lui !
Mais c’est trop facile. La réalité, et c’est pour cela que ce cas est intéressant à considérer, c’est que la sélection française est devenue championne du monde sans Benzema. Cela veut dire qu’elle n’avait pas forcément besoin de lui. Et que son sélectionneur bénéficie d’un «totem» absolu, il a gagné alors il est libre de faire les choix qu’il veut.
La nature du problème n’est pas sportive. Une équipe, une sélection, ce sont des rassemblements d’êtres humains. Il y a le chef, le général, c'est-à-dire l’entraineur (ou sélectionneur), et il y a les troupes, c'est-à-dire les joueurs. Pour espérer créer une alchimie, et prétendre plus tard à des résultats obtenus par ce groupe d’hommes, il faut d’abord et avant tout que la cohabitation soit possible entre les uns et les autres.
Sans cohabitation (entre l’entraineur et les joueurs, et à l’intérieur du groupe des joueurs), il n’y a strictement rien à faire, rien à espérer.
C’est cela en définitive le problème qui empêche l’un des meilleurs attaquants du moment de jouer en sélection. Et c’est exactement cela qui avait aussi empêché, par le passé, d’autres grands joueurs de briller plus longtemps en sélection (le cas de Schuster en Allemagne, dans les années 1980, reste le plus emblématique).
Au Maroc aussi, on a eu un cas de cohabitation difficile entre l’ancien sélectionneur Hervé Renard et Hakim Ziyech, le meilleur atout offensif des Lions de l’Atlas. S’il n’avait pas été réglé à temps, la sélection marocaine n’aurait peut-être jamais foulé les pelouses russes lors du Mondial 2018…
2 commentaires /
pour mémoire, en sélection française, il ne marque pas, sans lui la France est quant même championne du monde, que dire de ses qualités morales pour un sportif (sextape...)