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Comment l’Afrique du Sud a créé la crise de Sebta

Les militaires espagnols matraquent des migrants sans défense. © Copyright : AP
Cette déferlante, qualifiée de tsunami marocain, n’est pas le fait du pays des Lions de l’Atlas, mais de l’Afrique du Sud. Je vous explique.
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Je ne sais pas pour vous, mais avec ce changement climatique abrupt, on se sent complètement patraque. J’étais même prêt à déclarer forfait pour cette chronique. Mais, je n’ai pu résister à l’appel du devoir et, surtout, à celui bien réel du patron qui exigeait la livraison illico presto des écrits. Je m’exécute, donc, choisissant comme thème un autre sujet que l’affaire Brahim Ghali, alias Mohamed Benbattouche. 

Oui, d’accord, le scénario est ficelé comme un pitch de film hollywoodien: un assassin-violeur, avec un faux passeport algérien, entre en Espagne, pays de ses victimes, pour se faire soigner. Certes, la mise en scène, c’est carrément du Spielberg, entre atterrissage dans une base militaire, vraies-fausses fuites dans la presse et déclarations tonitruantes. Mais tout cela ne m’émeut pas outre mesure. L’affaire reste basique: un criminel de guerre tente de fuir la justice, avec l’aide de son sponsor officiel algérien. Il doit être puni. Point, à la ligne. 

Non, pour moi, la véritable actualité, ce sont les milliers de candidats à l’immigration clandestine qui ont pénétré l’enclave occupée de Sebta. Mais que l’on ne s’y trompe pas. Cette déferlante, qualifiée de tsunami marocain, n’est pas le fait du pays des Lions de l’Atlas, mais de l’Afrique du Sud. Je vous explique. 

En 2010, la nation arc-en-ciel et devenue le premier pays africain (et le dernier) à accueillir une phase finale de Coupe du Monde de la FIFA. L’Afrique du Sud était en concurrence avec le Maroc, mais l’instance dirigeante du football mondial a décidé d’octroyer cet honneur au pays de Nelson Mandela. Des médias internationaux ont révélé que des membres du conseil de la FIFA, présidé par Sepp Blatter, avaient touché des pots de vin, mais ce n’est pas notre sujet. 

Que vient faire le pays le plus méridional du continent africain dans une affaire qui se passe à l’extrême nord? Patientez!

Cette année-là, un grand nombre de nos compatriotes avaient naturellement cru à la Coupe du Monde au Maroc. Il faut dire que «Morocco 2010», ça a quand même plus de gueule que «South Africa 2010»! 

Ah, ç’aurait été génial, Morocco 2010! Pas pour «les retombées bénéfiques pour le développement économique et l’image du pays», comme ils disaient à la télé. Ça, ils s’en foutaient, les jeunes! Ce qui les faisait rêver, c’était surtout la perspective... du hrig. Explication: pendant que le Comité Maroc 2010 s’escrimait à défendre le dossier marocain, à coups d’invitations, de séminaires et de cadeaux, des milliers de nos concitoyens, eux, préparaient minutieusement leur stratégie. 

Pour ne pas lasser le lecteur, je la résume en 3 points. Étape 1: faire une sélection parmi les équipes qualifiées, avec le secret espoir que le Danemark, la Suède et les Etats-Unis en fassent partie. Etape 2: assister aux matchs desdites équipes, en se rapprochant le plus près possibles de leurs supportrices. Etape 3: séduire une supportrice et la convaincre du mariage dans un délai inférieur à 2 semaines (le Danemark, la Suède et les USA restent rarement plus longtemps dans la compétition). Et voilà! Quelques mois plus tard, les Hamid, Redouane et autres Khalid se transformaient en M. Hamidssen, M. Khalidssön ou Red One. Il a fallu que ces Sud-africains s’en mêlent, faisant voler en éclats leurs rêves. Résultat, ils se contentent de revoir sur Youtube, les séquences des matchs de cette Coupe du Monde 2010 et plus précisément les plans serrés sur les supportrices. Et dire que certaines d’entre elles allaient devenir leurs femmes. 

Par Adil Azeroual
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