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Election CAF–FIFA: un “Game of Thrones” scénarisé d’avance

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Le scrutin pour la désignation d’un nouveau président de la CAF et des représentants du continent au Conseil de la FIFA se joue en marge de la finale des U20 qui se déroule à Nouakchott. Le scénario concocté en début de semaine à Rabat a de fortes chances d’être concrétisé.
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Fouzi Lakjaâ et son staff de la Fédération royale marocaine de football ont embarqué ce matin à destination de la Mauritanie. Demain se jouera, à Nouakchott, la finale de la Coupe d’Afrique des Nations U20. Une compétition à laquelle les Lionceaux de l’Atlas ont pris part, avant de se faire éjecter aux tirs au but en quart de finale. Mais la Fédération marocaine est sur un autre «game» pour ce conclave africain. Avant la finale, le bureau de la CAF tiendra une réunion cruciale. L’enjeu: l’élection du nouveau président de la Confédération africaine de football (CAF).

Le 12 mars à Rabat se tiendra l’assemblée de la CAF qui devrait renouveler ses instances. Une chose est sure: Ahmad Ahmad, le président sortant malgache est déjà hors-jeu. Le président de la FIFA a lui-même levé son drapeau pour le mettre définitivement hors course. Un rapport cinglant de la commission d’éthique de la FIFA avait énuméré les infractions commises par le successeur de Issa Hayatou qui prônait les valeurs de l’intégrité, de l’indépendance, de la transparence, de l’équité et de la reddition des comptes. Au terme de son mandat, Ahmad Ahmad aurait manqué à son devoir de loyauté (article 15), accepté et distribué des cadeaux et autres avantages (art. 20), abusé de son pouvoir (art. 25) et même détourné des fonds (art. 28), selon le code d’éthique de la FIFA.

L’instance basée à Zurich ne s’est pas gênée pour s’immiscer dans les affaires de la Confédération africaine. Gianni Infantino veut aujourd’hui une CAF nouvelle, transparente mais aussi qui sert ses intérêts. Les enjeux sont de taille selon les spécialistes: droits TV et sponsoring sur ce marché en pleine croissance qu’est le continent africain, qui va à un moment ou un autre profiter d’un effet rattrapage. La FIFA voulait donc définitivement rompre avec la formation d’Ahmad Ahmad, dont certains lui tenaient tête, et injecter du sang neuf dans la Confédération. Infantino avait même son favori: le Sud-africain Patrice Tlhopane Motsepe.

Plus que le gendre idéal aux yeux de la FIFA, ce richissime homme d’affaires (propriétaire entre autres de la compagnie Sanlam qui s’est payé Saham Finances en 2018 pour plus d’un milliard de dollars) a des liens familiaux avec les hommes les plus puissants du pays, notamment les figures politiques de l’ANC, le mythique parti de Nelson Mandela qui domine en Afrique du Sud. Une de ses sœurs est d’ailleurs mariée au président en exercice Cyril Ramaphosa.

Bien qu’il ait été adoubé par la FIFA, la partie était loin d’être gagnée pour Motsepe. Ses challengers sont des poids lourds du football africain: il s’agit de l’Ivoirien Jacques Anouma, un ancien membre du Comex de la FIFA, et des deux dynamiques présidents de fédération nationales, le Sénégalais Augustin Emmanuel Senghor et le Mauritanien Ahmed Yahya. Mais la diplomatie chérifienne était là pour lui baliser le terrain.

Selon des sources proches de la Fédération royale marocaine de football (FRMF), les élections au sein de la CAF sont déjà pliées. Après que le ministère des Affaires étrangères ait obtenu de Gianni Infantino des garanties que son candidat ne porterait pas atteinte aux intérêts du Royaume -d’où la rencontre entre le président de la FIFA et Nasser Bourita le 24 février dernier- la diplomatie marocaine s’est mise en branle pour convaincre les trois challengers de se rallier derrière le candidat préféré de la FIFA. A la manœuvre, on retrouve évidemment l’inoxydable Fouzi Lekjâa.

«Une réunion s’est tenue lundi avec la présence de tous les candidats», nous confie notre source. «Le futur président de la CAF sera bel et bien Motsepe, mais il aura comme 1er et 2ème vice-présidents, Emmanuel Senghor, tandis que Jacques Anouma sera conseiller du président.» C’est la composition du bureau qui sera approuvée au matin du 6 mars à Nouakchott, au cours d’une réunion à laquelle devrait assister le président de la FIFA. Mais un tel scénario n’est pas encore définitif, à se fier aux déclarations de l’Ivoirien Jacques Anouma à l’AFP. «Je suis choqué. On met plus en avant une distribution de postes qu'un accord pour aller vers l'unité. On a l'impression qu'on a sacrifié l'Afrique sur l'autel de nos ambitions personnelles», s'est-il emporté à l’issue de la réunion de Rabat.

Seul contre tous, l’Ivoirien ne risque pas d’influer sur cet accord qui aurait eu l’aval des autres candidats et qui devrait être scellé en Mauritanie, avant d’être officialisé le 12 mars au Maroc. Ce consensus obtenu démontre le tact de la diplomatie sportive marocaine, qui jette par la même occasion les ponts avec un des hommes les plus influents d’Afrique du Sud, un pays avec lequel les canaux de communication sont quasi inexistants.

Mais aussi un tel ménage à quatre sert fort bien les intérêts du président de la Fédération marocaine. Il sort vainqueur de sa course pour un fauteuil dans le Conseil de la FIFA sans avoir à jouer. En neutralisant la candidature du Mauritanien Ahmed Yahya, les deux places nord-africaines à ce Conseil se retrouvent promises à l’Égyptien Hani Abou Rida et au Marocain. Enfin, en siégeant à Zurich, il va sans dire que Fouzi Lakjaâ va forcément rempiler pour un troisième mandat à la tête de la FRMF…

Par Adil Azeroual
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