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La frilosité du mercato hivernal, signe d'un football en crise

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Après un mercato estival déjà timide, la rareté des transferts cet hiver témoigne de la crise économique qui mine le football, au risque de fragiliser les petits clubs et de creuser les écarts sportifs.
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A trois jours de l'échéance, lundi soir, aucun mouvement ne supporte la comparaison avec l'arrivée l'an dernier du talentueux milieu offensif Bruno Fernandes à Manchester United, acheté pour 55 millions d'euros au Sporting Portugal.

Nombre de joueurs sont partis en prêt, une tendance qui se renforce, de Moussa Dembélé (passé de Lyon à l'Atletico Madrid) à Martin Odegaard et Luka Jovic, envoyés par le Real Madrid à Arsenal et à Francfort.

"Ce n'est pas normal le nombre (bas) de mouvements", a constaté le directeur sportif de Marseille Pablo Longoria.

"C'est un renversement de situation assez drastique, encore plus cet hiver que l'été dernier", constate auprès de l'AFP Raffaele Poli, responsable de l'Observatoire du football CIES à Neuchâtel.

La Fifa a mesuré en 2020 la première érosion des transferts internationaux depuis dix ans (-5,4% sur un an), liée au choc de la pandémie de Covid-19 sur un secteur aux finances déjà fragiles.

Pour des clubs privés de leur billetterie par le huis clos, et confrontés au recul des droits TV et de leurs recettes commerciales, "ce n'est pas le moment d'investir de l'argent qu'on n'a pas", résume le chercheur.

Besoin de cash 
Car si les compétitions ont pu reprendre depuis l'arrêt total du printemps 2020, le Covid-19 devrait assombrir l'ensemble de la saison 2020-21, avant un retour à la normale que plus personne ne se hasarde à prédire.

Pour le football européen, "le scénario de base porte sur 6,5 à 8,5 milliards d'euros" de manque à gagner sur les deux saisons cumulées, affirmait mercredi Andrea Agnelli, le patron de la Juventus Turin et du syndicat européen des clubs (ECA), sans préciser la source de ses données.

Côté trésorerie, "environ 360 clubs ont besoin d'injections de cash, que ce soit sous forme d'endettement ou de capitalisation, pour un total de 6 milliards d'euros sur deux ans", ajoutait le dirigeant italien.

Or "les instituts de crédit ne sont pas très enclins à financer le football", observe Raffaele Poli, et la nécessité de recourir à des fonds privés rend "le coût de la dette énorme pour certains clubs".

Par ailleurs, le ralentissement des transferts pénalise surtout les clubs de milieu de tableau et les championnats de second rang: outre la billetterie, leur modèle économique repose sur la formation ou le développement de joueurs cédés aux clubs plus fortunés.

Superligue et clubs-viviers 
Avec l'érosion des recettes, leurs charges fixes représentent désormais un boulet de plus en plus disproportionné, gonflé par la flambée salariale depuis dix ans dans le foot européen.

Les salaires des joueurs, qui absorbaient autour de 60% des revenus des clubs avant la pandémie, devraient monter cette saison à 76% dans les championnats hors du Top 5 (Angleterre, Allemagne, Espagne, Italie, France), prédisait en juillet dernier une étude de l'ECA.

Mais loin d'inciter à la solidarité, la crise pousse les cadors du continent à sécuriser leurs rentrées d'argent, d'autant que certains d'entre eux vivent depuis longtemps au-dessus de leurs moyens, à l'image du FC Barcelone et sa dette abyssale.

D'où le retour depuis octobre des rumeurs autour d'une possible "Superligue" fermée regroupant 15 à 20 grands clubs européens, avides de revenus supérieurs à ceux que leur procure déjà la Ligue des champions.

Parallèlement, Raffaele Poli a vu s'accentuer en 2020 "la prise de possession par des clubs plus riches de clubs tremplins ou intermédiaires, pour contrôler un bassin de talents plus important", comme le fait par exemple la galaxie des clubs Red Bull.

City Football Group, qui chapeaute Manchester City avec des fonds émiratis et chinois, a ainsi ajouté l'an dernier deux clubs à sa constellation - Lommel SK en Belgique puis Troyes en France - pour en contrôler dix sur quatre continents.

Par Le360 (avec AFP)
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