La liste des affaires de prévarication s’allonge: après la BNPJ, Aziz El Badraoui et Mohamed Karimine devant la justice

L'homme d'affaires Aziz Badraoui et l'ancien parlementaire Mohamed Krimine.

L'homme d'affaires Aziz Badraoui et l'ancien parlementaire Mohamed Krimine.. DR

Ancien parlementaire istiqlalien et ex-président de la commune de Bouznika révoqué de ses fonctions pour prévarication, Mohamed Karimine a été présenté, lundi 5 février, devant la Brigade nationale de la police judiciaire de Casablanca. Idem pour Aziz El Badraoui, patron du groupe Ozone et ex-président du Raja. Impliqués dans une affaire de corruption sur un contrat de gestion des déchets ménagers de la ville, ils devront comparaître ce mardi devant le procureur du Roi.

Le 06/02/2024 à 11h38, mis à jour le 06/02/2024 à 11h39

La liste des affaires de corruption et de prévarication impliquant des parlementaires, des présidents de communes et des hommes d’affaires, proches notamment du monde sportif, ne cesse de s’allonger. Ainsi, et après avoir été déchu de sa qualité de parlementaire et de président de la commune de Bouznika, Mohamed Karimine (Istiqlal) a été présenté hier devant les éléments de la Brigade nationale de la police judiciaire (BNPJ). Il a été conduit depuis l’hôpital Cheikh Zayed de Rabat, où celui qu’on surnomme «l’empereur de Bouznika» était supposé être hospitalisé, au siège de la BNPJ dans la capitale économique pour être interrogé.

Mohamed Karimine a été interpellé dans le cadre de l’enquête sur sa gestion de la petite ville, située à 40 km au sud de Rabat. Le 3 mai 2023, le tribunal administratif de Casablanca avait décidé de révoquer sa fonction de président de la commune de Bouznika, suite à une plainte pour «conflit d’intérêts et mauvaise gestion du secteur de la distribution d’eau, d’électricité et d’assainissement liquide» de la ville.

Président-directeur général du groupe Ozone, entreprise spécialisée dans la collecte et la gestion des déchets ménagers, et ancien président du club du Raja de Casablanca, Aziz El Badraoui a également été interpellé dans le cadre de cette affaire. Il est soupçonné de «détournement de fonds» et d’«abus de pouvoir». Le lien? Le groupe Ozone est signataire d’un contrat de délégataire avec la commune de Bouznika.

Les deux suspects devraient comparaître ce mardi devant le procureur du Roi près la Cour d’appel de Casablanca. Le tout sur la base d’une plainte déposée par trois conseillers siégeant au Conseil de la ville de Bouznika, dénonçant une entente entre les deux mis en cause autour d’une surfacturation présumée des prestations du groupe Ozone, dont le montant s’élève à 6 millions de dirhams, en contrepartie de services jugés de qualité médiocre.

Rappelons qu’en octobre dernier, la BNPJ avait déféré devant la Cour d’appel de Rabat en charge des crimes financiers, l’ex-député Mohamed Karimine et six autres individus, dont une conseillère auprès de la mairie de Rabat. Avec comme chefs d’accusation le détournement et la dilapidation de deniers publics, dans le cadre d’une affaire liée à l’Association nationale des producteurs de viandes rouges. En cause: des dysfonctionnements qui caractérisaient la gestion financière de cette association professionnelle bénéficiant, entre autres recettes, d’une subvention annuelle du ministère de l’Agriculture. Les malversations constatées ont également concerné la gestion et les circuits de la vaccination du cheptel.

À souligner par ailleurs qu’une autre «vedette» du monde des «affaires», avait également été entendue par le procureur du Roi près la Cour d’appel de Casablanca il y a de cela un mois. Il s’agit de Mohamed Boudrika, lui aussi ancien président du Raja de Casablanca, et surtout député, président de la commune de Mers Sultan et membre du bureau politique du Rassemblement national des indépendants (RNI, majorité).

Le nom de Boudrika avait notamment été évoqué dans le cadre de l’affaire des ventes de billets des matchs du Mondial au Qatar, en sa qualité de membre du bureau de la Fédération royale marocaine de football (FRMF). La rumeur veut qu’il ait également été cité dans des affaires de chèques sans provision et de falsification de plans immobiliers. L’entourage du concerné affirme que l’homme est actuellement en convalescence pour une durée de quatre mois à Londres, en Angleterre, où il aurait subi une opération chirurgicale. Les mauvaises langues parlent, elles, d’une simple évasion déguisée.


Par Tarik Qattab
Le 06/02/2024 à 11h38, mis à jour le 06/02/2024 à 11h39