La performance sportive nécessite une préparation physique, psychologique et mentale. Elle a besoin d’une mémoire et de traditions. C’est encore plus vrai lorsqu’il s’agit de sports collectifs. Ce n’est pas un hasard si les mêmes équipes, qu’elles soient nationales ou de clubs, se retrouvent souvent en compétition pour les mêmes titres. Le football masculin en est un exemple parfait.
On retrouvera souvent dans les finales de Ligues des Champions des équipes, comme le Real, le Bayern, Liverpool ou Chelsea, en compétition pour décrocher la Coupe aux grandes oreilles. De même pour la Coupe du Monde, les équipes les plus compétitives sont habituellement le Brésil, l’Allemagne ou l’Italie.
Bien sûr de nouvelles équipes arrivent et avec le temps elles forgent leurs compétitivités. C’est ainsi qu’après de longues années de galères Manchester City est enfin devenu champion d’Europe la saison dernière. Il a fallu attendre 1978 pour que l’Argentine, un grand pays de football pourtant, gagne une Coupe du Monde, 1998 pour la France ou 2010 pour l’Espagne.
Ce n’est pas simple de briser le plafond de verre. Cette culture de la gagne ne s’achète pas, elle se transmet et se travaille en tirant les enseignements des revers, en corrigeant les trajectoires et en contournant les obstacles. Le Paris Saint-Germain en est l’exemple parfait. Les millions d’euros dépensés en joueurs, en infrastructures et en encadrements n’ont pas suffi, pour le moment, à doter le club d’un palmarès à la hauteur des ambitions de ses propriétaires.
Ce ne sont pas les meilleures équipes, les plus spectaculaires ou les mieux dotées techniquement ou financièrement qui gagnent. Ce sont celles qui ne doutent jamais. L’histoire est là pour nous le rappeler. En 1974, c’est l’Allemagne qui a remporté le trophée que tout le monde croyait acquis pour les Pays-Bas de Cruyff. En 2022 le Real Madrid, loin d’être favori, a surmonté toutes les difficultés pour dominer le PSG de Messi, Mbappé et Neymar, Chelsea, champion sortant, et les deux mastodontes de la Premier League: Manchester City et Liverpool. Au cours de tous leurs matchs, on n’a jamais senti le doute s’installer chez les joueurs. C’est l’ADN de la gagne qui a permis un tel résultat. Un ADN qui se transmet, comme un virus, à travers une culture «d’entreprise» acquise dès que l’on porte les couleurs d’un maillot.
Les nouveaux venus manquent, en général, de confiance, d’expérience et de résilience pour s’imposer et se montrer à la hauteur de leurs objectifs. Ce sont des équipes qui s’effondrent à la moindre contrariété, dès que le doute s’installe.
C’est ce qu’il nous a été permis de constater avec l’équipe nationale féminine marocaine qui participe, pour la première fois à la Coupe du Monde de sa catégorie.
Non seulement cette équipe n’a pas su aborder son premier match, contre l’Allemagne, mais dès le premier but, marqué très tôt, le spectre de la défaite s’est installé. On était loin pourtant de la fin du match et les Marocaines, faisaient non seulement circuler correctement le ballon, mais étaient bien positionnées sur le terrain.
En face, les Allemandes dégageaient une sérénité renforcée. Elles voyaient défiler devant leurs yeux les brillants résultats en Coupe du Monde de leurs ainées: 6-1 contre le Brésil en 1995, 6-0 contre le Mexique en 1999, 6-1 contre l’Argentine en 2003, 7-1 contre la Russie en 2003, 11-0 contre l’Argentine en 2007 et enfin 10-0 contre la Côte d’Ivoire en 2015.
Le Maroc au féminin n’a pas encore de référence en «remontada», mais sa première défaite, s’il sait en tirer les bonnes conclusions renforcera son capital expérience.
Le score de 6-0 encaissé lors de ce premier match a marqué les esprits, il ne reflète en aucun cas l’engagement des membres de l’équipe. Paradoxalement, il aurait pu être plus lourd, mais aussi beaucoup moins important. En effet, les Marocaines ont montré, par intermittence, qu’elles avaient du talent, de la personnalité et de l’envie. Elles ont réussi à tirer au moins deux fois en excellente position. Elles ont encaissé, par ailleurs deux contre-son-camp et deux buts de la tête qu’elles auraient pu éviter avec plus d’aplomb, une meilleure concentration et un marquage plus strict. Ce n’est pas qu’une question d’entraîneur et d’organisation tactique, c’est aussi une affaire de pression et de manque de confiance en soi.
Cette pression était multiple, l’équipe nationale marocaine représente l’ensemble du monde arabe et elle est suivie à la loupe par tous les amateurs de football au Maroc. Ces derniers vivent une phase d’euphorie légitime. Les réalisations et les performances des Lions et Lionceaux toutes catégories confondues ont mis les supporters marocains sur un nuage.
Lorsqu’on tombe il faut savoir se relever, c’est ce que doit espérer le public. L’assurance dégagée après les matchs amicaux ne doit pas céder la place à l’incertitude. Le doute est un adversaire redoutable de la performance sportive. Il faut le savoir!