Chaque année le mercato d’été, ou marché des transferts de joueurs entre équipes de clubs professionnels, anime le monde des principaux championnats européens. Pendant la fenêtre des transferts, chaque club ou intermédiaire peut contacter l’agent des joueurs de son choix pour négocier les principes d’un nouveau contrat avant de négocier les conditions d’un éventuel transfert avec le club propriétaire. Cela n’empêche pas des négociations hors mercato, lorsqu’un joueur est dûment autorisé par son club, lorsqu’il est en fin de contrat et libre de contracter un nouveau deal ou enfin lorsque les dirigeants des deux clubs entretiennent de bonnes relations.
Ces mouvements de joueurs s’inscrivent dans une logique à la fois sportive -renforcer les effectifs- et économique -la valeur du joueur et son coût à l’achat permet d’envisager un retour sur investissement à plus ou moins long terme-.
La logique sportive a de tout temps prévalu lors des transferts de joueurs, un talent émergeant a vocation à rejoindre un club plus réputé et plus compétitif sur le plan national ou international. C’est bénéfique pour le club qui achète et pour le joueur qui progressera plus facilement dans un environnement plus compétitif.
La logique économique est venue plus tard, c’est la conjonction de plusieurs facteurs qui a conduit à l’introduction de cette nouvelle dimension dans les transferts de joueurs.
L’arrivée d’hommes d’affaires, dont les emblématiques feu Berlusconi et feu Bernard Tapie, a importé un nouveau mode de gouvernance, avec des investissements massifs associés à une rentabilité sportive, Milan et l’OM ont remporté plusieurs titres sous leurs ères. L’Arrêt Bosman, une décision la Cour de Justice de l’Union Européenne, a révolutionné le statut des joueurs. Ils ont gagné en liberté. A la fin de leurs contrats, ils peuvent dorénavant signer gratuitement pour n’importe quel club européen. Fini les quotas par nationalité pour les européens.
Cet arrêt a provoqué une inflation des salaires, les clubs soucieux de s’assurer la fidélité des meilleurs n’hésitent pas à augmenter leurs revenus.
Plus tard, la politique des «Galactiques», introduite par le Président du Réal Madrid, Florentino Perez, a eu un impact sérieux sur les transferts. Cette politique consiste à recruter des joueurs de classe mondiale en vue d’améliorer, la notoriété du club et, d’augmenter les revenus commerciaux de l’institution sportive grâce à la popularité des joueurs.
Cette politique a été suivie par d’autres, avec des excès et parfois une mauvaise gestion. Des clubs sont aujourd’hui ruinés à cause de dépenses inconsidérées et de recettes insuffisantes. L’UEFA se devait de réagir, elle l’a fait en introduisant le concept de «fair-play financier». Un club ne doit pas dépenser plus que ses gains futurs estimés et s’il enregistre des pertes, elles doivent être minimes sinon il devra vendre des actifs, dans ce cas des joueurs.
L’arrivée de clubs appartenant à des fonds souverains d’états pétroliers a complètement changé la donne. Les propriétaires ont dépensé sans compter avec un objectif de soft power plus important que l’objectif sportif. Manchester City vient à peine de remporter la Ligue des Champions après des années de galère. Pour le PSG ce n’est pas encore le cas malgré des investissements hors normes.
Pour le moment, le football africain en général et marocain en particulier est exclu de la boucle. Ses brillants résultats en Coupe du Monde, et en compétitions continentales pour les clubs, ne lui ont pas encore ouvert la porte d’un mercato structurant. Ici et là on évoque des investisseurs potentiels intéressés, mais c’est encore au stade des balbutiements. La participation du Wac à la prochaine Super Ligue Africaine est porteuse d’espoirs. Mais est-ce vraiment la priorité pour le football marocain de participer à cette foire du mercato d’été?
Une manne financière pour permettre aux clubs d’avoir leurs propres stades, aux normes FIFA, et pour financer une académie de formation serait plus que bienvenue. Un financement qui engendre inflation des salaires et attire les requins de la mauvaise gouvernance? Non merci!
Il faut refuser l’importation d’un mode de gouvernance dont la logique économique est perturbée