Il y a presque un an jour pour jour, le 31 juillet 2022, Alexandra Popp devait vivre à 32 ans l'un des sommets de sa carrière sous les couleurs de la sélection allemande: une finale d'un Championnat d'Europe contre l'Angleterre, dans le mythique stade de Wembley, plein à craquer avec plus de 87.000 spectateurs.
Mais l'attaquante trentenaire est rattrapée par des «problèmes musculaires» qui la prive de cette finale. Elle assiste impuissante en tribunes à la défaite de ses coéquipières, au bout de la prolongation (2-1).
Si elle a fait partie de l'aventure olympique dorée en 2016 dans le Maracana, autre mythique arène du foot, Popp a connu une histoire en pointillés avec la sélection, blessée lors des deux Championnats d'Europe précédents, en 2013 et en 2017, manquant ainsi le dernier sacre continental de l'Allemagne en 2013.
Triple lauréate de la Ligue des champions en 2009 avec Potsdam et en 2013 et 2014 avec Wolsfburg, «Poppi» a véritablement attiré les projecteurs lors de l'Euro-2022 au cours duquel elle a marqué à chaque match de l'Allemagne -jusqu'à cette blessure avant la finale- dont un retentissant doublé contre la France en demies.
La native de Witten dans le coeur de la Ruhr entre Bochum et Dortmund est devenue le visage de la Mannschaft, depuis cet été argenté avec des millions de téléspectateurs (pic à près de 18 millions pour la finale) qui ont suivi les aventures de la bande à Popp en Angleterre.
On la reconnait dans la rue, elle participe à des talk-shows ou à des émissions de divertissement, et lorsqu'elle assiste à une comédie musicale, les flashs des photographes se tournent d'abord vers elle. C'est «un peu curieux», reconnait-elle.
«Equal Play» avant «Equal Pay»
Finaliste de la Ligue des Champions avec Wolfsburg début juin (elle inscrit le premier but de son équipe, battue 3-2 par le FC Barcelone), c'est elle qui monte au créneau sur la polémique des droits télévisés pour ce Mondial-2023, qui ont trouvé preneurs à seulement cinq semaines du début du tournoi aux antipodes.
«Je vais le formuler gentiment. Chez M. (Gianni) Infantino, on a l'impression qu'il n'est plus que question d'argent, et de qui est le plus puissant au monde», avait-elle ainsi lancé début mai à l'encontre du président de la Fifa qui se justifiait en ne voulant pas brader la compétition féminine.
Et dans le combat mené par la sélection américaine et sa star Megan Rapinoe, pour des conditions financières égales à celles de leurs homologues masculins, Popp préfère déplacer le débat de «l'Equal Pay» vers «l'Equal Play», et un accès égalitaire aux infrastructures, «pour que l'on puisse être tout aussi professionnelles».
A 32 ans, Popp veut ajouter une nouvelle ligne à son palmarès, pour ce qui pourrait être l'un de ses derniers tournois internationaux. Le dernier s'il y a le titre mondial au bout?
«Je ne l'exclus pas. Ça se pourrait oui», a-t-elle répondu dans un entretien accordé début mai à l'agence de presse sportive allemande SID, filiale de l'AFP. «Mais peut-être que j'aurais aussi tellement de plaisir que je voudrais continuer. La question est ouverte.»
Les Jeux olympiques de Paris en 2024 paraissent proches, mais il faudra d'abord s'y qualifier via la Ligue des nations (à l'automne 2023, puis en février 2024), avec seulement deux places au bout du compte.