Il y a plus d’un an, le Wydad de Casablanca marchait sur l’eau: champion du Maroc, vainqueur de la Ligue des Champions et finaliste de la Coupe du Trône. Mais depuis, de l’eau a coulé sous les ponts. Les Casablancais ont perdu de leur superbe et n’ont plus la même saveur. Mais comment en sont-ils arrivés là? Éléments de réponses…
Une politique de recrutement hasardeuse
Il faut dire que libérer les cadres d’une équipe dans le même mercato, c'est du jamais vu... ou presque. Et pourtant, le club de Naciri a eu l’idée ingénieuse de le faire: Ayman El Hassouni, Reda Jaadi, Ahmed Reda Tagnaouti, Jalal Daoudi et Muaid Ellafi sont tous partis. Résultat: une flopée de nouveaux joueurs sont arrivés (Soufyan Ahannach, Charki El Bahri, Hamdou Elhouni, Jamal Harkass, Zakaria Draoui, Mountassir Lahtimi, Ilyes Chetti, Hamza Regragui…). C’est vrai que sur le papier cet effectif a de la gueule, mais jusque-là, ces joueurs peinent à montrer tout ce qu’on attend d’eux.
Battus en finale de l’African Football League, derniers de leur groupe en Ligue des Champions, en mauvaise posture en Botola Pro Inwi, Adil Ramzi et ses hommes n'auront plus le droit à l'erreur lors de leurs prochaines sorties s’ils veulent redorer leur blason.
Une attaque stérile
Cette saison, le WAC a disputé 12 rencontres, pour 19 buts marqués (soit un ratio de 1.5 but par match) et 14 concédés, ne parvenant à cumuler que 6 clean-sheets.
Le Wydad, qui cumule un troisième match africain sans but, enchaîne, pour la toute première fois, deux défaites en phase de groupes d’une Ligue des Champions. Sur ses 6 derniers matchs toutes compétitions confondues, il compte 5 défaites.
Les attaquants semblent avoir le blues. Lors de l’AFL, à titre d’exemple, ce sont surtout les défenseurs des Rouges qui se sont illustrés. Jamal Harkass, Yahia Attiyat Allah et Ayoub El Amloud ayant tous marqué des buts décisifs (notamment contre Enyimba en quart de finale retour). Charki El Bahri, souvent placé en pointe, a paru dépassé.
Défense d’en rire
Si l'attaque du Wydad n’est plus ce rouleau compresseur qui écrasait tout sur son passage, la défense aussi bat de l’aile et n’est plus cette forteresse imperméable qu’elle était. En effet, depuis le début de saison, l’arrière garde du Wydad a encaissé, au moins, un but par match.
Un constat inquiétant, qui s’explique notamment par une charnière centrale en grandes difficultés, avec un Harkass trop tendre, un Aboulfath qui n’a jamais su s’imposer et des Farhan et Zola très loin de leur niveau d’antan.
Il n’y a plus de patron sur le terrain
En prolongeant les deux Yahya, Jabrane et Attiat-Allah, les Wydadis s’attendaient à ce que les deux internationaux s’emparent des commandes du train rouge et blanc. Mais depuis le Mondial 2022, le milieu et le latéral gauche n’endossent plus ce costume de patron. Or, sans leader naturel sur le terrain, difficile de mettre tout le monde en ordre de marche.
Un seul Regragui vous manque et tout est dépeuplé
Pas moins de six entraîneurs ont suivi Walid Regragui, désormais sélectionneur national, sur le banc des Rouges: Houcine Ammouta (août-novembre 2022), Hassan Benabicha (novembre 2022-janvier 2023), le Tunisien Mehdi Nafti (janvier-février 2023), l’Espagnol Juan Carlos Garrido (février-mai 2023), le Belge Sven Vandenbroeck (mai-juillet 2023) et Adil Ramzi (juillet 2023-…). Sans le moindre titre ajouté. C’est du changement pour changer.
Avec le recrutement d’Adil Ramzi, les dirigeants du WAC ont peut-être voulu remettre les rennes à un jeune coach marocain ambitieux et ex-international, comme pour Regragui. Mais ils ne lui ont pas fourni les armes nécessaires pour atteindre ses ambitions. À commencer par un recrutement à la hauteur, comme il n’a cessé de le demander.
Pour le moment, le Wydad est dans une détresse sans nom, indigne de son statut de club le plus titré du pays et protagoniste régulier sur la scène continentale.