Présidence de la CAF: Motsepe ou le tropisme d’Infantino pour l’argent et le pouvoir

A en croire une publication du site Jeune Afrique du 7 mars, le patron de la FIFA, Gianni Infantino a fait croire qu’il ne soutenait aucun des candidats engagés dans la course à l’élection pour la présidence de la CAF, le 12 mars courant à Rabat, alors que dans les coulisses, il a tout fait pour favoriser l’élection du milliardaire sud-africain, Patrice Motsepe.

Le choix d’Infantino pour Motsepe serait d’abord dicté par le profil de ce dernier. Troisième fortune d’Afrique du Sud, il est également président du club de Mamelodi Sundowns. Un pédigree qui laisse entrevoir d’autres perspectives pour la FIFA qui a fait de l’argent la pièce angulaire de sa doctrine.  

Un argument qui ne convainc pas Joseph-Antoine Bell, l’ancien gardien des Lions indomptables du Cameroun: «Dans le football africain, Motsepe est uniquement connu en tant que président de Mamelodi Sundowns. Il serait paradoxal qu’un homme qui n’a jamais dirigé ni la fédération ni la ligue professionnelle de son pays trouve le temps de présider la CAF.»

Pour mener campagne en faveur de Motsepe, Infantino s’est offert une grande tournée en Afrique, appréciée par les gouvernements des pays concernés (Maroc, Congo-Brazzaville, Bénin, Rwanda, Sénégal, Mauritanie, République démocratique du Congo, Mali). Son escale à Cotonou, où on soutenait officiellement le candidat ivoirien Jacques Anouma, a visiblement porté ses fruits, puisque le Bénin s’est lui aussi converti à la cause Motsepe.

L’Italo-suisse s’est ensuite déplacé à Johannesburg afin d’assister à l’Assemblée générale du Conseil des associations de football de l’Afrique australe (Cosafa). Cette dernière a profité de ce rendez-vous et de la présence d’Infantino pour apporter son soutien massif à Patrice Motsepe.

«À ce niveau, il est évident que les États peuvent directement intervenir pour conseiller à la fédération de voter pour tel ou tel candidat. Parce qu’il y a des enjeux politiques, diplomatiques, économiques. Pourquoi le Maroc, qui entretient des relations compliquées avec l’Afrique du Sud et qui penchait davantage pour Yahya ou Senghor, s’est-il rangé derrière le plan de la Fifa?», s’interroge un proche d’Ahmad Ahmad, en rappelant que «Motsepe a racheté en 2018 le groupe d’assurance marocain Saham Finances.»

La main de Zurich 

Pour appâter Motsepe,  il se murmure qu’Infantino aurait promis au milliardaire d’inclure son club de Mamelodi Sundowns dans la liste des participants à la très lucrative Ligue africaine, un des projets de la Fifa réunissant les vingt meilleurs clubs du continent, révèle Jeune Afrique.

De son côté, Motsepe serait prêt à réfléchir à une CAN tous les quatre ans, au lieu de deux actuellement, comme le souhaite le président de la FIFA. Un projet qui se heurte pourtant à une grande hostilité de nombreuses fédérations africaines. Par ailleurs, Gianni Infantino espère également que le milliardaire sud-africain l’aidera à drainer de nouveau sponsors à la CAF qui manque d’argent. 

Enfin, Gianni Infantino, en soutenant l’élection de Motsepe cherche à se mettre le vote des 54 fédérations africaines de football dans la poche en vue de sa réélection, en 2023. Une manière de contrer l’hostilité de la confédération européenne (Uefa) et celle sud-américaine (Conmebol) avec lesquelles il n'entretient pas de bons rapports.