Wydad, Raja: victoires trompeuses?

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Les représentants marocains en Ligue des champions ont-ils les moyens d’aller au bout? Non, si l’on examine la composition de leurs effectifs chamboulés et amoindris. Oui, s’ils sont à 100% et si la baraka est de leur côté…

Le 14/02/2022 à 09h41

Les deux clubs marocains ont entamé la phase de poules de cette Champions League africaine en prenant trois points chacun. Sur le papier, rien à dire. Quand on reçoit, il faut gagner. C’est ce qu’ils ont fait. Mais la manière n’y était pas. Et même s’ils n’ont pas volé leurs victoires, le contenu soulève bien des interrogations.

Prenons le Wydad, qui a littéralement giflé les Angolais de Sagrada Esperança (3-0). Score net et sans appel. Dans le contenu, les affaires furent moins évidentes. Après 45 minutes insipides, le Wydad a eu besoin de deux petits miracles pour prendre les devants.

D’abord un premier coup franc de Daoudi prolongé par un défenseur, Dari, juste avant la pause. Ensuite, dès la reprise, un nouveau coup franc de Daoudi donne lieu à un cafouillage et à un pénalty peu évident, que Jabrane transforme sans se poser de questions. Cela fait 2-0. Flatteur mais trompeur, quand on regarde la physionomie de la première heure de jeu.

La suite fut plus simple après le but du break et les Rouges, face à des Angolais naïfs et inexpérimentés à ce niveau de la compétition, ont pu finir le boulot par l’excellent Mbenza pour le 3-0.

Les enseignements? Pas beaucoup. Le Wydad a probablement eu affaire à l’adversaire le plus faible du groupe, mais il a longtemps tergiversé avant les coups de boutoir de Daoudi. Face au Zamalek et au Petro Luanda, un autre club angolais, il faudra hausser le niveau de jeu. Surtout offensivement. Les Rouges ont en effet joué comme ils le font depuis le début de saison en Botola. Par à coups.

Nous sommes loin de la mécanique et de la maitrise affichées, hier encore, du temps du coach Benzarti. Avec Regragui, et surtout avec un effectif jeune et en manque de cadres (départs successifs des Karti, El Kaâbi, Ounajem, en attendant celui de Dari, peut-être Tagnaouti aussi), la donne est différente. Ce Wydad new look est plus calculateur, plus compact au milieu mais plus dégarni sur le front de l’attaque. Cela semble suffisant pour dominer une Botola plus faible que d’habitude. Mais en Afrique? La question reste posée.

Et le Raja? Il n’a pas été plus rassurant, loin s’en faut. Face aux Sud-africains d’AmaZulu, dont on ne sait pas grand-chose, si ce n’est qu’ils ont écarté Mazembe en phase préliminaire, les Verts ont sué sang et eau avant de s’imposer par la plus petite des marges (1-0). Un but du doyen Moutouali (36 ans) qui a porté à lui seul tous les espoirs offensifs du Raja, là où il n’était, hier encore, qu’un joker de luxe.

Si les Verts comptent plus que jamais sur Moutouali, c’est que son secteur offensif est réellement sinistré. Non contents d’avoir cédé, au mercato d’été, leurs joyaux offensifs (les buteurs Rahimi et Malongo, en plus du joker Saadaoui), sans les remplacer, voilà qu’ils viennent de céder il y a peu leurs dernières cartouches: Hafidi et Benhalib. Au lieu de renforcer son compartiment offensif, le Raja l’a sacrifié, en attendant des recrues qui arrivent au compte-gouttes.

Elle est là, l’explication des problèmes techniques des Verts, qui ont été étalés au grand jour face à AmaZulu. Ce n’est pas un problème de coaching ou de dispositif tactique. Wilmots a été amené à aligner un milieu de relayeurs aux profils similaires, dont aucun n’est capable de porter le danger devant. Pourquoi? Parce qu’il n’avait pas de milieu créatif à sa disposition…

Alors bravo malgré tout pour la victoire, même si elle a été tirée par les cheveux (les Sud-africains, qui ont trouvé le poteau à 0-0, peuvent avoir des regrets). Mais, pour la suite de cette Champions League, où les Verts auront à affronter Sétif et Horoya, il faudra se transcender. A moins que les derniers renforts obtenus in extrémis, à l’image du tandem Badibanga – Kabangu, qui disputaient tous les deux leur 1er match en vert, ne s’adaptent à la vitesse de l’éclair.

Sacré pari, quand même.

Par Footix marocain
Le 14/02/2022 à 09h41