La capitale hongroise accueille mardi le huitième de finale aller entre Leipzig et Liverpool, avant une autre rencontre le 24 février, entre Mönchengladbach et Manchester City.
Si l'Allemagne a refusé d'héberger des équipes anglaises sur son sol par crainte du risque de propagation du Covid-19, la Hongrie, dont le Premier ministre Viktor Orban est un fan du ballon rond, balaye les inquiétudes.
Risque minime
Autant la Supercoupe d'Europe, qui avait opposé le Bayern Munich à Séville en septembre à Budapest devant plus de 15.000 spectateurs - l'UEFA espérant en faire un projet pilote" -, avait fait grincer des dents, autant là, la controverse est absente.
"A la différence de la Supercoupe, ces matchs se tiendront à huis clos, sans aucun supporteur dans les tribunes" du moderne Puskas Arena (68.000 places en temps normal), explique Jeno Sipos, porte-parole de la fédération nationale de football (MLSZ).
Quant aux joueurs, ils devront se soumettre à des "règles épidémiologiques strictes", définies par l'UEFA et le comité d'organisation hongrois.
Après avoir été acheminés par navette de l'aéroport à l'hôtel, puis au stade, "l'équipe et l'encadrement technique seront isolés du public, ils ne pourront rencontrer personne et devront subir des tests PCR", dit-il à l'AFP.
"Budapest n'a pas grand chose à perdre", commente le journaliste sportif Gergely Marosi, évoquant un risque sanitaire "minime".
Et pourrait même y gagner: "Les clubs reçus prennent en charge les frais, cela fait travailler le personnel du stade tout comme les hôtels vides".
Excellente nouvelle
Dans la Roumanie voisine aussi, on se frotte les mains devant la délocalisation surprise de l'affiche de Ligue des champions entre l'Atlético Madrid et Chelsea, prévue le 23 février.
La presse sportive a salué "une excellente nouvelle", tandis que la Fédération roumaine de football (FRF) confie ne pas avoir hésité une seconde, tout en avançant les mêmes garanties sanitaires (pas de spectateurs, respect des restrictions).
"Un match disputé dans le cadre de la plus prestigieuse compétition européenne interclubs est un événement sportif majeur et nous avons offert notre soutien aux organisateurs dès que cette possibilité a été évoquée", explique son président Razvan Burleanu.
"C'est tout d'abord une question de solidarité", souligne le ministre du Sport, Eduard Novak, contacté par l'AFP.
Pour les supporteurs roumains, rien que de voir à la télévision les deux équipes évoluer sur "leur" terrain de l'Arena Nationala (54.000 places) sera l'occasion de replonger un peu dans l'atmosphère de fête, qu'ils n'ont plus goûtée depuis la fermeture des stades en mars 2020, pour cause de pandémie.
Tallinn, Varsovie, Gênes: trois autres villes avaient été envisagées pour accueillir cette rencontre avant que Bucarest ne l'emporte.
C'est l'entraîneur du club madrilène Diego Simone qui aurait fait le choix. Il en garde un très bon souvenir: l'Atlético y avait remporté en mai 2012 la seconde Ligue Europa de son histoire.
Diplomatie du sport
Autre élément ayant joué en faveur de la capitale roumaine: Bucarest est l'une des douze villes-hôtes de l'Euro (11 juin-11 juillet).
Quatre rencontres sont au programme (comme à Budapest) et pour le moment, la Roumanie n'envisage pas d'en organiser davantage.
"Nous l'avions proposé à la suite du report l'an dernier de la compétition, mais une éventuelle redistribution des rencontres est à ce stade hors de question", affirme le coordinateur roumain de l'événement, Florin Sari.
La Hongrie, elle, ne cache pas ses ambitions.
Viktor Orban, qui rêve d'accueillir les Jeux olympiques, se démène depuis des années pour attirer des manifestations d'envergure: Mondiaux de natation en 2017, finale de la Ligue des champions féminine en 2019, Mondiaux d'athlétisme à venir en 2023, la liste s'étoffe au fil des ans.
Le dirigeant a ainsi injecté des millions de dollars dans le football, à travers un vaste programme de construction de stades.
Pour Gyorgy Szollosi, rédacteur en chef du quotidien Nemzeti Sport, la tenue à Budapest des 8es de finale aller de C1 signe "la victoire de cette diplomatie du sport".
"Une publicité bienvenue" que la Hongrie pourrait faire valoir "si le format de l'Euro devait être resserré à cause du virus", avance son confrère Gergely Marosi.