A Wembley samedi contre Dortmund, l'entraîneur le plus titré de l'histoire de la compétition reine du football européen pourrait confirmer son surnom de "Mister Ligue des champions", glané au gré d'une carrière remplie de succès, notamment sur les bancs de l'AC Milan et du Real Madrid.
Signe de sa longévité au plus haut niveau en tant que joueur et en tant que coach, Ancelotti est déjà le seul homme à avoir remporté la Ligue des champions au cours de cinq décennies différentes (1980', 1990', 2000', 2010', 2020').
Cette saison, le technicien italien, cheveux blanc brossés et costume noir, a mené, à 64 ans, le Real Madrid à une marche d'un triplé (Liga, Ligue des champions, Supercoupe d'Espagne) qui porte plus que jamais le sceau de son football pragmatique mais terriblement efficace.
Seul entraîneur avoir été sacré dans les cinq grands championnats européens (Liga, Premier League, Serie A, Ligue 1, Bundesliga), ce "leader tranquille", le titre de la traduction française de sa biographie, a (re)fait du géant espagnol une redoutable machine à gagner, qui n'a connu que deux défaites en 54 matchs toutes compétitions confondues.
"Comme père et fils"
Adoré de ses joueurs, "l'homme qui murmure à l'oreille des stars" a su se réinventer et adapter son schéma tactique pour mettre en valeur sa nouvelle recrue vedette, Jude Bellingham, derrière les flèches brésiliennes Vinicius et Rodrygo.
Un choix payant, couplé à une gestion parfaite des égos et un management habile, qui ont permis au Real de surmonter tous les obstacles, même lorsque tout semblait perdu comme en demi-finale contre le Bayern Munich (mené 1-0 à la 87e minute, victoire 2-1).
"Je crois que notre plus grande force c’est qu'il trouve le moyen de nous laisser jouer avec de la liberté. On est un peu imprévisibles. Humainement il nous transmet énormément de calme et de confiance", estime Jude Bellingham au sujet de son coach.
"On est comme père et fils", résumait le défenseur brésilien Eder Militao après la célébration du titre de champion d'Espagne, où la proximité d'Ancelotti, cigare au bec et lunettes de soleil, avec ses joueurs a été capturée par les caméras du monde entier.
Le technicien italien est parvenu à accompagner l'éclosion de ses jeunes talents (Bellingham, Camavinga, Tchouaméni...) tout en impliquant ses élements vieillissants (Modric, Nacho, Vasquez...) au moment opportun, au cours d'une saison plombée par les blessures.
Expérience et confiance
Son plus grand succès est certainement d'avoir - à nouveau - façonné une équipe sachant souffrir pour s'imposer, orpheline d'une superstar depuis le départ de Karim Benzema, en transmettant une confiance inégalée à ses hommes.
"Il a inventé un nouveau système, l'équipe a été un roc malgré les absences à des postes-clés, je ne vois pas de meilleur entraîneur pour le Real Madrid", a estimé sur la radio Cadena Ser l'ancien joueur Alvaro Benito, devenu un commentateur très écouté.
"Les blessures que nous avons eues en début de saison nous ont aidés à comprendre que la façon de les surmonter n'est pas l'individualité mais le collectif", avait rappelé Ancelotti à la veille du sacre madrilène en Liga. "Et les matchs que l'on ne peut pas gagner, on doit ne pas les perdre" avait-il résumé en février.
Le parcours européen du Real illustre d'ailleurs bien ce mantra: les hommes d'Ancelotti sont proches d'une 15e C1, après avoir jusqu'à présent remporté seulement deux de leur six matches en phase éliminatoire, contre Leipzig à l'aller (1-0) et le Bayern au retour (2-1).
"Les joueurs ont réalisé une saison à laquelle personne ne s'attendait. Atteindre la finale est un succès et ensuite nous verrons ce qui se passera" a assuré l'Italien, sûrement impatient de pouvoir de griller un autre cigare de la victoire dans les rues de la capitale espagnole