Bienvenido Brahim et félicitations à tous ceux qui ont choisi le pays des défis, le Maroc

Brahim Diaz, joueur du Real Madrid et des Lions de l'Atlas.

Brahim Diaz, joueur du Real Madrid et des Lions de l'Atlas.. Le360

Personne ne nie son attachement à l’Espagne, pays dans lequel il a grandi et où il a développé sa personnalité, mais son amour pour le Maroc est réel.

Le 15/03/2024 à 13h08

Ces derniers jours, s’il y a un événement qui a secoué le monde du football dans le pays et multiplié les débats sur les terrasses de café, c’est l’arrivée, aujourd’hui officielle, de Brahim Diaz comme nouveau joueur de l’équipe nationale. Cette information a éclipsé toutes les autres tant le suspense devenait insoutenable, alimenté par des fake news contradictoires.

Les observateurs avisés avaient leur petite idée sur la question. Depuis que le président de la Fédération royale marocaine de football (FRMF), Fouzi Lakjaa, a affirmé qu’il serait aberrant de voir un joueur dénommé Brahim porter le maillot de l’équipe nationale espagnole, il délivrait en coulisse un message optimiste. Connaissant le personnage et sa prudence, il ne se serait pas engagé dans une telle polémique s’il n’avait pas assuré ses arrières. D’autres indices confortaient les convaincus de la première heure, le mariage de la sœur du joueur à Marrakech, ces fréquents déplacements au Maroc pour des week-ends plus au moins longs. Autant de pistes pour raffermir leurs convictions.

Maintenant que c’est fait, on peut le dire, c’est une grande recrue pour l’équipe nationale. C’est même le joueur qu’il fallait pour équilibrer l’équipe et lui offrir une solution supplémentaire importante pour porter le danger chez l’adversaire. C’est aussi une valeur sûre depuis qu’il s’est imposé au Real Madrid et multiplié les excellentes performances, les titularisations et les buts ou passes décisives. Ce n’était pas évident lorsqu’on connait la puissance de l’effectif madrilène et la forte concurrence interne avec des joueurs, plus jeunes que lui et déjà champions d’Europe, Champions d’Espagne et vainqueurs de la Coupe d’Espagne. C’est le cas des Vinicuis, Rodrygo et Camavinga.  

Contrairement à toutes les polémiques véhiculées en Espagne sur un soi-disant choix par dépit, il semble que Brahim Diaz a choisi de porter les couleurs du Maroc par conviction. Personne ne nie son attachement à l’Espagne, pays dans lequel il a grandi et où il a développé sa personnalité, mais son amour pour le Maroc est réel, sa grand-mère y vit, une personne à laquelle il serait très attaché. Toutefois ce n’est pas à ce niveau que la décision a été prise, même si les sentiments et les émotions jouent un grand rôle dans ce cas précis, c’est le projet sportif qui a séduit Brahim. Un projet décliné, par Fouzi Lakjaa, dont la légitimité a été renforcée suite à sa nomination, par Sa Majesté Le Roi, en qualité de Président du «Comité Coupe du Monde 2030» et, par Walid Regragui revigoré par sa confirmation en tant que sélectionneur des Lions de l’Atlas.

En effet, tous ceux qui pensent que Brahim Diaz va porter les couleurs du Maroc juste parce que les sélectionneurs espagnols n’ont pas fait appel à lui se trompent. Lorsqu’il a été présenté comme nouveau joueur du Real Madrid, il portait le maillot de la Roja dans le film de présentation officiel dédié à la cérémonie. C’est dire que dans l’esprit du Real et de ses dirigeants il était un joueur pour l’équipe nationale espagnole. Cette vidéo tourne en boucle sur les réseaux sociaux. De même, les campagnes médiatiques autour de son appel en sélection viennent renforcer l’idée que l’Espagne le voulait.

D’aucuns diront «s’il voulait vraiment choisir le Maroc, il aurait pu participer à la CAN». C’est oublier qu’à l’époque, il avait du mal à trouver un espace au sein du club et que ce sont les accumulations de blessures qui l’ont propulsé sous les projecteurs. Il devait rester, pour se faire une place, et devenir avec le temps, un joueur indispensable du Real. Il a eu raison, il est plus que jamais un élément clé de l’effectif madrilène.

Cette arrivée en a éclipsé d’autres aussi importantes. Il est vrai que jouer au Real, au Barça, à Manchester City ou au Bayern donne du relief au CV. Pourtant Eliesse Ben Seghir, 19 ans, un autre joueur convoqué en équipe A, a crevé l’écran ailleurs. Joueur de l’équipe de France et sélectionné dans toutes les catégories, il a fini par choisir le Maroc. Encore une fois un choix sportif. Cela ne veut pas dire qu’une carrière en équipe de France ne lui aurait pas apporté gloire et prestige, mais avec les Lions de l’Atlas, il va participer à une aventure sportive unique compte tenu des ambitions affichées et soutenues à tous les niveaux de décisions du Royaume. Techniquement Ben Seghir n’a rien à envier aux meilleurs, il apportera son audace et sa capacité à surprendre à tout moment.

Ilias Akhomach, une autre recrue, s’inscrit dans un autre registre. Il a d’abord commencé avec l’équipe nationale marocaine des U15 avant de choisir la Roja et revenir à ses premiers amours. Ce va et vient montre que le choix sportif d’un jeune mérite un accompagnement destiné à rassurer le joueur sur son choix. Formé au sein de la prestigieuse école de la Masia, département du FC Barcelone, et actuellement à Villarreal, il a tous les atouts pour briller en sélection.

Youssef Lekhedim, dit Yusi, 19 ans, un autre binational, arrière gauche du Real Madrid Castilla, est convoqué également. Il vient de voir son contrat prolongé jusqu’en 2028, c’est dire la promesse qu’il représente pour un club réputé compliqué pour les catégories de jeunes. Tous ces joueurs figurent dans la liste publiée mercredi par Regragui.

Dans la catégorie des U20, un autre binational défraie la chronique. Yanis Benchaouch, gardien de but Algéro-marocain chez les jeunes de l’AS Monaco a choisi le Maroc, on le verra peut-être le 21 mars, face à l’Angleterre, ou le 26, face aux Etats-Unis, en amical au Complexe sportif Prince Héritier Moulay El Hassan à Rabat. Tous ont choisi le défi, c’est de bon augure.

Par Larbi Bargach
Le 15/03/2024 à 13h08