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Coronavirus: plaidoyer pour l’annonce de l’arrêt des compétitions du football amateur

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En raison des engagements de la FRMF envers ses partenaires, la Botola est appelée à reprendre après la levée du confinement. Ce n’est pas le cas de la ligue amateur et des championnats féminin, juvénile et de futsal qui sont condamnés à l’arrêt sans l’annonce de la décision. Décryptage.
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C’est dans une véritable course contre la montre qu’est engagée la Fédération royale marocaine de football (FRMF). L’instance, présidée par Fouzi Lekjaa, étudie tous les scénarios d’une possible reprise de la Botola (championnat du Maroc de football) dans ses deux divisions, après la levée de l’état d’urgence sanitaire prévue le 10 juin.

À l’arrêt depuis le 14 mars en raison de la pandémie du Covid-19, notre ligue domestique est “obligée” de terminer sa saison. La raison: les engagements de la FRMF envers ses partenaires commerciaux (sponsors et société détentrice des droits télé) ainsi qu’envers la Confédération africaine de football (CAF), qui attend la liste des clubs qualifiés pour la prochaine édition des compétitions interclubs (Ligue des Champions et Coupe de la CAF).

Cependant, si la reprise des deux divisions de la Botola est une priorité pour la FRMF, le sort des championnats amateur, féminin et juvénile est quasiment scellé sans que Fouzi Lekjaa ne veuille le prononcer. En effet, un retour à la compétition du football amateur est une option irréaliste aujourd’hui. Car, contrairement aux clubs professionnels, les équipes des championnats cités n’ont pas les moyens financiers nécessaires pour continuer l’exercice en cours.

Le football amateur est désargenté

En effet, poursuivre la saison nécessitera la mobilisation de fonds supplémentaires qui pourraient atteindre jusqu’à 40% de leur chiffre d’affaires annuel, soit de 400.000 à 1,5 millions de dirhams en fonction des clubs et des divisions. Or, une grande partie de ces derniers se trouvent dans une situation financière difficile en raison de l’arrêt des subventions allouées par les collectivités locales, désormais réaffectées à la lutte contre la pandémie du Covid-19, et la prime annuelle de la Fédération a été, selon des sources fédérales, déjà libérée et consommée.

À lire aussi: Info360. Botola: vers une reprise en juillet, mais sous conditions

Comment des clubs, qui n’ont pas payé les salaires pour les mois de mars, avril et mai, peuvent disposer de moyens pour assurer à la fois la subsistance pendant la

préparation et les déplacements, les salaires, les primes de matchs et les dépenses additionnelles liées aux recommandations éventuelles des autorités sanitaires?

De possibles foyers de contamination

Et c’est d’ailleurs ce dernier point qui leur fait défaut. Ces associations sont dans l’impossibilité de respecter les mesures sanitaires qui conditionneraient la reprise des compétitions.

Elles risquent donc de se transformer en foyers de contamination puisqu’elles ne disposent pas des ressources et des infrastructures requises pour garantir un respect minimal des mesures de protection et de contrôle (examens médicaux réguliers, mesure de température quotidienne, désinfection du matériel et des vestiaires, fourniture de gel hydroalcoolique…).

Outre leur coût extrêmement lourd, ces mesures impliquent une présence permanente du staff médical. Cependant, il est de notoriété publique que les clubs des championnats subsidiaires n’ont pas le luxe d’avoir un personnel médical dédié. Ils recourent majoritairement à des fonctionnaires de la santé publique qui sont dans le contexte actuel mobilisés pour la lutte contre le coronavirus.

Zéro intérêt sportif

Pourquoi donc risquer une prolifération des noyaux de contamination alors qu’il n’y a presque aucun intérêt sportif? En effet, dans la majorité des divisions amateurs, les jeux sont quasiment faits et certains clubs ont assuré leur promotion.


Les équipes restantes, se trouvant au milieu du tableau, loin des zones de promotion et de relégation, ne seront pas du tout motivées et se contenteront d’un rôle de figurants, encourageant par conséquent les pratiques antisportives allant complètement à l'encontre de la politique mise en place par la Fédération pour lutter contre la triche et réduisant à néant les efforts fournis ces dernières années.

À lire aussi: Botola: comment se prépare la reprise?

Autre point non négligeable, l’arrêt du trafic aérien, qui n’est pas prêt de reprendre de sitôt, risque d’empêcher certaines équipes de se déplacer tels les clubs des provinces du Sud (Laâyoune et Dakhla). Et même en cas de déconfinement, les déplacements de ville en ville peuvent être limités à un certain kilométrage, comme c’est le cas dans certains pays européens.

Il faut ajouter à cela qu’une bonne partie des joueurs des championnats subsidiaires sont toujours liés aux engagements scolaires et universitaires. Les jeunes des catégories, des centres de formation ainsi que des clubs amateurs seront appelés

pendant les deux prochains mois (juin et juillet) à subir les différents examens de fin d’année. Ainsi, une reprise, qui nécessitera d’abord 5 semaines de préparation et 2 mois de compétition viendra empiéter sur leur période de révision des cours et, au passage, sur les préparatifs et sur la programmation de la saison 2020-2021.

Au final, une reprise des championnats amateur, féminin, juvénile ou de futsal semble inenvisageable et la FRMF devrait annoncer un arrêt définitif et permettre aux clubs de partir pour mieux revenir. Cette décision est déterminante pour la survie de championnats qui sont un vivier pour la Botola.

Par Adil Azeroual
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