Lors d’une longue interview donnée à la chaîne TV égyptienne On Time Sports, Fouzi Lekjaa, président de la Fédération royale marocaine de football (FRMF), s’est montré particulièrement convaincant.
Usant d’un arabe littéraire presque parfait, le patron du foot marocain a évoqué tous les sujets relatifs à la gestion de la FRMF, aux sélections nationales et à sa vision concernant la gouvernance de la CAF. Évidemment, l’épineux sujet, relatif à la fameuse finale de la Champions League africaine, disputée à Casablanca entre le Wydad et Al Ahly, est revenu sur le tapis. Et visiblement la posture sage de Lekjaa a permis de lever toute ambiguïté concernant la position du Maroc. C’est bien l’instance faîtière du football égyptien qui a brillé par son manque de vigilance. Ce sont bien ses dirigeants qui ont pêché par négligence ou ignorance dans ce dossier chaud.
Et les échos venant des puissants médias du pays du Nil sont positifs. Tous ont sacrifié à un exercice de mea culpa, et entamé un autre, plus flatteur, comparant la gouvernance du football marocain à celle de la FEF.
Ces passages télé se déroulent à quelques jours de la 1ère manche de la finale de la Coupe de la CAF opposant la RSB et le Zamalek. En général, c’est un véritable Nil de chauvinisme qui précède ce type de rencontres. Des quotidiens aux magazines, en passant par les multiples chaînes TV, les médias égyptiens ont pour usage d’ouvrir une véritable guerre psychologique, avec pour leitmotiv: la fin justifie les moyens. L’objectif est d’offrir au club concerné, le Zamalek ou Al Ahly, les moyens propices pour remporter son duel face au club marocain. L’attitude est la même à chaque confrontation entre les sélections nationales des mêmes pays.
Mais jamais au grand jamais l’Égypte n’a dépassé ces lignes rouges. La confrontation a toujours été axée exclusivement sur le terrain du sport. Il est peut-être arrivé que les Mido, Shoubeir, Magdy Abdelghani ou encore Khaled El Ghandour soient un brin Borderline, mais ils ont toujours fait preuve de respect envers le Maroc et ses valeurs sacrées.
Le contraste est criant par rapport aux médias à l’est de Zouj Bghal. Depuis le déclenchement du feuilleton de «La carte du Maroc sur le maillot de la RSB», il ne se passe pas un jour sans qu’un flot d’insultes, de calomnies et de faux arguments ne soit déversé sur les plateaux. Comme d’habitude, l’objectif, déclaré ou non, des plumitifs et consultants aux ordres des militaires ou des services, est de chloroformer l’opinion publique locale. Même des figures respectables du football algérien, comme Ali Bencheikh et Mohamed Kaci Saïd, ont été enrôlées dans cette campagne de désinformation.
Les derniers arguments utilisés relèvent de la 5ème dimension. La requête présentée par l’USMA et la FAF devant le Tribunal arbitral du sport (TAS) utilise des justifications abracadabrantes. Selon celle-ci, la RSB utilise une carte avec un territoire appartenant à un «État» membre fondateur de l’Union africaine. Inutile de rentrer dans cette mascarade sur le plan juridique, puisque dans le droit international, les éléments constitutifs d’un État sont un territoire, une population et un gouvernement effectif, éléments dont ne dispose pas l’entité qui a pour capitale Tindouf.
D’ailleurs, la référence en termes de reconnaissance juridique en matière de football relève de la FIFA et de la CAF. Cette dernière avait adopté en 2021 un amendement dans ses statuts, interdisant à toute entité d’adhérer à la CAF si elle ne dispose du statut de membre des Nations unies. Pour rappel, cet amendement avait été voté par le représentant algérien Kheïreddine Zetchi, qui a été par la suite «démissionné» par ses supérieurs hiérarchiques.
Autre argument factice, une jurisprudence douteuse relative à la finale de la Coupe de la CAF 2021 entre la JSK et le Raja. Le club algérien, qui a pour fief Tizi Ouzou, avait souhaité utiliser un maillot avec un flocage en Tifinagh. Le Raja l’avait récusé, car il n’avait pas été utilisé avant les demi-finales. Pour la circonstance, le club casablancais était dans son droit. Le rapprochement avec le cas de la RSB est d’ailleurs bien évident, puisque la formation kabyle n’avait pas fait valider cet uniforme par la CAF au tout début de la compétition.
Nous avons donc affaire à deux postures différentes. Les frères d’Égypte, comme d’ailleurs ceux des Pays du Golfe, respectent le Maroc et ses valeurs sacrées. Alors qu’à Alger, les médias s’en tiennent à des délires ou des élucubrations d’un autre temps. Nous leur rappellerons qu’il n’est jamais trop tard pour rectifier le tir, car pendant que la RSB et le Zamalek en découdront sur le rectangle vert, ils continueront, de leur côté, à délirer à propos d’un match à rejouer entre l’USMA et le club berkani. À nous les réalités concrètes du sport, à eux une vision proche du monde virtuel.