Développer l’estime de soi est une quête permanente pour tous les êtres humains. Ça devrait être un objectif pour les gouvernants également. Une personne qui dispose d’une bonne «estime de soi» a suffisamment d’assurance pour affronter les obstacles de la vie et une capacité de résilience importante pour contribuer à une énergie positive pour l’ensemble de la communauté.
Cette qualité se nourrit des expériences individuelles, des performances professionnelles, artistiques ou sportives, mais aussi à travers l’appropriation des réussites collectives de l’environnement qu’il soit familial ou national. Le Marocain s’est bonifié, dans la lutte collective menée, pour mettre fin aux accords de protectorat. Plus tard en se mobilisant pour la Marche verte, un événement célébré à travers des chansons patriotiques partout y compris dans la sphère privée. Il a gagné en «estime de soi» devant la réalisation de projets d’infrastructures de grande envergure. Barrages, autoroutes, TGV, partenariat et coopération Sud-Sud, déploiement économique régional au niveau des banques, de la RAM, des cimenteries, etc.
Dans le domaine sportif aussi. Tous ceux qui ont voyagé dans des pays proches ou lointains ont pu remarquer le respect qu’inspire le Maroc depuis la performance de l’équipe nationale de football au Qatar. On l’avait vécu en 1984 avec les médailles d’or olympiques de Said Aouita et Nawal El Moutawakel et plus tard avec les records de Hicham El Guerrouj et tant de champions. Le sport a cette faculté de provoquer des émotions positives ou pas chez les supporters. Après la déception de la participation du Maroc à la Coupe d’Afrique des Nations, et les piètres prestations des Lions de l’Atlas lors des deux derniers matchs amicaux, on avait besoin de retrouver de bonnes sensations. C’est le futsal qui va nous les procurer, en plaçant l’équipe nationale à la première place du Tournoi International du Vietnam après d’excellents résultats face à des équipes chevronnées. Ce titre international ne manque pas de panache, le Maroc ayant été représenté par son équipe B. Cela ne l’a pas empêché de battre l’équipe nationale A de la République Islamique d’Iran, pourtant mieux positionnée au classement FIFA. L’Iran est 7ème juste devant le Maroc 8ème. Ce classement étonne probablement, il situe l’équipe nationale à une meilleure place que l’équipe première de football, pourtant auréolée d’une demi-finale de Coupe du Monde. C’est pourtant un classement mérité et justifié historiquement.
Pour en comprendre l’origine, un rappel s’impose. De création relativement récente sur le plan administratif, la pratique du futsal est aussi vieille que le football. Tous les enfants, férus de ce sport, l’ont pratiqué un jour ou l’autre dans la rue, lorsqu’avec un ballon et un terrain vague ou une chaussée abandonnée, on traçait un semblant de terrain avec des limites convenues et une cage délimitée par des pierres, pour jouer des heures et des heures.
Aujourd’hui le Futsal dépend de la Fédération Royale Marocaine de Football et ses lois sont définies par la FIFA. C’est à partir des années 2010 que cette spécialité footballistique s’est vraiment développée au Maroc. Un homme l’a incarnée, Hicham Dguig, avec lequel le Maroc a remporté deux Coupes d’Afrique en 2016 et en 2020, trois Coupes Arabe des Nations en 2021, 2022 et 2023, une Coupe des Confédérations (Afrique-Asie) et a participé à la Coupe du Monde 2021 au cours de laquelle le Maroc a atteint les quarts de finales. Les deux titres continentaux ont un goût particulier pour les Marocains. En 2016, c’est en Afrique du Sud que le Maroc a été couronné, lorsqu’on connait l’incroyable rivalité sportive qui oppose Marocains et Sud-africains, c’est un exploit qui mérite d’être souligné, et c’était face à l’Egypte, le leader incontesté des compétitions africaines si l’on se réfère aux titres continentaux accumulés par l’équipe nationale et les clubs égyptiens. Le deuxième titre, remporté à domicile, à une dimension symbolique de la plus haute importance. La Coupe d’Afrique 2020 s’est en effet déroulée à Laayoune dans la salle Hizam et devant l’Egypte, encore une fois battue, cette fois sur le score sans appel de 5-0.
Cette année, le Maroc est le pays hôte de la 7ème édition de la CAN de Futsal, prévue du 11 au 21 avril 2024 à Rabat. L’équipe se prépare à ce tournoi depuis septembre dernier avec une série de matchs amicaux face à l’Argentine battue 7-0, le Danemark 8-1, la Norvège 5-0, la Lettonie 4-1, la Turquie 5-1 et 9-0, l’Ouzbekistan 6-2 et 2-1. Seuls deux matchs nuls sur un score vierge ont été enregistré face à l’Argentine et la Serbie. Une série dont on peut être fiers.
Le futsal a son public et on peut parier que les salles seront pleines pour supporter l’équipe nationale, applaudir ses exploits et se régaler du spectacle fourni. Une nouvelle occasion de fierté pour les Marocains, on peut l’espérer.
Les vidéos qui circulent sur les réseaux sociaux, notamment la plateforme Youtube, sont un régal pour les amateurs de belles combinaisons, de dribbles dévastateurs et de jeu rapide. Le futsal ne remplace pas le foot, il lui manque quelques ingrédients de bases sur les plans tactiques, techniques et physiques. Il en a toutefois la magie, il suffit de préciser que des joueurs comme Neymar ou Ronaldinho en sont issus pour le comprendre.