Le résultat du match face au Gabon (4-1) est flatteur. Entre les deux sélections, l’écart réel n’était pas de trois buts. A la mi-temps, par exemple, un score de parité n’aurait choqué personne. Le Gabon aurait même pu mener au score.
Mais une victoire est une victoire. Qui plus est, en match officiel. Même si ces éliminatoires pour la CAN 2025 comptent pour du beurre (le Maroc est qualifié d’officie en tant que pays hôte), la victoire reste toujours primordiale.
Walid Regragui a donc mis à profit ce vrai-faux match officiel pour procéder à une première revue d’effectif. La deuxième est pour aujourd’hui, face au Lesotho où des changements auront forcément lieu. Mais l’idée sera la même: donner du temps de jeu à des garçons en manque d’automatismes (les Abqar, El Khannous, peut-être El Ouahdi) et relancer des cadres qui restent sur des mercatos compliqués (Ziyech, Ounahi, Aguerd, Amrabat).
Face au Gabon, nous avons eu droit à un match de reprise, avec des joueurs qui n’ont pas le même niveau de forme physique, avec un capital foncier encore insuffisant. Cela s’est vu sur le terrain. Ziyech, malgré ses deux pénaltys transformés et son ouverture délicieuse qui amène le 3ème but, a joué sur un fauteuil, ou presque. Son volume de course et son pressing ont été faibles.
La remarque vaut aussi pour Amrabat, clairement en phase de reprise. En défense, Aguerd aussi a semblé manquer d’oxygène.
Et si l’animation offensive a globalement tenu la route, avec un Diaz actif (et buteur, pour la première fois, avec les Lions de l’Atlas) et un Ezzalzouli dans tous les bons coups, l’entrejeu et les lignes arrières sont plutôt passés à côté. Et c’est là que l’ampleur de la victoire marocaine semble quelque peu trompeuse.
En défense, Regragui a un problème, voire deux. Le match du Gabon les a exposés au grand jour. Le premier problème s’appelle Abqar, désormais associé à Aguerd dans l’axe. Sa lenteur et son déficit technique le poussent souvent à la faute (c’est lui qui provoque le premier pénalty d’Aubameyang). Abqar n’est pas Saïss, qu’il est pourtant appelé à remplacer. Il n’a pas son sens de l’anticipation et son intelligence de jeu. Et sa complémentarité avec Aguerd ne saute pas aux yeux.
Mais la charnière n’a pas été la seule à flancher. Sur les côtés, Mazraoui et Hakimi ont souffert le martyre face à des joueurs comme Aubameyang ou Bouanga, très forts dans le harcèlement des défenses.
Mazraoui, encore une fois, est paru très loin de son niveau en club. Quant à Hakimi, il est avant tout un latéral (ou piston) droit et pas gauche, et il nous l’a rappelé à sa manière. Donc, tôt ou tard, Regragui devra régler le problème: en sacrifiant Mazraoui ou en innovant tactiquement (faire monter Hakimi d’un cran).
Face au Gabon, les Marocains ont concédé un nombre invraisemblable d’occasions de but, surtout avant la pause. C’est un miracle s’ils n’ont encaissé qu’un but dans ce match. Comment expliquer cette fragilité?
Réponse: les errements de la paire centrale, les retours tardifs des latéraux… et la légèreté du milieu de terrain. A côté d’un Amrabat lourd et en manque de compétition, El Khannous n’a pas rassuré son monde. Si le garçon a une qualité de projection, voire d’explosion, au-dessus de la moyenne, son pressing demeure insuffisant. Sur ce plan, il ne vaut ni Ounahi, ni Amellah.
Face à un adversaire plus relevé, plus physique, le milieu marocain volera facilement en éclat. La solution? Tactique avant tout: faire avancer El Khannous, ce qui revient à sacrifier l’un des joueurs offensifs…
Regragui dispose de plusieurs mois pour apporter tous ces réglages. Le match face au Lesotho n’est que le premier d’une longue série à venir.