Walid et la liste de Schindler

Les images de Harit, évacué sur civière après un gros coup reçu sur le genou, font mal, très mal. Nous parlons là du Lion le plus en forme, le plus en jambes, tant ses dernières prestations, en club comme en sélection, étaient étincelantes. Quel dommage…

Mais la vie continue. Il faut soutenir ce garçon aussi attachant que talentueux et lui souhaiter un prompt rétablissement.

En mettant ce cas douloureux à part, la liste de Regragui ressemble à celle de Schindler, que le cinéma américain a rendue célèbre. Elle montre que le sélectionneur a choisi la voie du consensus. Elle a laissé sur le carreau deux attaquants de qualité: Ryan Mmae, qui a largement contribué à la qualification au Mondial en plantant quatre fois, et surtout Ayoub El Kaâbi, un véritable crève-cœur.

L’ancien avant-centre du Wydad est l’un des meilleurs buteurs de la Süper Lig turque. Mais il n’avait plus marqué en sélection depuis un moment. Pourquoi? Parce qu’il était constamment mal utilisé avec Vahid, en étant associé en pointe avec Youssef En-Nesyri. Ce qui est une totale aberration.

El Kaâbi, Mmae, mais aussi Rahimi, cet éternel oublié qui n’a jamais vraiment eu sa chance en sélection, font les frais du retour de «l’enfant terrible de Safi», Abderrazak Hamdallah. Celui que l’on appelle «le CR7 du Golfe», pour ses stats affolantes dans des championnats de seconde zone, n’avait plus joué (réellement) en sélection depuis 2015. Sept ans loin des Lions!

Ce retour interpelle parce qu’il arrive au moment où le garçon traverse un début de saison compliqué, après avoir été éloigné des terrains pour un bon moment. Surtout, Hamdallah n’a jamais joué avec les joueurs en place, alors quid des automatismes et des réglages collectifs?

Ce qui est certain, c’est que Regragui doit absolument lancer Hamdallah jeudi, face à la Géorgie, pour le dernier match de préparation avant la Croatie. C’est une obligation, pour espérer que le revenant trouve ses repères et que les autres, surtout, apprennent à jouer avec lui. Un petit match amical dans les jambes, cela reste toujours mieux que rien.

Au-delà des consensus et des choix politiques, qui ont toujours fait partie des critères d’une sélection, l’heure est à présent au sportif.

C’est le football qui doit parler, rien d’autre. Regragui a fait ses choix. Dont celui, risqué, de n’emmener que 6 milieux de terrain (auxquels on peut toujours rajouter Boufal, capable d’évoluer dans l’entrejeu selon les schémas mis en place, sans oublier que Saïss peut monter d’un cran pour évoluer au milieu).

Un Belhanda, finalement écarté, n’aurait pas été de trop pour étoffer ce milieu et lui donner une touche technique. Cette même touche technique qui a cruellement manqué aux Lions depuis le Mondial 2018…

Mais passons. Une liste est par définition une série de choix et de parti-pris qui feront forcément des mécontents et des frustrés. Il est inutile de regarder en arrière. Regragui doit à présent affiner ses derniers réglages et trouver, surtout, le bon discours et la bonne attitude pour souder tous les joueurs mis à sa disposition. Faisons confiance au sélectionneur pour travailler ses joueurs «au corps et au mental».

Il y a bien sûr une incertitude qui plane sur certains garçons, qui arrivent blessés ou insuffisamment remis de blessure: cas de Boufal, Aboukhlal et Ounahi. Cela fait partie des risques du jeu, et d’autres sélections sont confrontées aux mêmes doutes à quelques jours du coup d’envoi de ce Qatar 2022.

Bien entendu, la blessure de Harit risque de redistribuer certaines cartes. Il y aura peut-être des repêchés parmi les garçons cités plus haut. Alors croisons les doigts pour Amine, en attendant la suite…